4-3.2. Relation sol-végétation.
Hétérogénéité climatique,
édaphique et floristique rend difficile toue tentative de liaison
justifiée entre type de sol et type de végétation. Cette
relation est perturbée par plusieurs paramètres et facteurs
où se distinguent la fréquence des incendies modifiant totalement
la composition floristique pendant un assez long temps et certains
caractères physico-chimiques et biologiques du sol, le parcours intensif
dont l'action sur le sol et la végétation est déterminant
et perturbant, la destruction de la couverture végétale par les
diverses opérations d'exploitation, l'importante biomasse de racines des
espèces herbacées, arbustives et buissonnantes qui parcourent les
horizons du sol, les caractéristiques climatiques des étages
semi-aride et aride marqués par de fortes amplitudes thermiques et la
faible profondeur de l'horizon superficiel très sensible à toutes
les formes d'altération (tableaux annexe 15 à 48).
Les types de sols rencontrés se distinguent par une
instabilité dans leur évolution, un lessivage intense, le faible
taux de matière organique et l'affleurement de la roche-mère ne
facilitant point une approche de la relation sol-végétation.
L'importance du rôle joué par le substrat confère à
ce dernier une part importante dans l'établissement de cette relation. A
ce sujet BOUDY (1948) concluait: " Le sol forestier est de peu d'importance et
qu'en raison de l'action des racines c'est la roche-mère plus ou moins
altérée, le sol géologique en un mot, qui joue le
rôle principal au point de vue édaphique, les incendies, le
ruissellement ayant détruit le plus souvent le sol forestier ". La
liaison relationnelle entre le substrat et la végétation semble
être un axe de travail réel justifié par la constance du
sol géologique et la végétation pouvant s'y
développer. Des contradictions inévitables, naturelles et
regrettables font que les zones les plus arrosées portent le plus
souvent les plus sensibles et même pauvres parfois. Ces sols se
remarquent soit par une abondance soit d'argile, de limon ou de sable avec leur
effet néfaste, à forte proportion, sur la
végétation.
Dans la région un parallélisme existe entre les
formations végétales et les formations géologiques
à vocation forestière. Les monts de Tlemcen relèvent
essentiellement du Jurassique
49
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
supérieur et moyen, formations couvertes par des
groupements végétaux de chêne vert essentiellement, la
présence de couches gréseuses par endroits justifie le
développement des formations végétales à base de
chêne liège et chêne zeen. Les monts de Dhaya constituent
des anticlinaux rigides formant deux ensembles: le plateau de Dhaya et la
montagne de Beni Mathar où dominent les grès et surtout les
calcaires colonisés par le chêne vert pour le premier et le pin
d'Alep et le thuya pour le second. Ainsi une homogénéité
et un parallélisme existent entre les formations géologiques et
les groupements forestiers, en 1955 BOUDY remarquait : "... peut être
plus encore dans cette région que dans les autres, il y a lieu de noter
un parallélisme remarquable entre les masses principales de boisements
et les formations géologiques à vocation forestière,
telles que le Jurassique et le Crétacé ".
" La physionomie des groupements végétaux est
sous forme de matorral troué clair. La raison de ce faciès de
dégradation est sans doute en relation avec le stress
pluviométrique mais surtout édaphique intégrant l'ensemble
des descripteurs orotopographiques et géomorphologiques et ce sont des
caractères comme l'accumulation calcaire: croûte et
encroûtement qui représentent la sommité de ce stress
édaphique." résumait LATRECHE (1995) le problème de
l'action du substrat sur la végétation. Dans la région
pratiquement tous les sols colonisés par une végétation
ligneuse présentent un encroûtement et/ ou une croûte
calcaire.
A propos de la formation des croûtes calcaires dont le
rôle est déterminant sur la composition et le dynamisme de la
végétation. MONTENAT(1981) précisait à ce sujet: "
On peut considérer que la formation des carapaces- croûtes et
encroûtements- requiert trois conditions essentielles: des
réserves mobilisables de calcaire, un régime climatique
contrasté avec des précipitations suffisamment abondantes et des
assèchements périodiques accentués et un couvert
végétal présentant un système radiculaire dense
".
4-3.2.1. Distribution des sols et leur colonisation
végétale.
La distribution des principaux sols étudiés
obéi à un découpage basé sur la géologie, le
climat et l'orographie; les toposéquences typiques à chaque
sous-zone morphologique et bioclimatique faites dans deux orientations
significatives nord-sud et est-ouest permet les observations suivantes:
- sur les sommets la roche-mère est souvent apparente,
sur les reliefs tabulaires l'assise subhorizontale est souvent recouverte d'un
matériau meuble peu épais avec des sols du type rendzine.
Généralement c'est des sols peu évolués. Lorsque la
pente est abrupte c'est les sols minéraux bruts qui sont
présents,
- sur les versants et les replats morphologiques ce n'est pas
la même pédogenèse qui a marqué ces zones;
généralement les terrasses (souvent c'est des cuvettes
colmatées) présentent un horizon vertique en profondeur (fente de
dessiccation et structure prismatique) qui confirme la présence de sols
bruns calcaires,
- sur les terrasses et reliefs plats, les conditions sont
propices au développement des sols fersialitiques, souvent peu
lessivés à réserve calcique présentant des formes
graduelles vers des sols bruns calcaires lorsque la décalcificationn des
horizons A et B est complète. Des sols fersialitiques lessivés
sans réserve calcique ce trouvent également dans ce type de
morphologie.
Les sols calcaires sont essentiellement colonisés par
les groupements mixtes de pin d'Alep, de thuya et de chêne vert auxquels
s'associe le genévrier oxycèdre. Les sous-types tels les sols
bruns calcaires sur encroûtement supportent généralement
une végétation dégradée à base de pin d'Alep
évoluant vers un matorral arboré avec lentisque, filaire et
kermès.
Cependant les sols bruns calcaires sur marne sont recouverts
d'une végétation assez bien venante ne pouvant se justifier que
par la profondeur du sol et le volume de terre important exploré par le
système radiculaire développé des espèces ligneuses
permettant la présence de toutes les strates. Par contre les rendzines
sur calcaire fissuré, peu profondes, assez humifères sont
peuplées de formations peu développées de pin d'Alep et de
chêne vert.
Les sols fersialitiques quand à eux permettent
l'installation d'une végétation calcicole à faible
recouvrement où dominent toujours le pin d'Alep et le thuya. Sols
favorables à la végétation
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
forestière mais très sensibles aux effets
néfastes du parcours, l'horizon superficiel est sujet à
l'érosion par le biais d'une minéralisation rapide de la
matière organique (qui ne joue plus son rôle de cimentation des
éléments texturaux et de stabilité structurale) due
à une déshydratation organique.
Il est possible de synthétiser la relation
sol-végétation dans la région par les observations qui
suivent et les tableaux N° 49 à 52 joints en annexe:
Tableau 12 : Relation sol-végétation.
TYPE DE SOL
|
TYPE DE VEGETATION
|
Sol fersialitique à réserve calcique
(grès
calcaire-marne)
|
Groupement mixte pin d'Alep et thuya à facies de Diss
|
Sol peu évolué (grès calcaire-marne)
|
Groupement mixte pin d'Alep et thuya à facies de romarin
et d'alfa
|
Sol brun calcaire (grès calcaire-marne)
|
Groupement mixte pin d'Alep et chêne vert
|
Sol fersialitique sans réserve calcaire (grès)
|
Groupement de chêne zeen et de chêne vert
|
Rendzine brunifiée
|
Groupement à pin d'Alep et chêne
|
On peut résumer cette relation par les caractères
suivants:
- la végétation est bien venante quand la
décarbonatation est profonde sans calcaire actif sur les 35 cm, lorsque
la capacité de rétention en eau est élevée (argile
+ limon = 60%) et que les précipitations sont supérieures
à 500 mm.
- la végétation est assez bien venante quand la
décarbonatation est superficielle et sans calcaire actif sur les 20
premiers centimètres et que la proportion de limon et argile avoisine
50% avec des précipitations supérieures à 400 mm.
- la végétation est médiocre lorsqu'il n'y a
pas de décarbonatation et que le calcaire actif est présent sur
tout le profil.
C'est le pourcentage de calcaire actif, la capacité de
rétention la profondeur du sol et les précipitations qui
conditionnent la qualité de la végétation.
|