7-3. L'EXPLOITATION FORESTIERE
Nous considérons que cette activité
forestière peut être, au regard de la réalité de sa
pratique, considérée comme un facteur de dégradation des
peuplements exploités car dans la plupart des cas le fonctionnement des
écosystèmes forestiers est totalement méconnu et toutes
intervention n'a pour conséquence qu'une perturbation d'un
équilibre déjà précaire. L'homme avant d'inventer
l'outil, a toujours utilisé la forêt en prélevant le bois
d'abord pour se chauffer, pour se nourrir puis pour se servir de cette
matière première qu'est le bois. Ces prélèvements
deviennent avec le temps de plus en plus importants et touchent toutes les
catégories de bois dans leurs divers diamètres sans distinction
aucune si ce n'est l'usage. La notion de gestion des peuplements et des
forêts en général devient complexe avec ce paramètre
significatif mais imprévisible et difficile à maîtriser.
La production de bois a de tout temps marqué la gestion
forestière de tous les pays du Maghreb par une contradiction entre les
potentialités et le volume de bois retiré ou prévu. Sur
une superficie de 9 millions d'hectares répartis à raison de 5
millions au Maroc, 3 en Algérie et 600.000 en Tunisie. Plus des deux
tiers est dégradé et sans aucune valeur économique
malgré que la production de bois rond industriel est passé de
400.000 mètres cubes en 1960 à 1 million de mètres cubes
en 1986 soit une hausse de 171%. (BUTTOUD 1986).
7-3.1. Historique sur les exploitations
Différents rapports sur la région, le plus
souvent anonyme (rapport administratif), datant de la période 1800-1850
donnent un aperçu sur les exploitations moyennes programmées
annuellement et dont le produit à retirer était chiffré
entre 70.000 et 90.000 stères. En deux ans seulement (1840-1842)
l'exploitation rapporta à l'état prés de 4 millions de
francs ce qui correspondait à un prélèvement de l'ordre de
400.000 stères (le stère avait une valeur commerciale de 10
francs).
Les forêts de la région étudiée ont
fourni durant la période 1840-1850 (chiffres recensés de diverses
statistiques et fascicules de gestion):
- 75.000 mètres cubes de bois d'oeuvre,
- 250.000 poteaux de mine,
- 600.000 stères de bois de chauffage,
- 420.000 quintaux de charbon,
- 1.000 quintaux de liège.
Cela se traduit par une exploitation assez remarquable car le
prélèvement moyen par hectare et par an est de l'ordre de:
- 0,501 mètre cube de bois d'oeuvre,
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
- 1,6 poteau de mine soit 0,003 mètre cube,
- 4,1 stères soit 1,306 mètres cubes de bois de
chauffage,
- 2 stères pour le charbon soit 0,653 mètre
cube.
Ce qui représente un prélèvement moyen
confondu de 2,4 mètres cubes par hectare et par an en dehors des coupes
sanitaires et surtout des coupes et exploitations illicites
évaluées à 0,300 mètre cube par hectare et par an
ce qui porte le total à 2,7. Sachant que seules 60% des forêts
étaient exploitables (1.800.000 hectares sur 3.400.000), les
prélèvements réels par hectare sont donc le double soit
4,5 mètres cubes par hectare et par an. Ce rythme d'exploitation semble
être maintenu sur toutes les formations forestières jusqu'en 1948,
la fin de la deuxième guerre mondiale, et les 3 années de relance
de l'activité industrielle qui suivirent. Le bois quelque soit sont
diamètre était utilisé comme source principale
d'énergie. La surexploitation durant une assez longue période
sans tenir compte de possibilités des peuplements constituait une
agression exceptionnelle dont les conséquences persistent de nos jours
encore.
La production de bois issue d'exploitation des forêts de
l'Oranie selon MARC (1916) n'est pas
maîtrisée et est sujette à discussion au
regard des contradictions entre l'exploitation et les prévisions.
L'exploitation de ce fait n'était ni réglementée ni suivie
convenablement, laissée le plus souvent à l'initiative des
responsables locaux dont le niveau technique laisser à désirer
dans le domaine. Les chiffres avancés par MARC (1916) ne
reflètent pas la réalité en matière d'exploitation;
entre 1899 et 1915 c'est seulement 19.875 arbres moyens par an qui
étaient abattus soit un volume de 1.430 mètres cubes,
quantité inacceptable en comparaison avec d'autres statistiques et
surtout des possibilités qu'offraient les formations ligneuses. En se
basant sur ces chiffres le volume moyen de l'arbre exploité était
de 0,072 mètre cube soit un diamètre inférieur à 18
cm et une hauteur maximale de 3 mètres. L'arbre moyen abattu ne
répondait en aucune manière aux normes sylvicoles et
dendrométriques acceptées et autorisant une exploitation.
Toujours d'après MARC (1916) en comparant le volume de bois
retiré d'une surface donnée, l'exploitation par hectare devenait
de plus en plus importante en volume et témoigne d'une surexploitation.
Le volume moyen retiré par hectare à travers les années
était de:
- 0,71 mètre cube en 1890,
- 0,93 entre 1891 et 1895,
- 1,39 entre 1896 et 1900,
- 2,48 entre 1901 et 1905 et 2,51 entre 1906 et 1910,
- 2,86 entre 1911 et 1913.
Soit une augmentation de l'ordre de 200% en 20 ans ce qui
confirme que l'exploitation n'obéissait qu'à l'atteinte d'un
objectif fixé au préalable pour répondre à des
besoins économiques.
La période 1978-1979 a connu une production de 60
à 78.000 mètres cubes de bois d'oeuvre, celle de 1981-1984
prés de 100.000 mètres cubes et c'est la plus
élevée (à cause d'une surexploitation pour répondre
à des besoins précis dictés par une politique de
rentabilisation des écosystèmes forestiers dont les
investissements improductifs commençaient à peser lourdement sur
le budget de l'état).
Entre 1981 et 1989 la forêt algérienne a produit:
(YADI, 1995).
Tableau 22 : Production de bois
Années
|
Type de bois
|
Volume moyen
|
Unité de mesure
|
1982-1985
|
Bois d'oeuvre
|
10.000 à 35.000
|
mètres cubes
|
1981-1987
|
Bois trituration
|
17.000 à 134.000
|
stères
|
1981-1989
|
Bois de chauffage
|
10.000 à 70.000
|
stères
|
1980 - 1985
|
Perches
|
35.000 à 705.000
|
mètres linéaires
|
1981-1985
|
Poteaux de mine
|
6.000 à 56.000
|
unités (2,20 m)
|
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Ce qui est sur c'est que durant la décennie 1980-1990
la mobilisation de matière ligneuse a atteint son maximum comme le
confirme les chiffres suivants retirés du rapport de la F.A.O (1990):
entre 1985 et 1990 les formations forestières ont fourni en moyenne
145.000 mètres cubes par an (35.000 mètres cubes de bois d'oeuvre
et 150.000 stères), entre 1980 et 1990 le bois d'oeuvre retiré
est estimé entre 20 et 35.000 mètres cubes alors que le bois de
trituration est passé de 18.000 stères en 1981 à 134.000
stères en 1987. Les possibilités de production de matière
ligneuse (inventaire national des forêts) sont évaluées
à 1.275.000 mètres cubes par an répartis entre le pin
d'Alep (850.000), Eucalyptus (145.000) et chêne zeen (125.000).
L'E.N.A.E.B (1993) estime ces possibilités à 704.000
mètres cubes alors que BENABDELI (1994) les situe à 250.000. Les
possibilités annuelles selon la F.A.O (1990) seraient de:
Tableau 23 : Relation surface-production
Espèces
|
Surface en HA
|
OFFRE M3/an
|
OFFRE M3/ ha
|
Pin d'Alep
|
881.000
|
856.000
|
1,1
|
Chênes
|
48.000
|
127.000
|
2,5
|
Eucalyptus
|
43.000
|
145.000
|
3,4
|
Pin maritime
|
32.000
|
28.000
|
1,0
|
Cèdre
|
16.000
|
67.000
|
0,2
|
Thuya et chêne vert
|
108.000
|
52.000
|
2,0
|
Total
|
1.128.000
|
1.275.000
|
1,7
|
|