Chapitre 2 : Revue de littérature
Le Mali a fait l'objet d'une importante littérature
portant sur des sujets économiques variés, ayant trait notamment
à la présence de commerçants chinois dans le pays et les
pertes subies par les commerçants maliens, le rôle du capital
humain dans la stratégie d'industrialisation du Mali. Des modèles
d'équilibre général calculable ont également
été utilisés pour mesurer, l'impact de changements
à venir comme les accords de partenariat économique APE (Nouve,
2008); et les conséquences des subventions européennes et
américaines sur l'économie malienne Boccanfuso et Savard, (2007),
Traore (2010). Il est illustré à travers ses différents
travaux que le retrait des subventions américaines sur le prix mondial
du coton, aurait un impact positif sur le produit intérieur brut du
pays, ainsi que le revenu du gouvernement et des ménages.
Le Mali, peut aussi compter sur ses investissements pour
lutter contre la pauvreté, mais comme le montre une nouvelle fois, les
travaux menés par Estache, et al. (2009), cela est encore une fois
assujettit à certaines conditions et principalement au type
d'investissement réalisé. Il faut stipuler à ce niveau,
que durant les premières années de développement des
biocarburants, seuls les investissements et la recherche et
développement sont pertinents pour expliquer l'évolution de ce
secteur. Boccanfuso et al. (2009) analyse également l'impact de la
réforme du secteur de l'électricité au Mali sur la
pauvreté et les inégalités.
Tous ces travaux ont pour principal objectif de doter le pays
d'instruments lui permettant de lutter efficacement contre la pauvreté.
En parallèle, les économistes du pays travaillent à
proposer des stratégies de développement pour accroitre
l'activité économique et la politique
énergétique ambitieuse, dont les biocarburants et
le jatropha en particulier font partie de ces stratégies de
développement.
A. Les biocarburants dans le monde et dans les pays en
voie de développement
De nombreux auteurs se sont intéressés à
l'impact des biocarburants en général, et leurs effets sur la
sécurité alimentaire de nombreux pays et aux critères
concourant aux choix de ceux-ci. Ewing et Msangi (2009) mènent une
étude sur la question concernant la soutenabilité ou
durabilité de développer des biocarburants dans des pays en proie
à l'insécurité alimentaire, avec l'effet que pourraient
avoir ces productions sur la hausse des produits de première
nécessité. Pour répondre à cette question, les
auteurs déterminent des éléments clés comme la
dépendance à l'importation pour assurer ses besoins en
matière d'énergie, les demandes pour le produit, la
disponibilité des terres agricoles, et le temps de travail productif des
femmes, qui permettraient à la fois d'améliorer le
bien-être des populations et leurs pouvoirs d'achat. Autant d'arguments
qui justifieraient la promotion de la production de biocarburants.
De plus, selon Schmidhuber et Tobiello (2007), les prix
liés aux produits pétroliers restent élevés, la
dépendance entre les marchés alimentaires et
énergétiques n'en sera que plus étroite. Les auteurs
concluent que malgré le risque que les biocarburants puissent faire
peser sur les prix des produits de première nécessité, ces
productions sont nécessaires, car elles permettent une création
d'emplois et offrent une option dans le choix d'énergie à
consommer.
Si les cultivateurs de surcroit s'organisent en
coopérative ou agence nationale dont le mandat sera d'organiser la
production, le marketing et les réseaux de distribution, l'effet
attendu
ne peut être qu'une amélioration des
opportunités d'affaires (Arndt et al. 2008). Ce qui viendrait justifier
la création de l'ANADEB.
Hill et al. (2006) analysent cependant les coûts
liés à mise en place des biocarburants et arrivent à la
détermination de quatre critères permettant de les distinguer
entre eux :
-i) le gain en énergie net engendré
-ii) la compétitivité économique de la
production
-iii) les bénéfices procurés à
l'environnement
-iv) capacité de reproduction en grande quantité,
ceci sans affecter l'offre alimentaire
Ces critères devant permettre au final de
hiérarchiser les biocarburants entre eux, critères que semble
satisfaire le Mali. Les biocarburants produisent donc bien des
externalités négatives (risque sur la production de produits
vivriers, occupation des sols), mais les avantages attendus de ceux-ci,
semblent justifier le recours aux biocarburants.
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