7-3.2. Organisation de l'exploitation
Pratiquement aucune exploitation basée sur des
études n'a été faite dans la région jusque en 1970,
exception faite de quelques interventions localisées et très peu
significatives. L'exploitation forestière est une opération
sylvicole qui doit découler d'un plan d'aménagement dont
l'ossature est la mise en place d'une gestion de l'espace et de la
biocénose dans le temps. Toutes les formations végétales
accusent un retard considérable en matière d'étude
d'aménagement pouvant permettre l'exploitation, de ce fait c'est
essentiellement pour un besoin précis ou une opération ponctuelle
d'utilité soit économique ou écologique que des
peuplements ont été exploités. L'anarchie qui a
prévalu en matière de prélèvement de matière
ligneuse s'étale sur deux périodes: 1800-1948 et 1964-1989. Au
sujet de la première période BOUDY (1948) notait: " Cette
période, durant laquelle les principes sylvicoles les plus
élémentaires ont été méprisés par
l'autorité supérieure, pourraient être justement
qualifiés d'anti-sylvatique". Cette méthode d'utilisation des
forêts à des fins purement économiques, stratégiques
et même politiques dura de 1830 à nos jours avec cependant une
décennie de répit: 1950-1960. Les principaux paramètres
qui commandaient cette exploitation étaient la densité, le taux
de recouvrement et la présence d'une
pseudo-régénération naturelle.
Faute de statistiques précises et fiables par
forêt, faute d'inventaire du matériel végétal sur
pied par année, par carence de maîtrise de l'accroissement moyen
annuel des peuplements et la méconnaissance des techniques sylvicoles
adaptées aux types de végétation, c'est l'improvisation
qui a prévalu avec la mise en application d'opérations aussi
inappropriées les unes que les autres (nettoiement, assainissement,
correction biologique, coupe sanitaire, coupe par bande, etc...). Les
formations végétales malgré leur résistance et
adaptation aux conditions de milieu et d'environnement ne pouvaient faire face
aux mutilations programmées et fiancées à travers des
actions d'aménagement improvisées. Le bois à
prélever par parcelle était fixé par une étude le
plus souvent dépassée par le temps et sans actualisation
(aménagement des forêts du massif de Télagh avec un retard
de 5 ans sur les échéanciers fixés par l'étude et
avec exécution des actions d'exploitation seulement). Dans tous les cas
le volume de bois retiré des unités d'aménagement est
supérieur d'au moins 3 fois les possibilités réelles, ce
qui se traduit par une altération du capital
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
ligneux aboutissant à une modification de la structure
puis à une perturbation de l'équilibre de
l'écosystème.
Ce n'est qu'à partir de 1967 (plan triennal 1967-1969)
que la prise en main de l'aspect fondamental de la
régénération des forêts avec comme objectif une
amélioration de la production de matière ligneuse fut inscrite
dans les préoccupations majeures du secteur. Quelques études
d'aménagement ont été lancées en absence de toute
méthodologie d'approche propre à nos peuplements forestiers.
Seuls 64.000 hectares de peuplements de pin d'Alep furent étudiés
dans les monts de Dhaya durant le premier plan quadriennal 1970-1973. Jusqu'en
1990 seuls 190.000 hectares sont concernés par des études
d'aménagement où il y a lieu de signaler l'absence totale de
prise en charge du volet sylvicole qui constitue la charpente de toute
intervention dans un milieu forestier. Sur le volet exploitation de
matière ligneuse ressortait dans tout projet d'aménagement afin
de détruire l'image de secteur budgétivore et sans
intérêt économique de l'administration forestière.
Sans maîtriser la productivité des différents
écosystèmes forestiers, de mettre au point des techniques
d'intervention adaptées à nos formations végétales
et nos espèces et d'opter pour une politique forestière claire et
constante il est impossible ne serait-ce que de parler d'aménagement.
L'exploitation forestière comme elle est
pratiquée actuellement est perçue comme un facteur
dégradant car elle ne repose sur aucune méthode ayant fait ses
preuves ni sur des techniques appropriées aux conditions tant
biologiques, écologiques que sylvicoles de nos espèces
forestières et pré-forestières. Elle peut être
classée comme elle est pratiquée actuellement comme un incendie
ou un pâturage. En 1976 QUEZEL attirait déjà l'attention:
Il serait hasardeux d'envisager l'exploitation de toutes les forêts
méditerranéennes, la notion de rentabilité
forestière doit passer bien souvent parés les problèmes de
conservation". Les moyens et les techniques d'utilisation de notre patrimoine
sylvicole demeurent encore imprécis, le même auteur
précise: " Du point de vue de la foresterie et de la sylviculture, il
conviendrait également de préciser les techniques
appropriées d'utilisation et de sauvegarde des forêts
méditerranéennes".
Les sciences forestières et la logistique qui leur est
indispensable (stations météorologiques, centres de surveillance,
expérimentation et recherche, fonctionnement des
"écosystèmes etc...) n'ont pas connu l'essor qu'elles
méritent eu égard à l'agression que subissent les
formations végétales et leur rôle irremplaçable dans
un monde condamné à vivre avec une pollution de plus en plus
inquiétante. La foresterie fondamentale et pure n'a jamais fait de
confusion entre les techniques sylvicoles et l'intensification de
l'exploitation qui constitue de nos jours un paramètre de performance
des valeurs techniques des gestionnaires des forêts. L'exploitation des
formations végétales de quel type qu'elles soient constitue un
acte d'agression officialisé sur lequel l'état débourse
des sommes faramineuses.
|