REPUBLIQUE DU MALI
INSTITUT AFRICAIN DE MANAGEMENT
COOPERATION DECENTRALISEE ET
DEVELOPPEMENT DURABLE : CAS DE
LA PREFECTURE DE BANDIAGARA
MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU
Par Néné KASSOGUE
POUR L'OBTENTION DU MASTER 1 DE GESTION
SPECIALITE : DEVELOPPEMENT LOCAL
Directeur de mémoire Dr Ali Moussa
DIALLO Directeur des Etudes à l'ESG
Année 2006-2009
1
DEDICACE
A ma famille, pour lui dire que c'est dans l'unicité
que réside la force et le succès d'une famille, votre
succès à vous, merci pour vos soutiens si constamment
renouvelés qui m'ont permis de comprendre que seul le travail bien fait
est libérateur.
REMERCIEMENTS
Je rends grâce à Dieu ;
Et remercie très sincèrement: La direction de
l'école ;
Tout le corps professoral de l'I.A.M (Institut Africain de
Management) pour la qualité de votre encadrement;
Mon directeur de mémoire, Dr Ali Moussa DIALLO, qui,
malgré ses multiples occupations a accepté de superviser et
encadrer ce travail ;
Les camarades de la promotion 2006-2009 de la filière
"Développement Local" : Sidi Yaya GOITA et Abdoul Salam KEITA ; sans
oublier tous ceux du tronc commun ;
Mon cousin, Dr Salifou TEMBELY, pour ses sages conseils
d'aîné, ayant contribué à la qualité de mon
travail;
Dr Abba Kaba TRAORE, Conseiller électoral (Nations Unies)
pour votre franche collaboration et votre précieuse aide dans la
recherche et la documentation ;
Dr SANGARE Sory Ibrahim, Professeur de DRH à l'I.A.M,
c'est le moment de vous dire merci pour tous les sacrifices consentis ;
Mon amie, Mme Coulibaly Dado DICKO, Directrice
Générale de APTITUDE +, votre soutien et votre apport ont
rehaussé la qualité de mon travail ;
Tous les membres du Rotary Club International et
particulièrement ceux de BAMAKO-AMITIE.
4
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION 1
PARTIE 1 :
COOPERATION DECENTRALISEE & DEVELOPPEMENT DURABLE
.4
CHAPITRE I : HISTOIRE DE LA VILLE 5
CHAPITRE II : DECENTRALISATION : HISTORIQUE
10
CHAPITRE III : COOPERATION DECENTRALISEE : EVOLUTION
& NOUVEAUX ENJEUX 18
CHAPITRE IV : DEVELOPPEMENT DURABLE : NAISSANCE D'UN
CONCEPT NOUVEAU OU INNOVATEUR 22
PARTIE 2 :
MARAICHAGE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE DU TOURISME DANS
LA PREFECTURE DE BANDIAGARA 24
CHAPITRE I : METHODOLOGIE DE L'ETUDE .25
CHAPITRE II : DEROULEMENT DE L'ETUDE TOURISTIQUE &
DONNEES STATISTIQUES ..29
CHAPITRE III : MARAICHAGE DANS LA PREFECTURE DE
BANDIAGARA 42
CHAPITRE IV : OPPORTUNITES POUR LE MARCHE DU
DEVELOPPEMENT DE L'ECHALOTE 55
CHAPITRE V : ANALYSE DE L'ETUDE 66
CONCLUSION GENERALE .69
INTRODUCTION
La coopération décentralisée s'inscrit
aujourd'hui au coeur des défis de notre époque et
revêt une importance capitale pour le développement
durable. Les collectivités locales sont inscrites dans une vision de
portée plus générale : du développement
économique à l'aménagement des
territoires, de la culture à l'aide sociale et humanitaire... il
y a eu un élargissement des champs. Cela touche
aux grands enjeux civilisationnels: la pauvreté, la
santé, l'éducation, les rapports Nord-Sud, le sous-
développement.
Par ailleurs, dans le cadre d'une coopération
décentralisée, le territoire constitue un facteur clé dans
le cadre du développement durable, souvent trop
négligé, mais il doit être
perçu comme un territoire pour l'homme, à
aménager de façon telle qu'il
respecte la culture des populations en s'y enracinant
vraiment. Il ne faut pas qu'il s'en tienne à de
simples aspects traditionnels car il s'agit de
dépasser, pour la viabilité du développement local, les
clivages classiques moderne/traditionnel,
économie/culture, social/ technique, sciences/culture,
endogène/exogène.
Enfin, il s'agit de comprendre où et
quand apparaissent des facteurs de blocage et
pourquoi et comment ceux- ci constituent des noeuds
d'étranglement qui ne permettent point un
développement soutenable et peuvent même aller
jusqu'à générer des
comportements de résistance ou de rejet à sa mise en
oeuvre. Pour l'essentiel, ces coopérations sont des actions d'appuis
financiers, techniques et méthodologiques.
Les projets de coopération décentralisés
contribuent à l'amélioration des conditions de vie des
populations. Les différents appuis doivent déboucher sur des
réalisations simples et visibles, répondant aux besoins
identifiés de la population.
La problématique traitée est de savoir : en quoi
la culture d'oignon et le tourisme peuvent être une source ou un facteur
de développement ? Un des fondements est de faire du tourisme et du
maraîchage, le creuset de ce développement à travers la
coopération.
C'est pourquoi le présent mémoire permet :
- de développer une nouvelle forme de coopération
dans le souci de valoriser les potentialités économiques,
culturelles et touristiques de la collectivité locale ;
- de susciter un dynamisme, dans l'exécution des projets
de développement durable.
L'objet de ce mémoire est d'encourager et de sensibiliser
les populations à une plus grande implication dans les projets de
coopération en tant qu'acteur et non spectateurs.
L'amélioration des conditions de vies de la population
du pays dogon peut se faire sur la base d'un développement durable du
maraîchage qui soutiendra le tourisme, véritable pôle
économique de développement.
Nous avons choisi d'orienter notre réflexion sur le
thème suivant : « Coopération décentralisée et
le développement durable: cas de la Préfecture de
Bandiagara».
L'objectif général de la présente
étude est de contribuer à une amélioration durable des
conditions de vie des populations de Bandiagara dans leur domaine de
coopération avec les partenaires au développement. Comment cette
politique de décentralisation permet-elle d'être un facteur de
cohésion et de creuset du développement local ? Cette question
constitue un des aspects fondamentaux de cette étude sur le
développement économique local et au-delà le
développement au pays.
A cet effet, nous nous sommes assignés comme objectifs
spécifiques :
- de participer à une prise en charge des besoins de la
population garantissant leur survie ;
- de contribuer à l'atteinte de l'autonomie de la
population garantissant leur sécurité et leur stabilité
interne et externe ;
- d'impulser le développement du maraîchage pour
soutenir le tourisme ;
- de traduire le maraîchage et le tourisme en axes de
développement durable.
Pour atteindre ces objectifs, nous avions recensé les
facteurs limitant le développement
durable dans la préfecture de Bandiagara pour faire des
propositions.
Le mémoire s'articulera autour de deux grandes parties
à savoir :
- La première partie « la coopération
décentralisée et le développement durable de Bandiagara
», sera divisée en quatre chapitres. Le premier chapitre parlera de
l'histoire de la ville, le second de l'historique de la
décentralisation, le troisième de la coopération
décentralisée : évolution et nouveaux enjeux et le
quatrième du développement durable : évolution d'un
concept nouveau ou innovateur.
-La seconde partie « le maraîchage pour un
développement durable du tourisme de la Préfecture de
Bandiagara», est scindée en 5 chapitres.
7
Le chapitre 1 présente la méthodologie, le
chapitre 2 le déroulement de l'étude tourisme et données
statistiques, le chapitre 3 le maraîchage dans la préfecture de
Bandiagara, le chapitre 4 les opportunités pour le marché du
développement de l'échalote et le chapitre 5 une analyse de la
dynamique de développement.
Enfin, nous proposerons des solutions pour une
amélioration durable des conditions de vie des populations de Bandiagara
aux acteurs du développement durable et formulerons des recommandations
à l'attention des collectivités locales et de la
société civile.
LA COOPERATION DECENTRALISEE ET LE DEVELOPPEMENT
DURABLE DE BANDIAGARA
PREMIERE PARTIE :
9
Illustration 1 : Carte du pays dogon Source : Wikipédia
a) Aperçu Historique
L'histoire du cercle commence en partie avec celle de la ville
de Bandiagara fondée par Nangabanou TEMBELY1. Par la suite,
le cercle connut de grands évènements historiques intimement
liés à l'histoire nationale. Défaits par les Peulh du
Macina, les
Toucouleurs furent acceptés et vengés par leurs
hôtes Dogon.
Colonisée ensuite en 1893 par les Français sous
la conduite du colonel ARCHINARD, la ville de Bandiagara devint chef-lieu de
circonscription administrative en janvier 1903 tandis que Bandiagara fut
érigé en cercle groupant les actuels cercles de Bankass, Koro,
Douentza et même Ouahigouya du Burkina Faso.
Le Conseil de cercle devient collectivité
décentralisée par la loi N°95/034.
1 La date de la fondation de Bandiagara se situe vers
l'an 1770. Le grand chasseur NANGABANOU YOROBOUGUE TEMBELY du village de
Gandakiléma partit vers cette date à la recherche de sa soeur
SABERY disparue depuis plusieurs hivernages. Nangabanou installa son hangar
à un carrefour de routes reliant la falaise à la zone
inondée et se livra à coeur joie à la chasse. Les
habitants de Doucombo et les nombreux voyageurs qui allaient ou revenaient de
Sagan chargés de sel, profitèrent largement des activités
de Nangabanou. Chez Nangabanou la viande était toujours abondante, de
bonne qualité et bon marché. Pour quelques cauris,
l'éminent chasseur vous donnait le contenu d'une grande écuelle
en bois. En Dogon, grande écuelle se dit « Bagna gara ». Le
lieu finit par s'appeler Bagna Gara qui par déformation devient
Bandiagara.
CHAPITRE I : HISTOIRE DE LA VILLE
Le cercle comprenait jusqu'en 1999, 08 arrondissements. Avec
l'avènement de la décentralisation, le cercle a été
érigé en collectivité décentralisée avec 21
communes dont deux urbaines et 402 villages.
Les communes du cercle sont : Bandiagara(urbaine), Bara Sara,
Borko, Dandoli, Diamnati, Dogani Beré, Doucoumbo, Dourou, Kendé,
Kendié, Lowol Guéou, Métoumou, Ondougou, Pélou,
Pignari, Pignari Bana, Sangha(urbaine), Ségué Iré, Soroly,
Timiri et Wadouba.
Selon les résultats du dernier recensement (RHP-1998),
la population totale du cercle est de 227.580 habitants dont 110.996 hommes et
116.584 femmes. Le taux de croissance y est de 2%.
La population du cercle est majoritairement composée de
Dogon agriculteurs et éleveurs. On y rencontre aussi des Peulh
éleveurs, des Soninké, Bambara, Bobo, etc.
L'économie du cercle est essentiellement basée
sur l'agriculture avec comme principales spéculations le mil, le sorgho,
le riz, l'arachide, le wandzou, le fonio, le sésame. Le maraîchage
excelle avec la culture de l'échalote.
b) Patrimoine culturel: L'architecture
traditionnelle
b.1 Les constructions toloyou
prétellem:
Les fouilles pratiquées sur le rebord de la Falaise de
Bandiagara, à la hauteur de Sangha, par l'Université d'Utrecht
(Pays Bas) ont permis de mettre en évidence plusieurs périodes
d'occupation distinctes (Bedaux et Lange 1983 ; Bedaux 1991 ; Bedaux et
Raimbault 1993).
La plus ancienne phase est baptisée «toloy»
du nom du couloir où furent découverts pour la première
fois les vestiges de cette culture. Les datations obtenues à ce jour la
situent entre le 3ième et le 2ième siècle av. J.C.
Les greniers construits dans les failles de rocher par les
populations qui ont habité la région ont été
préservés jusqu'à nos jours.
b.2 Les constructions tellem
:
Nous réservons ici l'appellation de culture tellem aux
premières populations remplaçant les toloy. L'origine de ces
Tellem est actuellement inconnue.
Comme pour de nombreux peuples de cette région, ils
sont dits être « originaires du Mandé » (Dieterlen 1967,
35), racines relevant probablement du mythe seul.
Les habitants des populations tellem sont mal connus. Leur
présence est signalée par un ensemble d'abris sous roche
utilisés comme sépultures collectives ou lieux de culte. Ceux-ci
sont construits en briques séchées aux profils losangiques,
modelées à la main, disposées en rang selon un agencement
alternativement oblique et horizontal.
« Les constructions tellem ne peuvent pas être des
habitations, du fait de leur taille extrêmement réduite,
même pour des pygmées.»
b.3 L'architecture dogon : La fondation des
villages :
Les traditions permettent de décrire le scénario
de dispersion des Dogon à partir de Kani-Na (sud des falaises), point
d'arrivée de leur migration.
L'architecture vernaculaire dogon est à l'origine
composée de quatre éléments essentiels: le toguna
(hangar), la gin `na (maison patrilocale indivisible), la forge et la yapunon
ginè (case des femmes pendant leur période de menstruation).
A ceux-ci s'ajoutent d'autres bâtisses également
importantes telles les maisons de Hogon 2 (ogoginè), les
autels et sanctuaires de famille, de village ou de clan (pegu, ommolo, binu,
Ama ...), etc.
Ces différentes constructions sont essentiellement en
terre même si dans plusieurs régions leurs soubassements sont en
pierre.
L'architecture des gin'na et d'autres constructions en terre
(greniers notamment) sur le plateau et dans les falaises est impressionnante du
fait qu'elle est faite de terre et dans des formes remarquables.
L'organisation de l'espace habité des gin'na permet
d'affirmer que ces maisons ont été des «sphères de
transmission du patrimoine », parce que tous les membres du groupe
familial restent liés à la gin'na en ce qui concerne leur vie
sociale, économique et culturelle.
2 Le Hogon est le plus vieil homme du village... ou
désigné comme tel, vu les incertitudes de l'Etat-civil. Il habite
dans une maison spécifique qui lui est réservée. Il
devient un chef religieux : c'est d'abord le prêtre du
Lébé, le Serpent,
qui se rend chez lui la nuit, et lui lèche le corps pour
lui redonner la force de vivre, la force de la parole. C'est pourquoi le Hogon
ne doit pas se laver. Il est au dessus de tous les autres, une sorte de
roi-prêtre des Dogons.
Il a de très lourdes responsabilités :
prospérité du territoire dogon, protection contre les
épidémies, expansion des naissances
Dans cette optique les travaux d'entretien courants de
l'édifice mobilisent en principe tous les membres de la gin `na. Ils ont
permis jusque-là la conservation des gin `na et leurs styles
architecturaux classiques.
Parmi les édifices rituels en pays dogon, il faut citer
le Temple du Hogon d'Arou3 qui est un sanctuaire tout à fait
imposant à cause de son style architectural monumental et de sa fonction
sociale et rituelle pour beaucoup de dogon. Son entretien est annuel (au mois
de mai ou de juin) et mobilise tous les descendants du clan Arou, au cours
d'une fête rituelle dénommée « Bulo » ou «
Butu » (Fête des semailles). Au cours de cette fête qui dure
trois jours au moins, l'édifice est réparé et
crépis à l'argile ; les représentations symboliques sont
reprises et tous les sacrifices rituels effectués sur les
différents binu à Arou.
b.4 Le patrimoine naturel :
D'un point de vue géomorphologique, le pays dogon est
un territoire assez vaste composé de quatre éléments
essentiels le plateau, les falaises, la plaine du Séno-Gondo et une zone
de dunes.
Les sites et monuments naturels sont constitués par des
grottes pittoresques, les abri-sous roche, des bosquets et des points d'eau
tels les mares sacrées.
Tous ces éléments jouent un rôle important
dans la composition de l'habitat et de l'habitation dogon, l'intégration
entre patrimoine culturel et patrimoine naturel en pays dogon est très
harmonieuse ; pour cette raison la préservation de l'un peut
déterminer celle de l'autre.
C'est le lieu de rappeler que Bandiagara est le pôle
touristique le plus connu et le plus prisé du Mali, son site est
classé « Patrimoine national du MALI » et « Patrimoine
mondial par l'UNESCO » en raison de la richesse et de la qualité de
ces patrimoines cités plus haut.
En plus, les dogons constituent un peuple-type, qui, en Afrique
Noire, a le mieux conservé son homogénéité, ses
moeurs et coutumes particulières et ses croyances séculaires.
3 C'est le représentant du dieu Amma et
responsable de la prospérité et du maintien de l'ordre sur
terre
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