5.2 De la communication à l'éducation :
fondement de tout changement de comportement
« L'homme n'est homme que par un effort constant de
socialisation et la vie sociale n'est possible que par une codification des
conduites à partir des modèles sociaux qui modifient, en les
inhibant, nos pulsions archaïques. Toute notre éducation se
passe à résoudre le conflit entre notre nature, comprise comme
l'ensemble dynamique de nos pulsions ataviques, et la culture, qui fonde la
vie collective»
(J-P CHARRIER, L'inconscient et la psychanalyse)
Face à ces différents points
sus-évoqués, quelles formes de communication et/ou d'approches
éducatives pouvant mener les fonctionnaires à un changement de
comportement durable, tout en étant conscient que «
l'éducation est essentiellement un processus social»?
(Dewey, cité par J. Life et G. Rustin in Philosophie de
l'éducation, p.199).
5.2.1 Cadre théorique
Dans un cas général, l'homme a tendance à
attribuer son échec à autrui. On essaie toujours de chercher un
responsable de notre misère, de notre inefficacité, de notre
pauvreté, de notre incompétence, de notre malheur, ou de notre
sanction, etc. Si, dans l'enseignement, on dit souvent « qu'il n'y a
jamais de mauvais élèves, il n'y a que de mauvais maître
», la situation est totalement différente, lorsqu'on parle de
la gestion publique et de la politique, car « chaque peuple a un
gouvernement qu'il mérite ». L'accession des dirigeants au
pouvoir est une responsabilité des citoyens. En d'autre terme, il
n'y a jamais de mauvais dirigeants, il n'y a que des citoyens inconscients et
irresponsables. Donc, la persistance du soi-disant système pourri
et corrompu qui règne et influe sur la gestion publique malgache dans
son ensemble est due en une et en grande partie par les citoyens
eux-mêmes. On se laisse dominer par le système,
sans se préoccuper de ses impacts dans l'avenir et le
développement du pays. Aussi, « on est alors conduit à
demander à l'éducation de former des citoyens capables de
s'informer, de suivre intelligemment les questions sociales et la politique, de
réfléchir et de juger correctement. Ce qui importe des exigences
morales: la formation de véritables consciences de citoyens ...
» (J. Life et G. Rustin, Philosophie de l'éducation ; p.131).
L'éducation n'a pas de sens, si elle n'a pas d'impact sur la
société ; elle est destinée à forger la
personnalité de l'homme qui lui-même n'aura d'autre champ
d'application qu'en société. Partant de ces principes,
l'éducation au sein de l'administration et de la gestion publique a en
premier lieu, une mission axée sur le développement d'une
conscience citoyenne. Mais, ceci n'est que le début de la
première phase de l'éducation. Etre conscient ne suffit pas,
être motivé est une autre étape à franchir.
Développer la motivation citoyenne est une étape
inévitable dans tout processus visant un changement d'une
société et/ou d'une pratique, car l'implication et la
participation effective de tous en dépendent.
a. Le développement de consciences
citoyennes
Notre façon de voir la société reste
encore très bornée. On se limite sur la famille. C'est ainsi que
notre action ne vise que le quotidien, le foyer et les besoins familiaux.
Certes, la famille est la première image d'une société ;
mais il faut se rendre compte qu'en fait, elle n'est qu'un
élément qui compose la société, comme l'entreprise,
les associations etc. « Le développement (...) ne se
décrète pas, il se construit en commun...Une large concertation
permet une bonne connaissance des besoins avant de discuter de moyens aptes
à les satisfaire.22 » De toutes les
manières, « le changement, pour être effectif, doit
toujours venir de l'intérieur, il est endogène. On ne change pas
une Société, on accompagne un changement
23». Ici, le changement (conscientisation) consiste
à accompagner les citoyens de ne pas se focaliser au sein de la famille,
mais au niveau de la communauté, de la région, de la province et
de la nation toute entière. En fait, la persistance du système
sur
22 J-M Simon in Les nouveaux utopistes du
développement durable (ouvrage collectif), p.59-60
23 Harison Rakotozafy, Développement :
Pratiques et projets sociaux. Cours du Module 6 du MSFD ENS/UF, p.6
lequel on vit actuellement n'est autre que l'effet de cette
délimitation de notre vision de société. Comment faire
pour transformer cette vision à une pensée un peu plus large ? La
réponse à cette question constitue l'objet du présent
paragraphe. On a souvent tendance à ne pas penser qu'à « Moi
» et/ou à « ma...», sans pourtant se préoccuper de
« nous » et/ou de « notre (pays)... ». Cependant, l'homme
devra être conscient que l'impact du problème de la
société revient à la famille et à l'individu.
Ainsi, par exemple, la crise politique que traverse notre pays, en 2009, a fait
faillite certaines entreprises (61 entreprises fermées, 109
deviennent non fonctionnelles, à raison de chômage technique et 36
000 personnes se trouvent au chômage, selon le rapport du
Ministère de l'Economie24) qui à leur tour se
voient obliger de licencier ces employés; et par voie de
conséquence, de nombreux pères de famille se trouvent au
chômage et que leurs enfants ne pourraient plus fréquenter
l'école. La mauvaise gestion des matériels en service
réduit le taux d'amortissement des matériels, et augmente par la
suite les dépenses publiques, notamment, en matière d'importation
qui influe sur la balance commerciale du pays, la dévaluation
monétaire et l'accroissement du coût de la vie, etc. Le souci des
fonctionnaires est connu : une fois destitué, limogé, ou
affecté, ce sont « ma femme et mes enfants» qui subissent les
conséquences, mais non pas la société et le pays!
Aussi, toute communication visant à conscientiser les
citoyens, plus particulièrement les fonctionnaires et agents de l'Etat,
se fonde sur l'impact du système au niveau familial, au niveau
professionnel et ses interdépendances. A titre d'exemple, un directeur
de l'économie et des finances de la commune urbaine de Toamasina a
écroué en 2007, après exécution de l'ordre de son
supérieur hiérarchique (maire). Non seulement, ce système
l'a arraché de son travail, mais, l'a emprisonné, et aussi, a
fait subir à sa famille de sacrifices supplémentaires. Alors que
cette situation pouvait être inévitable, par un simple respect de
règles en vigueur, tout en sachant que, son refus pourrait, aussi,
entraîner une destitution...
24 Informations publiées par «
taratra mobile » en date du 06 février
2012
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