La culture du sésame est perçue de nos jours,
comme une filière porteuse comme en atteste quelques études de
cas dans différent pays.
Au Sénégal, la filière
sésame emploie 13000 personnes (12000 producteurs, collecteurs,
commerçants, transporteurs, transformateurs, grossistes, exportateurs).
Elle a généré 711 millions FCFA au cours de la campagne de
2006. L'Etat s'est alors résolu à encourager la production. Ainsi
en partenariat avec des investisseurs Chinois il décide d'investir 40
milliards FCFA chaque année sur cinq ans pour porter la production
à 150 000 t d'ici 2013. La culture du sésame améliore le
pouvoir d'achat, la qualité de l'alimentation dans le monde rural
sénégalais et gambien (DIOUF M., 2006). Le sésame assure
une part importante des revenus des femmes rurales qui le cultivent. L'huile
est vendue à 825 FCFA le litre et les graines à 247,5 FCFA le
kilogramme. Un revenu que ne procure pas l'arachide, cette culture de rente
tombée en disgrâce et dont le prix du kilogramme est de 165 FCFA.
Galvanisées par le succès du sésame conventionnel,
certaines productrices voudraient se lancer dans le sésame biologique.
Mais les hommes qui contrôlent les terres fertiles les en empêchent
(SECK M. ,1999; NDIAYE O., 2008; NUGAWELA P., 2008).
Le Burkina Faso est le premier producteur
mondial de sésame biologique. Les devises générées
par la culture du sésame contribuent indirectement à solder les
dettes contractées par les producteurs du coton. En effet dans les zones
cotonnières, certains producteurs de coton produisent aussi du
sésame biologique. C'est ainsi que les ristournes versées aux
producteurs de sésame financent les déplacements des responsables
du syndicat des producteurs de coton pour négocier le
rééchelonnement de la dette de la société
cotonnière. On note une amélioration sensible
du niveau de vie des producteurs du sésame biologique par rapport
à ceux qui n'en cultivent pas. L'achat du sésame à un prix
rémunérateur est garanti par la société Tropex. Les
producteurs du sésame sont encadrés par les agents de la
société Tropex.
Le marché international est très incitatif,
(OUATTARA S., 1995). Entre 2002 et 2005, le sésame a constitué le
deuxième produit agricole d'exportation en valeur du Burkina Faso
après le coton, en rapportant annuellement 5 milliards FCFA en moyenne
(PDA., (op. cit.)). Le Conseil des Oléagineux du Burkina (COB)
en 2000, a contribué au développement économique de la
filière des oléagineux en général et du
sésame en particulier. Il se fixe comme mission de préparer les
activités de relance des activités de la filière
sésame, de favoriser la concertation entre acteurs, d'assurer la
professionnalisation de ses membres, de gérer les outils de
développement de la filière et enfin de collecter et traiter les
informations de tout type au service de ses membres. La rusticité du
sésame permet de le cultiver sans investissement préalable
important. Il est donc à la portée de toutes les bourses
paysannes. Par ailleurs, le produit commercialisé est diversifié.
Tout cela conforte la position du sésame parmi les oléagineux
tropicaux. La tonne de sésame se négociait à 1050 $ US en
1999, l'huile du tournesol à 505, l'arachide à 480 (LEPLAT G.,
1999). La filière sésame permet à toute une partie de la
population de travailler, alors que le chômage touche une part importante
de la population urbaine de Bobo-Dioulasso. Cette situation, profite notamment
aux femmes, majoritaires dans le commerce des produits vivriers. En se
procurant un revenu financier, celles-ci accèdent à une certaine
forme d'autonomie, élément qui entre en considération dans
la lutte pour l'amélioration des conditions de vie de la femme. Cet
apport financier leur permet de satisfaire certains de leurs besoins personnels
ou d'autres liées à l'éducation des enfants. Suite
à un solide encadrement de la société Tropex aux
producteurs, 9000 paysannes et paysans Burkinabè produisent
régulièrement dans une centaine de villages plus de 2000 t de
sésame biologique. Ce qui leur procure des revenus susceptibles
d'améliorer les conditions de vie de la femme rurale au Burkina Faso
(DADJO C. H., 2000).
Au Niger, le sésame est la
deuxième culture oléagineuse en terme de superficie
cultivée et de tonnage produit. Il occupe la seconde place des cultures
de rente après l'arachide et devant le coton. De 1996 à 1998, la
part du sésame dans le tonnage des produits de rente est passée
de 4,6% à 12,6% (HABIBOU I., (op. cit.)). La culture du
sésame joue un rôle prépondérant dans le
département d'Aguié. A titre d'exemple, un producteur qui cultive
3 ha en culture pure, récolte 15 sacs de 100kg de sésame, vend
à 450 000 FCFA si la tine coûte 500 FCFA. Après le compte
sur les dépenses effectuées dans l'entretien du champ, la
marge
bénéficiaire se chiffre à 392 000 FCFA.
Le gouvernement nigérien a fait de la relance de la culture du
sésame l'une des priorités dans la promotion des cultures de
rente. L'exportation du sésame a été organisée
dès 1995 et une année après, la production
s'élevait à 29 753 t sur 182 585 ha. Le Niger se hissait au
deuxième rang des producteurs ouest africains, après le Nigeria,
(FAO et al., 1995).
Au Mali, la production tourne autour de 8
000 t annuelles alors que le pays peut produire plus de 50 000 tonnes.
L'Association Malienne des Exportateurs de Sésame (AMRES) invite les
autorités Maliennes à mener une véritable politique de
promotion de la filière sésame car elle est très
porteuse.