3-3.2 Traitement des données.
Depuis quelques années des méthodes statistiques
et mathématiques sont utilisées pour le traitement des
données écologiques. Ce procédé sera utilisé
pour faire une comparaison avec la démarche classique et
apprécier la rigueur et la représentativité de chacune des
méthodes.
3-3.2.1 Les analyses factorielles.
Depuis la mise au point de l'Analyse Factorielle des
Correspondances (BENZECRI, 1964 et CORDIER, 1965), cette méthode a
été utilisée avec succès par de nombreux auteurs
spécialisés en phytoécologie (GUINOCHET, 1973; BONIN, 1978
etc...).
L'interprétation des résultats repose sur l'examen
des différents renseignements fournis à l'issue du traitement, en
particulier:
- Le tableau des valeurs propres:
Inertie du nuage le long de l'axe,
Taux d'inertie (% de chaque valeur propre par rapport à
l'inertie totale du nuage)
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Histogramme des valeurs propres qui apprécie la
prépondérance des axes les uns sur les
autres.
Si les valeurs propres sont grandes, on observe au niveau des
axes, des groupes d'individus bien regroupés.
Le tableau des contributions (C.T.R et C.O.R):
Eléments importants dans l'interprétation. Les
contributions absolues (C.T.R) expriment la contribution d'un point dans la
constitution d'un axe. Les contributions relatives (C.O.R) expriment la
contribution da l'axe dans l'explication de la dispersion d'un point.
Les points ayant les fortes C.T.R ou C.O.R dans les deux
pôles c'est à dire du côté négatif et du
côté positif sont la base de l'interprétation de l'axe.
- La répartition des points au niveau des axes:
Si les axes ont de fortes valeurs propres, les groupes de
point sont bien individualisés. Dans le cas contraire, les points se
regroupent au centre des axes qui correspondent à la situation moyenne
et il est difficile de délimiter des groupes homogènes. Il est
alors préférable de faire recours à la classification
hiérarchique ascendante qui présente un intérêt
particulier dans le classement des relevés de
végétation.
3-3.2.2 Méthode phytoécologique.
Toutes les quantifications et appréciations faites sur
la végétation et les interactions avec le milieu ne pouvaient
être chiffrées et utilisées par la méthode
statistique et mathématique. De plus la démarche adoptée
obéissait essentiellement à une perception humaine
d'éléments écologiques et de visualisation de
l'organisation. Sur ce sujet DOBREMEZ (1972) soulignait: "L'ensemble de ces
méthodes a pour finalité d'accélérer le traitement
des données et d'ôter toute subjectivité aux études
écologiques. Le premier but est louable, le second illusoire...Quand
à l'objectivité des méthodes modernes c'est un leurre. Le
traitement est effectivement objectif, mais les données choisies,
collectées par les chercheurs sensibles à tel caractère
plus qu'à tel autre, sont entachées de cette fameuse
subjectivité qu'il faudrait arracher à tout prix des
études biologiques ". Le chercheur en découvrant sa zone
perçoit une foule de données qu'il arrive à
synthétiser et résumer par une phrase ou un mot: c'est cela la
subjectivité en matière d'écologie! Les méthodes
modernes ne traitent que des informations précises codifiées qui
sont transmises à la machine. Est-il possible de transmettre à la
machine tous les éléments perçus par l'esprit?
On a préféré travailler surtout avec la
« méthode traditionnelle » car nous avons jugé qu'elle
convenait au mieux à notre travail car tous nos recueils d'information
sur le terrain sont basés sur la conceptualisation de la notion de
facteur dominant et prépondérant qui est la finalité de la
perception.
L'étude de la végétation en vue de
connaître sa structure, sa dynamique et sa composition peut être
abordée en combinant plusieurs méthodes d'investigations:
-Méthode phytoécologique
analytique: cette méthode étudie le comportement de
chaque espèce vis à vis de chaque descripteur écologique.
Elle devrait aboutir en principe à des groupes espèces ou «
groupe écologique » qui ont même affinité vis à
vis de chaque facteur écologique. A ce sujet EZZAHIRI (1989) note: "
Mais il faut faire remarquer que dans le milieu naturel, les espèces
s'associent non pas en fonction d'une variable écologique mais
plutôt de la résultante de l'action des différentes
composantes du milieu ".
-Méthode phytoécologique
globale: elle repose sur l'utilisation conjointe des facteurs du
milieu, de la végétation et des peuplements pour définir
les groupements végétaux et parvenir ensuite à une
description détaillée de la végétation.
Chaque méthode a ses avantages et ses
inconvénients et pour palier aux lacunes éventuelles, nous avons
adopté une démarche qui combine à la fois les analyses
floristiques détaillées par placette et les conditions
écologiques (méthode phytoécologique).
Les données ont été codées et
traitées sur des bases numériques par l'analyse factorielle
des
correspondances et la classification hiérarchique
ascendante (C.H.A). Ces deux traitements se
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
complètent puisque le premier est une ordination, le
second une classification qui opère des césures à
l'intérieur de la matrice de base.
-Méthodes d'investigation sur terrain:
l'application de l'A.F.C à l'étude des groupements
végétaux de même que pour une exploitation classique de
l'information phytoécologique passe nécessairement par la
récolte de données floristiques. Celle-ci ont été
réalisées là où ont été choisies les
placettes dendrométriques et descriptives. ces placettes sont de forme
carrée, de 400 mètre-carrés de surface, nettement
suffisante pour représenter l'aire minimale du groupement
végétal et surtout pour pouvoir apprécier la dynamique et
la structure comparées entre placette.
Chaque relevé de végétation consiste en
un inventaire complet de toutes les espèces ligneuses présentes,
en affectant chacune d'elle des deux indices d'abondance-dominance et
sociabilité. Le premier exprime l'espace occupé par la projection
au sol de l'ensemble des individus d'espèce. L'échelle
utilisée est celle de BRAUN-BLANQUET (1961):
+: espèce simplement présente (recouvrement et
abondance quelconque
1: espèce abondante et recouvrement faible ou assez peu
abondante
2: espèce très abondante avec un recouvrement
supérieur à 5%
3: abondance quelconque avec un recouvrement compris entre 25 et
5O%
4: abondance quelconque avec un recouvrement compris entre 5O et
75%
5: abondance quelconque avec un recouvrement supérieur
à 75%
La sociabilité traduit quand à elle le mode de
distribution des individus de la même espèce les uns par rapport
aux autres.
Cinq indices sont définis:
1: individus isolés
2: individus en groupe
3: individus en troupe
4: individus en petites colonies
5: individus en peuplement continu
-Dépouillement des données: une
liste de toutes les espèces est dressée en vue de faire une
classification par ordre alphabétique et numérotées. Un
tableau de correspondance floristique est réalisé avec les
données de base sous forme d'une matrice à double entrée
où les espèces végétales sont en lignes et les
relevés sont disposés en colonnes. A l'intersection des deux
lignes figure l'indice de présence d'espèce ou son
abondance-dominance.
Pour le premier codage, nous utiliserons le critère (
0, 1 ) qui correspond à l'absence-présence. Ce type de codage a
l'avantage de discriminer les groupements végétaux. VEDRENNE
(1982) a conclu que l'apport des analyses numériques ne tenant compte
que de la présence-absence des espèces semble être plus
grand que celui où les Coefficients d'Abondance Dominance interviennent
dans le calcul.
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