11-3. Processus de dégradation.
La règle générale qui préside les
phases successives de la dégradation de toutes les formations
végétales réside dans la capacité de
résistance qu'offrent les espèces composant les
différentes strates face aux facteurs de dégradants. Chaque
facteur, selon la composition floristique, la structure, la physionomie et le
type de formation végétale contribuent chacun selon son impact au
processus de dégradation.
11-3.1. Processus classique.
Généralement le processus de dégradation
se défini par la modification de la composition floristique par la
disparition ou la diminution des espèces, les plus sensibles sont les
plus touchées, une perturbation de la structure se traduisant par une
altération partielle ou totale de la stratification et une diminution de
la fréquence des espèces.
Ce processus est conditionné par la disparition
d'espèces constantes de la formation végétale et leur
remplacement par d'espèces de second ordre et sans intérêt
prépondérant sur la structure et la physionomie qui sont les
paramètres déterminants pour apprécier ce processus.
LONG (1960) résume le mécanisme de
dégradation classique: " L'homme qui supprime les espèces
ligneuses pour se constituer une réserve de bois de chauffage et qui, de
temps en temps, pratique le système si bien connu des cultures
occasionnelles (schifting cultivation ) est, avant l'animal herbivore, le
principal responsable de l'état de désolation dans lequel se
trouve la végétation des terrains semi-arides de la région
méditerranéenne".
L'utilisation abusive simultanée par l'homme et par
l'animal des formations végétales conduit selon la qualité
des conditions édapho-climatiques à différents stades de
dégradation allant de la simple altération partielle de la
composition floristique à une perturbation totale de la structure, de la
physionomie et de la composition floristique à tel point que toute
dégradation devient aléatoire.
Le schéma de dégradation le plus fréquent
identifié dans la région comporte six phases ou stades facilement
décelables:
Phases
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Description du mécanisme
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I
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Stade en pré-équilibre représenté par
une forêt plus ou moins dense avec espèces para-climaciques,
présence des trois strates. C'est une forêt dense.
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des
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136
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
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1996
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II
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Stade légèrement en déséquilibre,
généralement une strate est faiblement
représentée se traduisant par une diminution de la
présence de certaines espèces très sensibles. C'est une
forêt claire.
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III
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Altération importante de la strate arborescente ou
arbustive. Même si la composition floristique semble constante la
physionomie est perturbée par la dégradation d'espèces
déterminantes. C'est un maquis arboré ou haut.
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IV
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Formation ouverte caractérisée par une absence
totale ou partielle remarquable d'une des deux strates arborescente ou
arbustive. Les espèces buissonnantes sont assez bien
représentées et impriment au paysage végétal une
physionomie particulière. Il s'agit d'un matorral haut.
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V
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Seule la strate buissonnante est présente, les deux
autres strates ne sont présentes que par des reliques ou des
espèces regroupées en bouquet isolé. C'est
généralement les espèces qui rejettent fortement de souche
qui forment cette phase. C'est un matorral bas.
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VI
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Disparition quasi totale de la végétation
ligneuse où persistent cependant quelques espèces éparses
de la strate buissonnante sous forme de coussinet. Forme ultime de
dégradation représentée par l'erme.
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Un autre processus de dégradation souvent
identifié est présent et diffère de celui décrit,
processus dont l'action débute par la disparition des strates
inférieures et des espèces secondaires. Assez présent dans
la région ce mécanisme peut être schématisé
comme suit:
Phases
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Mécanisme de transformation
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I
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Disparition partielle ou totale de la strate arbustive
constituée d'espèces feuillues et de jeunes sujets des
espèces arborescentes fragiles et facilement destructibles.
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II
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Destruction partielle ou totale des espèces
déterminantes de la strate
buissonnante avec une faible présence de la strate
arbustive;
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III
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Dégradation de la strate arborescente où toutes les
espèces peu résistantes physiologiquement et morphologiquement
sont éliminées.
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IV
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Formation très dégradée, claire où
toutes les strates quand elles arrivent à se maintenir ne sont que
très faiblement représentées.
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Le dernier processus assez fréquent se distingue par le
type de formation finale obtenue issue d'une pression très intense
axée essentiellement sur la strate arbustive et la strate buissonnante.
Ce mécanisme n'est représenté que par trois phases car le
stade de dégradation atteint est extrême et seule la strate
arborescente joue encore un rôle de couverture végétale.
Phases
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Mécanisme de transformation
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I
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Elimination quasi totale de la strate buissonnante qui n'est
représentée que
faiblement par quelques espèces rejetant de souche.
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II
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Destruction presque totale de la strate arbustive, seules
quelques espèces
persistent et n'arrivent pas à reconstituer cette strate
à cause d'une forte pression permanente;
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III
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Présence d'une strate arborescente de très
faible densité sans sous-bois, forêt fossile ou prairie,
dés disparition de la strate arborescente c'est un terrain nu qui
suit.
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