2-APERÇU HISTORIQUE SUR LES FORETS
L'étude de la végétation n'a de
signification que si tous les facteurs qui la conditionnent sont
maîtrisés ou du moins identifiés. Le milieu humain et son
impact sur et dans le domaine forestier mérite une brève
analyse.
2-1 SITUATION DE LA COLONISATION A L'INDEPENDANCE
(1830-1962).
Les renseignements avant cette période sont peu
nombreux et surtout imprécis donc peu fiables que ce soit dans le
domaine de la répartition, de la superficie, de la description ou de
l'utilisation des forêts. Pourtant c'est pendant l'époque romaine
et musulmane que la couverture végétale du pays et de l'Oranie en
particulier a subit des dégradations importantes.
La période coloniale peut être assez bien
cernée garce notamment aux travaux de synthèse de BOUDY
(1948-1954) que nous n'avons point la prétention de résumer mais
plutôt de mettre en relief les faits saillants ayant une incidence
directe sur la couverture végétale. Pour résumer la
situation des forêts durant cette période trois étapes sont
à retenir:
- 1830-1930: déforestation liée
à la conquête coloniale, suivie d'une extension des terres
agricoles au détriment exclusif des formations forestières en
équilibres. Les besoins en bois ont été satisfaits par le
biais de défrichements alarmants permettant en même temps
l'installation massive des colons. De par les différents objectifs
qu'atteignaient ces actions: disponibilité de bois, augmentation de la
surface agricole, facilité d'installation et refoulement des populations
locales. Le défrichement est la caractéristique principale de
cette période. La création de ressources financières
imposait une exploitation abusive des subéraies et des nappes
alfatières.
- 1939-1946: les besoins en bois de chauffage
dans le continent s'accentuaient durant la deuxième guerre mondiale et
toutes les forêts vont subir la plus intense et meurtrière
exploitation de leur histoire durant plusieurs années de suite. Ceci
s'est traduit par une surexploitation dont les conséquences se font
sentir même de nos jours car toute la structure de la
végétation et la physionomie des formations et des peuplements
ont été perturbées en plus du défrichement.
- 1954-1962: suite à une
période de défrichement et une autre de surexploitation vient une
troisième caractérisée par une volonté manifeste de
destruction. Les principales formations
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
végétales en place étaient à plus de
6O% des maquis furent soumis à des bombardements et des incendies
meurtriers qui anéantirent le restant de forêt.
Cette dégradation du milieu naturel et cette
déforestation à outrance menées sur plus d'un
siècle ont eu pour conséquence:
- sur le plan humain une déstructuration totale du
milieu rural par le refoulement des paysans parés leur
dépossession de leur unique et irremplaçable bien qu'est la
terre. La subsistance même de cette population versée depuis des
millénaires au travail de la terre est remise en cause. Les conditions
de vie précaires auxquelles s'affrontait cette population ont eu pour
conséquence l'utilisation à outrance de ce qui restait de la
végétation ligneuse. Ainsi d'utilisateur rationnel et en harmonie
avec les possibilités qu'offrait le milieu forestier, l'homme
déstabilisé est devenu un facteur dégradant.
- sur le plan physique en plus de la diminution remarquable du
taux de boisement de la région il y a toutes les répercussions
qui en découlent et surtout le déclenchement de processus de
l'érosion véritable plaie des terrains productifs capables de
retenir et subvenir aux besoins tant des populations que de leurs troupeaux.
- sur le plan économique on assiste à un
épuisement constant des réserves forestières avec un
déséquilibre accentué où un stade
irréversible est atteint par endroit ne permettant point un retour
à l'équilibre même avec d'énormes sacrifices.
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