13- REFLEXIONS POUR LA SAUVEGARDE DE LA
VEGETATION.
Face aux agressions multiples et complexes auxquelles doit
faire face en permanence les différentes formations
végétales des monts de Tlemcen et des monts de Dhaya, des mesures
urgentes sont à prendre pour sauvegarder les écosystèmes
forestiers. Les résultats obtenus après dix années de
recherche nous permettent d'émettre des réflexions qui peuvent
être sujettes à des critiques car les objectifs recherchés
sont ceux d'un forestier et d'un protecteur de la nature. Notre souci majeur
était d'identifier les principaux facteurs dégradants pour
pouvoir les prendre en charge, de comprendre le dynamisme végétal
face à l'impact de ces facteurs, d'apprécier la résistance
des espèces et d'identifier le processus de dégradation.
Il faut se rendre à l'évidence, devant la
gravité de la situation dans laquelle se trouve nos
écosystèmes forestiers qui n'arrivent pas à faire face
à leurs agresseurs, que la surface que perd annuellement la couverture
forestière sur ces deux monts est alarmante et laisse perplexe, 10.000
ha en moyenne par an. A cela s'ajoute les prélèvements
incontrôlés de bois évalués à 2 stères
par hectare et par an. Devant cette agression qui est en voie de devenir
irréversible, une action réfléchie, conséquente et
surtout urgente est à entreprendre.
13-1.ACTIONS A ENTREPRENDRE.
Elles sont limitées puisque le processus de
dégradation est en pleine expansion par l'intensité de son
agressivité. Toutes les mesures à prendre doivent se concentrer
sur les axes suivants:
1-Toutes les techniques culturales,
sylvicoles, de plantation et d'extension du patrimoine forestier doivent cesser
d'être appliquées sans être sûr des résultats
obtenus sur des placettes expérimentales mises en place dans plusieurs
zones homoécologiques localisées dans tous les types de
végétations soumises à différentes formes de
pression.
2-Recenser toutes les espèces ayant
prouvé une certaines résistance à l'action
authropozoogéne et engager un programme de multiplication en
pépinière.
3-Rejeter toute technique de
préparation mécanique du sol qui supprime la
végétation en place et opter pour des travaux en bandes ou le
sous solage doit être recommandé pour ne pas perturber les
horizons du sol en place tout en recherchant l'augmentation de la profondeur,
l'ameublissement des horizons superficiels.
4-L'importance du sous-bois doit être
réhabilité dans tous les reboisements, il serait plus
intéressant de préparer la plantation de l'espèce
principale par l'introduction d'espèces secondaires qui offrent beaucoup
plus de chance et de faculté de réussite aboutissant à la
création d'un microclimat recherché par les jeunes plants.
5-Favoriser la
régénération naturelle par des travaux superficiels du
sol, des éclaircies selon les espèces et surtout favoriser les
espèces feuillues qui donnent une matière organique permettant la
germination des graines et l'activation de la régénération
naturelle.
6-Eliminer toutes les coupes rases ou les
coupes de régénération car la disparition de la strate
arborescente contribue à la diminution de la
régénération naturelle par l'ouverture de la parcelle
exploitée au parcours au regard de l'abondance de la strate
herbacée.
7-Multiplier dans toutes les actions de
boisement ou de reboisement les espèces qui rejettent de souche pour
encourager le taillis sous futaie. Introduire des espèces feuillues sous
toutes les futaies résineuses notamment lorsque le sous-bois est
faiblement représenté et que la densité n'est pas
élevée.
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
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1996
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8-Accroître le taux de réussite
des reboisements par révision de la densité en baisse (de 1600
à 1000 au maximum) pour mettre à la disposition des plants un
espace important qui se traduira par des disponibilités
élevées en eau et en éléments minéraux.
9-Aider toutes les formations
végétales, quelque soit le stade de dégradation qu'elles
ont atteint, à se maintenir même si elles ne sont pas
intéressantes économiquement car elles constituent la seule
armature végétale en place et en équilibre avec les
conditions du milieu.
10- Faire obligation à toutes les entreprises quelque
soit leur statut à mettre en place au moins 30% de la densité de
plantation en espèces secondaires. Le producteur de plants doit en
premier lieu honorer cette disposition technique qui ne sera appliquée
que sur des zones où l'intensité de la dégradation est
extrême, sur des terrains accidentés où la
végétation à installer aura dans un premier temps un
rôle de protection.
11- Mettre au point une association
élevage-forêt-riverains pour atteindre un équilibre
basé sur la satisfaction des besoins de la population qui exerce un
impact permanent sur la végétation. Cet objectif ne peut
être atteint que par la mise en place d'un code forestier axé sur
une utilisation rationnelle et scientifique des groupements forestiers tout en
leur assurant une évolution et un équilibre. Un assainissement du
secteur forestier est indispensable en prenant en charge des actions de base
telle que la cartographie des formations et des peuplements, la maîtrise
de la dynamique des écosystèmes et l'évaluation de la
productivité. L'association des secteurs de l'agriculture, de
l'hydraulique et des forêts est une nécessité pour parfaire
l'adéquation entre les principales composantes de
l'écosystème.
12- Définir une méthodologie de
préparation de toutes les formations végétales à
une évolution qui doit les orienter à moyen et long terme
à une disponibilité à recevoir des travaux
d'aménagement. La priorité sera accordée au
développement des espèces principales et secondaires dont le
rôle est déterminant dans leur aire écologique.
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