Les difficultés d'ordre matériel
sont variées. La plupart des Etats
membres de la Communauté sont des pays pauvres,
disposant de faibles moyens matériels et financiers. Certains par
contre, tels que, le Sénégal, la Côte d'ivoire (avant la
crise politique de 2001) ou encore le Ghana28 pouvaient d'une
certaine manière `'gérer» les conséquences de la
`'libre circulation» des biens et des personnes prônée par la
CEDEAO.
Les Etats qui ont opté pour cette `'libre
circulation», ne disposent en réalité pas tous, d'autres
moyens de maîtrise des flux et échanges et ne sont pratiquement
pas en mesure de garantir la sécurité transfrontalière
dans les zones frontalières et en leur sein. Les frontières de
ces Etats ne respectent toujours pas les normes internationales de
sécurité. La plupart de celles-ci ne sont pas dotées de
moyens de surveillance moderne et/ou à distance tels que les
caméras, les radars, les microphones... Il est donc difficile pour les
agents chargés du contrôle des frontières de rester en
contact avec ceux qui effectuent les contrôles le long des circuits
routiers. Le déplacement de ces agents se fait parfois nécessaire
favorisant la circulation d'autres éléments indésirables
le temps que durera la `'nouvelle mission» des agents. Ces
28 Les contrôles effectués au niveau des
frontières ghanéennes se trouvent être les meilleurs dans
les périmètres Bénin-
Togo-Ghana-Niger-Burkina-Faso..Contrairement à ceux
observés au niveau des frontières béninoises et togolaises
par exemple, les contrôles effectués par les agents
ghanéens vont du contrôle des documents administratifs au contact
visuel aussi bien par rapport aux humains que par rapport aux véhicules
ou aux marchandises. Cet état de chose dénote de la
volonté de ce pays à avoir la maîtrise des
différents flux et éviter un tant soit peu les échanges
illicites.
difficultés constituent une aubaine pour les trafiquants
qui circulent en toute quiétude en compagnie des enfants.
Il est presque impossible pour les Etats de maîtriser
l'immigration clandestine et surtout le trafic illicite des enfants.
Au Bénin par exemple, les moyens dont dispose la BPM
ne lui permettent pas de réaliser ses objectifs29 pourtant
bien définis. Elle n'est pas en mesure d'effectuer des contrôles
réguliers afin de déceler et arrêter un processus de trafic
illicite d'enfants. Ainsi, pour le compte de l'année 2005, pour environ
trois mille (3000)30 enfants trafiqués, seulement cent
quatre-vingt dix-huit (198)31 ont été
récupérés. Le Projet de lutte contre le trafic des enfants
au Bénin initié par le Ministère de l'Intérieur,
entre 2003 et 2004, faisait état de ce qu'il était
nécessaire de réhabiliter la Brigade de Protection des Mineurs.
Selon ce rapport, il fallait doter la structure de matériels
informatiques et roulants. Il était également prévu une
série de formation à l'attention des cadres techniques oeuvrant
dans le processus de lutte contre la traite des enfants. Pour cause jusqu'en
2002, la BPM ne disposait que d'un seul véhicule qui lui a
été offert par l'UNICEF32. Les recommandations
dudit projet font ressortir le manque de moyens cruel observé à
la BPM. « Le problème de la BPM est une question de manque de
moyens en personnel, en moyens matériels et roulants. De part le
Bénin, la structure dispose d'à peine trois (3) agents par
département.33 »
29 Les objectifs de la BPM sont définis au
Chapitre premier, Section première, Paragraphe 2, A.
30 Source : Estimations faites par l'UNICEF.
31 Source : la BPM
32 OUSMANE Alédji : « le travail des
enfants en droit positif béninois », Mémoire de
Maîtrise en Sciences Juridiques, UAC ; 2001-2002.
33 Entretien avec le Dr Rita-Félicité
SODJIEDO HOUNTON, Présidente de l'Association Béninoise
d'Assistance à l'Enfance et à la Famille (ABAEF).