7-3.3. Impact de l'exploitation
L'exploitation de matière ligneuse a été
maximale à travers de longues décennies et le demeure encore,
c'est les groupements de pin d'Alep qui sont les plus touchés suivis par
ceux du chêne zeen, du chêne liège et du chêne vert.
Les peuplements de pin d'Alep, localisés essentiellement dans
l'étage semi-aride, constituent la principale ressource de
matière ligneuse, les futaies présentent un volume de bois sur
pied appréciable et facilement exploitable car les conditions
d'accès s'y prêtent. Le relief relativement plat, le faible taux
de recouvrement des strates en sousétage, la présence d'un
réseau d'infrastructure sont autant de paramètres qui justifient
et encouragent la surexploitation de ces peuplements. Ces derniers sont souvent
détruits par le feu, la chenille processionnaire, le
dessèchement, les coupes illicites; l'exploitation programmée ne
fait souvent que condamner ces formations à disparaître surtout
sous des conditions écologiques aléatoires ne permettant que
rarement une reprise de la végétation (cas du sud de la
forêt de Touazizine). La futaie de chêne vert et même celle
du thuya ont connu le même sort, lorsqu'elles se présentaient dans
un état bien venant elles connurent au même titre que le pin
d'Alep actuellement une surexploitation à tel point qu'elles ne sont
présentes que sous une forme de
91
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
relique à un stade de dégradation avancé ne
leur permettant pas d'atteindre le stade de futaie, malgré qu'elles
soient dotées d'un pouvoir de rejet remarquable.
A ce rythme les formations de pin d'Alep connaîtront
dans un proche avenir, si les pressions d'exploitation actuelles se
poursuivent, la même destinée que celle du chêne vert et du
thuya. La qualité du bois et ses diverses utilisation possibles de ces
deux dernières espèces les ont condamné, c'est ce qui va
se passer pour le pin d'Alep. Des études sommaires et peu fiables sur la
productivité du pin d'Alep en Oranie ont permis l'installation d'une
unité de transformation de bois à Télagh d'une
capacité de 30.000 tonnes par an soit l'équivalent de 100.000
mètres cubes. La base de calcul était une productivité
annuelle moyenne de 1,3 à 2,5 mètres cubes par hectare.
Malgré une surexploitation la matière ligneuse mobilisée
à travers toute l'Oranie n'arrive à satisfaire l'unité de
bois qu'à 50%, cela remet en cause toute l'étude de
faisabilité de l'investissement et l'accroissement moyen annuel en
volume sur lequel tout s'est basé.
L'impact de l'exploitation non réglementée se
traduit sur toute la couverture végétale ligneuse et
non pas uniquement sur les peuplements forestiers. La technique
avec laquelle est pratiquée cette exploitation peut sans risque d'erreur
être comparée à un défrichement se traduisant
par:
- une destruction sans sélection de la strate arborescente
car les coupes pratiquées sont soit par
bande ou par placette mais des coupes rases, cette technique est
utilisée dans plus de 80% des cas car simple,
- un piétinement humain et un écrasement
mécanique de la strate buissonnante et de la
régénération naturelle évalués à 20%
de la surface traitée,
- une mutilation assez importante estimée à 30% de
la strate arbustive, découlant de l'ouverture de passage pour se
rapprocher des sujets à abattre,
- une dégradation extrême de la
végétation en place lors de l'opération de
récupération du bois coupé, plus de 25% de la surface est
concernée par cette opération.
Malgré l'agressivité des méthodes et des
techniques d'exploitation utilisées (coupes rases
partielles se soldant par une élimination de la strate
arborescente sur 30% de la surface), le volume moyen de matière ligneuse
récupéré est faible comme le confirme les chiffres qui
suivent: - entre 9 et 25 mètres cubes par hectare dans le semi-aride: 9
à 15 dans des conditions défavorables, 16 à 21 dans des
conditions moyennes et 22 à 25 dans de bonnes conditions,
- entre 13 et 36 mètres cube dans l'étage
subhumide: 13 à 18 en conditions difficiles, 19 à 26 quand elles
sont moyennes et 27 à 36 quand elles sont bonnes,
Il y a lieu de noter qu'après une coupe rase on ne peut
retirer une seconde fois du bois que dans au moins 70 à 100 ans.
Le volume moyen de bois sur pied par type de peuplement pour le
pin d'Alep permet d'apprécier l'exploitation et ses
conséquences.(en mètre cube par hectare).
Tous ces chiffres avancés et calculés confirment
l'agression de l'exploitation et ses conséquences sur la structure des
peuplements, cette opération meurtrière quand elle ne
découle pas d'une approche scientifique et technique, perturbe
l'évolution, la structure et même la composition floristique des
formations végétales. L'écosystème ainsi
modifié ne répond plus à ses objectifs qu'ils soient de
protection ou de production.
Tableau 24 : Possibilités en bois
Type de peuplement
|
Etage bioclimatique
|
volume min.
|
volume max.
|
volume moy.
|
Vieille futaie
|
S.aride
|
29,3
|
43,8
|
36,5
|
Vieille futaie dense
|
S.aride
|
36,4
|
55,6
|
46,0
|
Jeune futaie
|
S.aride
|
41,5
|
62,7
|
52,1
|
Vieille futaie
|
Shumide
|
59,9
|
83,1
|
71,5
|
Vieille futaie dense
|
Shumide
|
74,8
|
103,5
|
89,1
|
Jeune futaie
|
Shumide
|
80,6
|
121,3
|
100
|
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
La répartition moyenne des volumes par âge des
peuplements à base de pin d'Alep en pourcentage se présente:
Tableau 25 : Répartition des volumes par âge.
Type de peuplement
|
Stade de développement
|
Représentation en
%
|
Vieille futaie (18%)
|
Futaie
|
52
|
|
Perchis
|
10
|
|
Gaulis
|
33
|
|
Semis fourré
|
5
|
Vieille futaie (6%)
|
Futaie
|
71
|
|
Gaulis
|
27
|
|
Semis fourré
|
2
|
Jeune futaie (23%)
|
Futaie
|
12
|
|
Perchis
|
11
|
|
Gaulis
|
59
|
|
Semis fourré
|
8
|
Régénération (31%)
|
Futaie
|
1
|
|
Gaulis
|
54
|
7-3.3.1. Prélèvements
incontrôlés.
Les délits de coupe pour les besoins domestiques des
populations riveraines ne sont pas négligeables et constituent une
pression constante. Des observations ponctuelles faites dans ces forêts,
selon notre présence pour le suivi de nos placettes
expérimentales, nous ont permis d'avoir quelques chiffres pour
apprécier le nombre de délits de coupe qui s'exerce sur les
forêts de la région:
Tableau 26 : Nombre de délits de prélèvement
de bois
Saison
|
Formations du semi-aride
|
Formations du subhumide
|
|
Min.
|
Max.
|
Moy.
|
Min.
|
Max.
|
Moy.
|
E
|
1793
|
2955
|
2.374
|
546
|
1279
|
912
|
A
|
17.705
|
23.123
|
20.414
|
8.040
|
9.413
|
8.726
|
H
|
4.917
|
9.160
|
7.038
|
1.862
|
3.621
|
2.741
|
P
|
5.881
|
13.268
|
9.574
|
2.083
|
3.049
|
2.566
|
Total
|
30.296
|
48.506
|
39.400
|
12.531
|
17.362
|
14.945
|
E: Eté
A: Automne
H: Hiver
P: Printemps
Le volume moyen prélevé par délit est de
2,63 stères, pour les 55.000 délits susceptibles d'avoir lieu sur
toute la surface forestière, d'où une quantité issue de
coupes délictueuses de l'ordre de 144.650 stères. Cela
représente une exploitation incontrôlée de 1,8 stère
par hectare et par an (en prenant comme surface d'impact 80.000 ha sur 150.000
soit 60%, pourcentage réaliste selon la localisation des populations
riveraines par rapport aux formations végétales).
La composition de ces prélèvements est très
diversifiée, toutes les espèces y passent et la proportion
moyenne des principales sont:
Tableau 27 : Représentativité des espèces
sujettes à coupe
ESPECES PRINCIPALES COUPEES
|
REPRESENTATIVITE
|
CLASSEMENT
|
Chêne vert (arbuste)
|
40-70
|
1
|
93
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
|
1996
|
|
|
Chêne zeen (arborescent et arbustive)
|
30-50
|
3
|
Thuya (arbustive)
|
30-60
|
2
|
Lentisque
|
10-30
|
7
|
Filaire
|
5-10
|
9
|
Genévrier
|
20-35
|
4
|
Arbousier
|
10-15
|
8
|
Bruyère
|
15-30
|
5
|
Pin d'Alep
|
25-35
|
6
|
C'est les espèces les plus agressées qui
présentent le plus fort taux de présence dans les
prélèvements illicites car elles offrent des qualités de
combustion intéressantes (dessèchement rapide, diamètre
d'utilisation aisée, disponibilité sur un rayon faible).
|