4-2. RELATION CLIMAT-VEGETATION
Le climat méditerranéen semi-aride, est celui
qui est le plus représenté dans la région
étudiée dans ses variantes froide et fraîche, permet
l'existence de diverses formations végétales allant de la
garrigue à la forêt.
Sous des climats continentaux, la tranche
pluviométrique que reçoit notre zone, n'autoriserait que des
formations basses. Cette faible pluviométrie variant entre 350 et 500 mm
en moyenne par an avec des températures moyennes maximales respectives
de 36,2 et - 0,8°C suffisent pour permettre l'installation et le
développement de forêts à différents stades
d'évolution.
Ces formations végétales sont certes fragiles
mais adaptées aux conditions édaphoclimatiques locales. Ces
conditions écologiques situationnelles se distinguent par une faible
évapotranspiration hivernale, une évaporation réduite, des
sols généralement perméables permettant la constitution de
réserves en eau en profondeur que seules des racines puissantes et
pivotantes peuvent atteindre et utiliser. BIROT (1964) expliquait cette
particularité: " La solution feuilles toujours vertes et coriaces permet
à l'arbre méditerranéen de résister à des
conditions de vie médiocres en hiver, pires en été, avec
seulement deux saisons favorables non juxtaposées, le printemps et
l'automne. Cette deuxième particularité est lourde de
conséquence ".
La relation climat-végétation dans tous ses
éléments est importante et à l'origine des
caractères anatomiques, physiologiques et morphologiques particuliers
à la végétation du semi-aride où se distingue
l'adaptation du végétal à la sécheresse. Le
parallèle entre conditions thermiques et hydriques aux
différentes formes de végétation est appréciable
pour les diverses informations qu'il synthétise et offre. Cela permet la
détermination des principales espèces qui impriment au paysage
végétal leur cachet grâce à leur résistance
et surtout à leur adaptation aux conditions du milieu. La
végétation n'est en somme que la résultante et la
représentation fidèle des interactions entre les facteurs
climatiques, édaphiques et même anthropozoogènes.
Le climat, surtout dans notre région, joue un
rôle important dans la répartition des formations
végétales, les différents groupements
végétaux enregistrent les variables climatiques et s'expriment
par une présence ou une absence, un aspect général et une
composition floristique, une physionomie et une structure et enfin une
régénération symbole de pérennité. " On
conçoit... la possibilité de donner, à chaque groupement
végétal, la place naturelle qu'il occupe dans l'ensemble. Par
cette méthode, les groupements végétaux sont d'autant plus
rapprochés qu'ils croissent dans des conditions de milieu plus sensibles
et d'autant plus éloignés que le milieu est plus
différent. L'application de ces principes suppose la connaissance au
préalable du climat et du sol, du climat surtout ". (EMBERGER, 1930).
La caractérisation d'entité climatique et
l'individualisation de séries de végétation
décomposées en groupements végétaux selon les
variations des paramètres climatiques doit permettre de trouver une
relation ou un trait d'union entre le climat et la végétation.
Les travaux de QUEZEL (1976) et ALCARAZ (1982) sont assez significatifs et
donnent un aperçu global et fidèle de cette relation où
figure l'aire de répartition des principales essences par rapport aux
valeurs du quotient pluviothermique (Q) et à celles des
températures moyennes minimales (m). Le tableau N°
I résume ces individualisations et fait la relation
végétation-climat. La valeur des températures minimales
moyennes est prépondérante dans la présence et la
distribution des principales espèces végétales dominantes
des différentes séries de végétation.
Lorsque m est compris entre + 1 et + 4,2°C dans
l'étage bioclimatique semi-aride, il y a une concurrence entre le pin
d'Alep et le thuya, cette dernière élimine le pin d'Alep en
exposition sud et sur terrain caillouteux et perméable. Dans ces valeurs
ALCARAZ (1982) note : " On observe le plus souvent des peuplements mixtes de
ces deux essences avec dominance variable. Le pin ne vient que très
rarement et très localement en formations pures ". Quand m
est compris entre - 0,6 et + 1°C on se trouve en présence
de formations mixtes assez représentatives de la zone centrale avec les
trois espèces importantes par leur adaptation aux conditions
écologiques: le pin d'Alep, le thuya et le chêne vert; rarement
une de ces trois espèces peut se rencontrer à l'état pur.
Quand m se situe entre - 0,6 et- 1,9°C le thuya
45
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
disparaît et on se trouve en présence de peuplements
purs de pin d'Alep ou mixtes de pin d'Alep et chêne vert.
Pour relier végétation et climat QUEZEL (1976)
et dans d'autres de ses travaux a mis au point un découpage en
étage de végétation où il distingue trois
principaux: le thermo-méditerranéen, le
méso-méditerranéen et le
supra-méditerranéen. Pour chaque étage une série de
végétation est rattachée comme le résume le tableau
suivant:
Tableau 11 : Correspondance étage de
végétation et étage climatique.
THERMOMED.
|
MESOMEDITERRANEEN
|
SUPRAMED.
|
Oleo-lentiscetum
|
Quercetum illicis
|
Quercetum faginea
|
Oleo-ceratonion
|
Pinetum halepensis
|
Quercetum mirbekii
|
|
Tetraclinetum articulata
|
Quercetum suberis
|
Dans le thermoméditerranéen les paysages
forestiers sont rares, les matorrals arborés et garrigue y
prédominent pour les séries de l'Oléolentisque, de pin
d'Alep ou du thuya, des matorrals arborés et des maquis dans la
série du chêne liège. Dans le
mésoméditerranéen les matorrals se transforment en
garrigue, matorrals arborés issus de dégradation de groupement de
conifères. Dans le supra méditerranéen la
dégradation des fruticées sclérophylles en paysage de
pelouses ou d'ermes. Dans le même contexte il souligne:" dans la partie
occidentale de la région méditerranéenne, la forêt
de thuya est certainement le groupement végétal le plus
caractéristique de l'étage méditerranéen
semi-aride, il couvre de grandes étendues en Afrique du Nord... Cette
étage est aussi le territoire de prédilection du pin d'Alep, du
cyprès et du genévrier rouge, du pin pignon".
Il n'est pas douteux dans de telles conditions que certains
paysages de maquis et de matorrals doivent représenter des stades
paraclimaciques de la végétation, ces formations ne deviendraient
plus essentiellement des types de végétation d'origine
anthropique.
Dans l'étage semi-aride à hiver froid et frais,
le pin d'Alep domine généralement et élimine tous ses
concurrents quand la valeur de Q se situe entre 44 et 52 dans
la variante froide essentiellement; le pin d'Alep se trouve en antagonisme avec
le chêne vert seulement. Dés que m est
supérieur à + 1°C on note l'apparition espèces
thermophiles et le remplacement du chêne vert par le pin d'Alep et le
thuya, la valeur de Q est alors comprise entre 25 et 44.
Dans l'étage subhumide, à hiver froid et lorsque
Q est compris entre 66 et 93 le pin d'Alep ne résiste
pas au froid et à l'accroissement de l'humidité qui avantagent le
chêne vert et à un degré moindre le chêne
liège. Ceci explique pourquoi dans des zones le chêne vert
parvient à éliminer le pin d'Alep. Plus les valeurs de Q
sont élevées plus le pin d'Alep exige des valeurs de m
élevées pour se maintenir. Dans la variante fraîche le pin
d'Alep, le chêne vert et même le chêne liège se
concurrence, cependant quand m est compris entre 0 et +
1°C et Q entre 52 et 66 le chêne liège
disparaît.
Pour comprendre la répartition des espèces
forestières il serait plus intéressant d'établir un
climagramme avec la valeur du bilan hydrique corrélée avec l'aire
de répartition des espèces.
La classification dans un ordre décroissant des
espèces les plus dominantes et fréquentes dans
les étages bioclimatiques semi-aride et subhumide selon
leur amplitude climatique est la suivante:
1-Pinus halepensis 2-Quercus
coccifera
3 -Tetraclinis articulata
4-Juniperus oxycedrus 5-Quercus faginea 6-Quercus
suber
Pour les espèces ligneuses secondaires
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
1-Stipa
tenacissima
2-Ampelodema mauritanicum 3-Quercus
coccifera
4-Calycotome intermedia 5-Pistacia
lentiscus
6-Arbutus unedo
7-Phillyrea angustifolia
8-Cytisus triflorus
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