4-3. FACTEURS EDAPHIQUES
Exception faite de quelques travaux localisés et assez
sommaires la région ne connaît pas de renseignements et
d'études pédologiques intéressantes. En 1947 HUGET DEL
VILLAR donne un aperçu sur les principales caractéristiques des
sols de l'Oranie et leur relation avec la végétation. En 1954
DURAND publie une carte très sommaire des sols d'Algérie.
Les sols y sont classés en trois groupes: calcaire, non
calcaire et terres rouges méditerranéenne. Les principales roches
à l'origine de la formation des sols peuvent se grouper en roches
calcaires compactes constituant des stratifications sans alternance de
matériaux meubles. Elles peuvent se présenter sous forme
tabulaire ou corrodées en surface.
Elles offrent généralement un matériau de
formation et d'évolution des sols très pauvres avec une abondance
de cailloux siliceux inaltérables (grès calcaire). Des
grès non calcaires se présentant sous des granulométries
et des cimentations distinctes, ils forment souvent des masses continues
apparaissant sous forme de bandes intercalées avec des argiles, des
marnes et des calcaires compactes. Des roches calcaires non compactes
comprenant des marnes, des argiles et des formations de calcaire meuble. Assez
faiblement représentées elles peuvent donner des sols à
évolution remarquable lorsqu'elles sont dans des conditions
favorables.
4-3.1. Principaux types de sol
La plupart des sols de la région rentrent dans la
catégorie des sols fersialitiques et bruns calcaires, ces sols
présentent une liaison entre les oxydes de fer et les argiles. Les
profils décrits montrent une diversité dont la répartition
se fait sur les cinq principales classes de la classification française
C.P.C.S 1967 où on distingue:
-sols minéraux bruts,
-sols peu évolués,
-sols calcimagnésiques,
-sols isohumiques,
-sols fersialitiques.
Une description sommaire des principales classes et sous-classes
des sols de la région nous donnent un aperçu sur la gamme des
sols rencontrés.
Sols peu évolués colluviaux: occupent les
piedmonts des massifs montagneux ou les terrasses anciennes des oueds, de
texture sablo-limoneuse, de pH basique, le taux de matière organique est
de 1 à 2% assez bien incorporée avec une activité
biologique intense. Colonisés par les groupements de pin d'Alep à
thuya fortement concurrencés par les espèces secondaires.
Sols fersialitiques faiblement lessivés sur
roche non calcaire: de texture limono-argileuse, structure
grumeleuse à grenue, le taux de matière organique est
élevé et l'humus bien incorporé, de profil A (B) C
à B structural à revêtement argileux caractéristique
d'un entraînement mécanique des argiles, le pH est proche de la
neutralité devenant basique en profondeur. La végétation
originelle appartient à l'association du chêne liège
à myrte.
Sols fersialitiques faiblement lessivés sur
calcaire dur: assez profonds, de texture sableuse à
sablo-limoneuse, de structure grumeleuse, le taux d'argile est inférieur
à 20%, pauvres en matières organiques et à pH neutre. La
végétation est à base de pin d'Alep avec son
cortège floristique où dominent Pistacia lentiscus,
Phillyrea angustifolia, Chamaerops humilis et Olea europea.
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Sols rouges: proviennent
essentiellement des produits de décalcarification quand la roche
mère est molasse, elle donne de l'argile rouge. Si la roche mère
est un grès la terre rouge qui en résulte est un sable avec
très peu d'argile.
Sols bruns calcaires sur marnes et marnes
calcaires: à horizon humifère brun foncé, de
texture moyennement argileuse, de structure polyédrique, sujets à
l'érosion avec entraînement des horizons fertiles dés que
la végétation est dégradée, à pH basique, le
taux de matière organique est de l'ordre de 1 à 2%, la teneur en
argile augmente avec la profondeur. Colonisés par une
végétation à base de pin d'Alep accompagné de thuya
ou de chêne vert où le pin domine jusqu'à une altitude de
800 m, le chêne vert à partir de 1000 m et en deçà
des 600 m c'est le thuya.
Sols bruns calciques sur marnes
calcaires: ils ne différent des précédents
que par une décalcarification de l'horizon de surface qui reste
malgré tout saturé en calcium. Liée à une
humidité cette décalcarification peut être
accompagnée d'un entraînement d'argile en profondeur et la
végétation s'enrichit espèces calcifuges telle
l'Erica arborea, Cistus montpeliensis, Lavandula stoeckas et Cistus
salvifolius.
Sols bruns calcaires sur calcaires
durs: peu profonds à texture limono-argileuse à
limonosableuse, de structure grumeleuse en surface évoluant
graduellement vers le type polyédrique en profondeur.
D'autres types de sols apparaissent et occupent des surfaces
assez appréciables:
Sols lessivés podzoliques:
formés sur grès non calcaire, peu profonds où la
perméabilité de la roche-mère liée à la
présence d'un humus acide favorise le développement du
phénomène de lessivage. Sols à profil ABC où
l'horizon B est enrichi en argile et en oxyde de fer et d'alumine pouvant se
présenter sous forme de granules.
Sols bruns rougeâtre
calcaires: peuvent être considérés comme un
stade d'évolution paraclimacique, présentent des
caractéristiques variées tel que présence de CaCO3 sur
tout le profil, accusent souvent un lessivage avancé de carbonates dans
la partie supérieure du profil à l'origine d'une absence de
calcaire actif. Cette décarbonatation peut être une
possibilité d'évolution vers de meilleures potentialités.
Ces sols présentent le maximum d'évolution lorsque les
précipitations dépassent les 500 mm en altitude et
essentiellement dans la partie septentrionale de la région
d'étude. Les moins évolués sont légèrement
rougeâtres et présentent généralement une
croûte calcaire de type zonaire endurcie traçant la limite de la
zone biotique.
Sols calcaires humifères:
issus de la décomposition de calcaire plus ou moins durs, ils
contiennent toujours une certaine proportion de sable et d'argile. Lorsque le
calcaire domine les terrains sont caillouteux et des bancs rocheux apparaissent
rapidement dés que la couverture végétale est
dégradée. Sols à profil AC, peu profonds,
caractérisés par un seul horizon riche en humus renfermant
souvent de nombreux cailloux calcaires se comportant comme des sols secs.
Provenant de calcaires tendres ils présentent des potentialités
intéressantes.
Sols rendziniformes: à profil
du type AC, calcaires, peu épais, caractérisés par un
horizon A de faible profondeur, riche en humus et en calcaire, souvent
caillouteux, développés sur calcaires plus ou moins tendres et
parfois sur croûte calcaire. Assez riches en matières organiques
(supérieure à 2%). Sur calcaire dolomitique ou calcaire
gréseux la texture est sableuse et la structure particulaire faute
d'argile.
Devant la faiblesse de la couverture végétale,
au regard de la composition floristique des différentes formations
végétales, avec un climat sec et chaud, une roche-mère
dure et généralement affleurante; les principaux types de sols de
la région présentent les caractéristiques suivantes:
-une très faible profondeur,
-un nombre d'horizon égal ou inférieur à
3,
-un pourcentage d'argile relativement élevé (10
à 40 %),
- un taux de sable hétérogène (5 à
55%),
-un pH presque toujours basique (supérieur à
7,3),
-un faible taux de matière organique (inférieur
à 3%).
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Les tableaux N° 15 à 48 en annexe récapitulent
par type de sol et la végétation qui le colonise les principales
caractéristiques physico-chimiques.
Une attention particulière doit être
accordée aux sols bruns rougeâtres calcaires qui sont les plus
représentés dans la région, peuvent sans risque d'erreurs
être considérés comme les plus évolués sous
les conditions climatiques actuelles. Leurs caractéristiques variables
d'ailleurs peuvent se regrouper en une présence de calcaire sur tout le
profil, ils peuvent cependant accuser un lessivage avancé é de
carbonates dans l'horizon superficiel où le calcaire actif est absent
offrant des possibilités d'évolution. Dans les zones froides et
arides le climat ne permet pas une décarbonatation, dans toute la
région forestière elle est présente et son absence ne peut
être attribuée qu'à l'érosion superficielle et aux
incendies à l'origine de l'apparition d'une charge caillouteuse en
surface. Le profil est plus ou moins évolué, la libération
d'oxyde de fer le confirme quand les précipitations dépassent 500
mm.
Les moins évolués apparaissent dans la partie
méridionale de la région présentant une croûte
calcaire de type zonaire à faible profondeur grossie et endurcie dans la
partie inférieure empêchant le passage de l'eau et des racines. La
formation de cette croûte est un phénomène ancien,
probablement impossible sous les conditions climatiques actuelles, elle s'est
faite sans aucun doute en plusieurs phases, durcissement puis cristallisation
dues à une dégradation du milieu et de la
végétation. Cette croûte cependant ne constitue pas un
facteur limitant pour le développement des espèces
forestières et végétales en général mais sa
partie endurcie trace la limite de la zone biotique du sol et par
conséquent de toute vie et activité biologique.
Si cette limite est très superficielle, le
développement du végétal se trouve perturbé et une
rupture de cette croûte sans bouleversement des horizons du sol permet
d'augmenter l'espace et le volume de terre disponible aux racines. Le second
point à éviter est la recarbonatation de la couche superficielle
qui se traduira par une augmentation du calcaire actif
déconseillé pour le développement de tout
végétal.
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