V111.3.3- LES SUGGESTIONS
Dans le projet MAG (1990), FRIPPIAT a rappelé à
la fin de son discours : « on tient les petits agriculteurs pour
responsables de destruction de l'environnement, comme s'ils pouvaient choisir
entre plusieurs ressources pour assurer leur existence. Le fait est qu'ils
n'ont pas le choix. Quant il s'agit de survivre, on a tendance à se
soucier plus des besoins immédiats que de l'avenir de l'environnement.
C'est la pauvreté et non les pauvres qui est responsable de la
destruction des ressources naturelles » (extrait du rapport de la
Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement). L'usage de
la nature pour survivre est une cause juste. Cependant, sa surexploitation dans
le but de s'enrichir est un massacre qu'il faut à tout prix
dénoncer. En ce sens, la corruption, le favoritisme et
l'enrichissement illicite doivent être éradiqués pour
combattre la pauvreté.
VIII.3.3.1- Lutte contre la pauvreté
La pauvreté et la dégradation de l'environnement
sont un cercle vicieux. L'exploitation abusive de la nature s'accompagne d'un
spiral de pauvreté car l'aggravation de sa destruction est suivie d'une
chute de l'amélioration de la vie quotidienne.
- Reformes agraires
Pour lutter contre la pauvreté afin de réduire
les pressions sur la flore, les paysans doivent bénéficier d'un
fond d'appui pour l'agriculture. Procéder à l'aménagement
du bassin-versant et de fortes pentes par la restauration de la couverture
végétale est obligatoire. L'intérêt est de maintenir
une bonne fertilité des sols et protéger les terres agricoles.
Dans la plaine, il faut envisager la construction des digues pour
protéger les exploitations exposées aux inondations, en
particulier à Maromiandra. Puisque l'agriculture de la plaine est
basée sur l'irrigation, il est utile d'envisager une construction de
bassin hydroagricole en amont du Fiherenana pour alimenter les cultures en
période de sécheresse. Des études peuvent être
menées sur les possibilités de construire des barrages
souterrains. Ces barrages peuvent servir à surélever le niveau de
la nappe aquifère s'écoulant sous le lit du fleuve. La
surélévation de la nappe peut apporter l'humidité
nécessaire à la couche végétale et procurer l'eau
nécessaire aux cultures. Pour rationaliser l'agriculture, il est
nécessaire d'encourager les paysans à augmenter la durée
de la jachère et à utiliser les composts tout en leur montrant
les avantages. Il sera aussi souhaitable de leur apprendre les cultures qui
peuvent être associées pour limiter les pertes dues aux maladies
et aux parasites.
Ces propositions auront comme avantage l'augmentation des
rendements agricoles sur des espaces restreints et la diminution du taux de
défrichement.
- Accès à l'eau potable
L'eau est un bien économique (agriculture,
élevage,...) et social (aliment et hygiène). Pour
pérenniser son cycle, il faut passer par la préservation et la
conservation de la flore. Pour cela, il est important d'augmenter le nombre de
puits (à l'intérieur des villages et ses environs),
d'aménager et de gérer les points d'eau. L'objectif est de
sécuriser l'approvisionnement en eau potable des villageois et assurer
l'abreuvoir. Cela contribuera à réduire les pressions sur la
végétation environnante des points d'eau. La facilité
à l'accès à l'eau potable permettra à un habitant
de conserver son énergie et de consacrer son temps pour d'autres
activités productives.
- Réduire la pression
démographique
Trois points sont à prendre en considération
pour résoudre le problème de la démographie. Les
autorités locales doivent convaincre les populations que l'explosion
démographique sans croissance économique est synonyme de
pauvreté. Elles doivent être plus informées sur les
méthodes contraceptives. Il est aussi nécessaire de créer
un système de contrôle des migrations dans chaque « fokontany
» afin d'empêcher les installations illicites. Ainsi, nous pouvons
réduire les agressions contre la nature.
- Accès à la santé
Dans un discours tenu en 2006, le président malgache a
insisté : << la santé est toute, tout est rien sans la
santé et seul un peuple en bonne santé peut travailler
». Pour qu'il y ait développement, les autorités
doivent faire en sorte que les paysans aient facilement accès à
la santé suivant leur moyen. La meilleure idée est
d'intégrer dans chaque commune des pharmacies communautaires. Les
plantes pharmaceutiques doivent être valorisées par la mise en
place des pépinières pour les espèces
réputées en matière thérapeutique. Ce travail
demande une coopération entre guérisseurs et médecins
spécialistes. A travers cette voie, plusieurs plantes d'importance
scientifique menacées par la surexploitation peuvent être
préservées.
- Accès à l'énergie
électrique
L'administration coloniale avait introduit à Beantsy
(Behompy) une centrale hydroélectrique qui mérite d'être
réhabilité. L'intervention du Fonds National de
l'Electricité en partenariat avec l'ADER et réalisation de la
promesse présidentielle de fournir de l'énergie électrique
en milieu rural (10 % d'ici 2008) par des sources d'énergies
renouvelables exploitables localement sont vivement souhaitées dans ce
milieu. L'aboutissement de ce projet permettra d'électrifier les
communes périphériques et la ville de Toliara. Le coût sera
moins élevé par rapport à celui d'une centrale thermique.
Il favorisera l'éducation par le prolongement des heures des cours et
des révisions. L'avantage écologique sera la réduction de
l'usage de bois de chauffe et la multiplication d'autres activités
bénéfiques pour les villageois.
- Renforcer l'éducation
Sous l'angle écologique, nous considérons
l'éducation environnementale comme le poumon du développement
durable. Elle doit viser le plus large public possible : les parents, la
communauté paysanne, mais surtout l'individu dès son plus jeune
âge. Le principe est de former des écocitoyens. Elle doit inciter
les élèves à connaître leur environnement, savoir le
préserver et le gérer rationnellement. Nous suggérons de
favoriser la connaissance des milieux par la mise en place des réserves
scolaires en milieu naturel. L'exploitation du magazine << VINTSY »
est un outil pédagogique indispensable pour la formation assistée
des enseignants. De telles initiatives peuvent se réaliser avec l'appui
du BPEE. L'éducation peut donner la chance aux villageois de se former
à des activités génératrices de revenus tout en se
souciant de la flore. Les autorités doivent augmenter le nombre
d'enseignants et donner la chance et les possibilités aux enfants de
poursuivre leurs études.
- Promouvoir le développement de
l'écotourisme
Jusqu' ici, notre secteur est en grande partie mal connue par
les visiteurs et pourtant, elle dispose des potentialités
(résurgence d'Andranofotsy et ses lacs, les lémuriens, les
crocodiles, les traditions de la population, les sites sacrés...)
à valoriser. Mais il faut d'abord une grande volonté de la part
des autorités locales pour lancer des programmes d'aménagements
de sites d'accueil et de camping,...Les constructions seront à base de
matériaux locaux. Il faut développer l'artisanat et lancer les
publications à travers les panneaux publicitaires, les médias,
les ONGs, les agences de voyages...Faire des prêts bancaires pour le
projet sera un pas vers l'avant. L'objectif final de ce tourisme
écologique est de monnayer la nature pour la conserver. Les
bénéfices ainsi tirés iront au service de la population
riveraine. C'est de cette manière qu'elle sera convaincue de
l'intérêt de la préservation de l'environnement. Mais pour
qu'il y ait réussite, il faut une bonne organisation sociale,
d'où la nécessité des groupements paysans.
- Création des groupements paysans
Ces groupements vont renforcer la cohésion sociale. Les
villageois s'uniront pour trouver ensemble ce qu'il faut faire pour
développer leurs localités. Quand il s'agit par exemple d'un
système de production, le groupement sera créé pour
<< produire plus pour d'abord mieux se nourrir et vendre le surplus
afin de satisfaire les besoins des membres et contribuer parfois aux
activités communautaires avec l'argent gagné >>
(CFA.,1990). Il faut alors avoir un bon gestionnaire, il doit savoir : comment
organiser un groupement paysan de production ? Comment faire la gestion des
stocks et des équipements ? Comment faire la comptabilité des
groupements ? Comment faire la commercialisation d'un produit ? (Pour toute
réponse à ces questions veuillez consulter << La gestion
des groupements paysans de production >> écrit par le CFA. sous la
direction de GESTION NORDSUD, 1990). Plusieurs cellules peuvent voir le jour :
bureau chargé de tourisme, d'élevage, de construction des puits,
de reboisement....
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