Depuis leurs indépendances, les Etats
Africains, mus par la volonté de
coopérer et convaincus de ce que le
développement ne saurait être amorcé en vase clos, ont
décidé de la création d'institutions capables de les
réunir et de constituer un creuset de réflexions pour un
développement `'commun». C'est ainsi que sont nées plusieurs
institutions dont la CEDEAO en Afrique de
l'Ouest. Dans un cadre général, les Etats
membres24 de l'organisation naissante ont constitué le
débat autour de l'autosuffisance collective et de l'intégration
à travers un marché unique articulé autour d'une union
économique et monétaire. L'étroitesse des marchés
intérieurs qui n'offrent pas de grandes perspectives aux Etats membres
et l'existence de grands blocs commerciaux sur les autres continents ont
motivé la volonté des Etats à coopérer. En signant
donc le traité instituant la CEDEAO à Lagos le 28 mai 1975, les
Etats optaient entre autres pour la construction d'un marché ouest
africain et pour la garantie de la sécurité au niveau des
frontières et à l'intérieur des Etats. L'adhésion
des membres à la Communauté supposait également,
l'acceptation des principes fondamentaux tels que l'égalité, la
solidarité, la coopération, la non-agression, la promotion et le
maintien de la paix, la promotion et la protection des droits de
l'homme et des peuples, la libre circulation des biens et des personnes...
C'est d'ailleurs en réponse au principe de la libre
circulation des biens et des personnes qu'ont été
institués des mécanismes tel que le Tarif Extérieur Commun
(TEC)25.
Ces mécanismes et principes sont en
réalité -et beaucoup plus en théorie qu'en pratique- des
instruments de développement des Etats de la zone CEDEAO. Le principe
prône la suppression des barrières `'douanières». Les
ressortissants des pays membres de la communauté sont autorisés
à circuler `'librement» dans l'espace ouest africain et à y
mener des activités `'économiques» et `'commerciales».
Le Protocole sur la Libre circulation des biens et des personnes a
été signé en 1978. Entre autres
réalisations, on note donc : la suppression des visas pour les
ressortissants des Etats membres et
24 Avec le retrait de la Mauritanie en 2000, les
Etats membres de la CEDEAO sont désormais au nombre de quinze (15) :
Bénin, Burkina-Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée Equatoriale, Guinée Bissau, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Léone, Togo.
25 Le TEC a été très tôt
mis à mal du fait que : d'une part, au sein des Etats étaient
sont apparus des postes parallèles, en
dehors des traditionnels
postes de contrôle. Ces postes constituent de véritables
pôles de corruption. D'autre part, le TEC
ne semble profiter qu'aux pays côtiers, ceux-ci
étant dotés de ports (par exemple). Ils bénéficient
de revenus issus de
plusieurs services dont l'enlèvement et le chargement de
marchandises. Les pays enclavés sont donc défavorisés
par
rapport à ce système. Or, comme nous le savons, en
adhérant aux principes d'une communauté ou d'une union, chaque
Etat ne cherche qu'à préserver et défendre ses
intérets.
Contribution à la lutte contre la traite
transfrontalière des enfants en Afrique de l'Ouest ( V0 (
l'établissement des passeports CEDEAO. Dans la
même approche, les barrières douanières sont
progressivement levées sur certains produits pour favoriser les
échanges commerciaux.
Chacun des Etats membres, en adhérant à ces
principes, prenait l'engagement de mettre ses frontières à
disposition afin de favoriser notamment cette libre circulation. Accepter ce
principe était en quelque sorte aliéner le pouvoir de
contrôle exclusif dont disposait l'Etat en tant que seul maître de
son territoire et donc de ses frontières. Le principe vient donc poser
le problème de la gestion des frontières par les Etats au sein de
la CEDEAO.
En réalité, l'on pourrait dire que le principe
de la libre circulation des biens et des personnes a été mal
appréhendé aussi bien par les Etats que par les populations. En
effet, on est en mesure de dire que certains Etats se sont démis de la
responsabilité de `'gérer» efficacement leurs
frontières. Au niveau des populations, le principe semble être mal
compris. Ainsi, elles ont trouvé anormaux les contrôles
effectués sur leur personne au niveau des postes frontaliers. Elles ont
également profité du canal pour développer les trafics
illicites telle la traite des enfants.
Plusieurs problèmes se sont alors posés suite
à l'adoption du principe. La perméabilité des
frontières favorise l'insécurité au niveau des zones
frontalières et à l'intérieur des Etats. Elle promeut la
circulation des armes et de stupéfiants. Du point de vue sanitaire, le
risque de circulation de maladies fortement transmissibles comme le
VIH/SIDA26 est devenu élevé. La
traite des enfants connaît depuis lors un essor
considérable27. La plupart des Etats ne semblent plus
maîtriser les trafics et les flux migratoires.
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d'importantes campagnes de sensibilisation sont engagées. (
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On est alors tenté de dire que la CEDEAO en
prônant ce principe n'a que pour objectif la promotion des
activités économiques et commerciales. Elle n'a pas, à
proprement parler, tenu compte du fait qu'il pourrait être favorable
à d'autres pratiques dépourvues de légalité.
Normalement, l'institution d'un tel principe nécessite au
préalable la disponibilité de moyens matériels et
financiers aussi bien au sein de la Communauté qu'au sein de chaque
Etat.