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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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III-3- CONSTRUCTION DES INFRASTRUCTURES SOCIALES

III-3-1-NGOYANG

> La construction du foyer (SAILD-APE, PPAV)

La construction du foyer cadrait avec l'avènement du projet SAILD-APE qui c'était implanté à Lolodorf en Septembre 1994. A cette occasion, il avait été demandé à certains responsables Bakola, notamment le chef NKORO, NGALLY Sadrack et d'autres leaders ce qu'il fallait faire pour concrétiser la scolarisation des enfants Pygmées. Au sortir de cette concertation, les responsables du projet avaient compris que les Pygmées étaient défavorisés parce que la plupart des hameaux étaient situés en forêt et très loin de l'école. Il était donc question de mettre sur pied un centre pour regrouper les élèves de la SIL au CM2 ; La semaine de classe terminée, les enfants pouvaient retourner le week-end voir leurs parents dans les campements. Le reste de la semaine ils habiteraient au foyer. Le but visé par la construction de ce foyer était de faire chuter le taux de désertion et d'absentéisme très élevé des enfants Bakola scolarisés. L'éloignement des campements pygmées de l'école publique de Ngoyang contribuait fortement au phénomène des déperditions scolaires des enfants pygmées. C'est ainsi qu'est né le foyer scolaire pour enfants Bakola de Ngoyang.

L'idée de construction du foyer c'était faite au départ avec l'adhésion et la participation de toutes les communautés implantées à Ngoyang. Que ce soient les Ewondo, les Ngoumba ou les Pygmées, tout le monde avait adhéré à l'idée de construction du foyer. La construction du foyer s'est faite avec la contribution et la participation de toutes les populations de Ngoyang. Les Ngoumba avaient fourni une quantité importante de sable comme contribution, les Ewondo ont apporté une contribution financière ainsi que les

Pygmées. Au cours de nombreuses réunions de sensibilisation et d'information des populations de Ngoyang au sujet de la construction du foyer aux enfants Bakola, il était clairement ressorti qu'au lieu de construire seulement le foyer qui sera pour les élèves pygmées, il faut également reconstruire l'école publique de Ngoyang qui sera pour toutes les populations. Ce qui explique l'état actuel des locaux de l'école publique du village. Au départ, cette école était en matériaux provisoires. L'école et le foyer ont donc été construits avec la venue du projet SAILD-APE. La mise en oeuvre du projet prévoyait que l'école publique soit ouverte à tous les enfants de Ngoyang. Mais pour ce qui était du foyer, seuls les enfants Bakola pouvaient être admis. Le foyer avait été pensé pour favoriser l'intégration scolaire des apprenants Bakola, afin qu'à l'instar de leurs voisins bantous qu'ils puissent eux aussi améliorer leur taux de scolarisation.

> La construction des maisons (CBCS)

Le projet de construction des maisons dans les campements pygmées de Lolodorf et de Bipindi par la CBCS survient au courant de l'année 2002. En effet, la CBCS en tant qu'organisation à vocation ornithologique avait constaté dans le cadre de ses activités autour du massif forestier de Ngovayang que le picartharte chauve était menacé d'extinction. La disparition de cet oiseau avait deux causes principales. La première cause identifiée était que les Bakola/Bagyelli menaient une chasse abusive autour de cette espèce. La seconde était liée au grand intérêt que les Bakola/Bagyelli accordent à sa chair pour la consommation. Il devenait donc urgent pour les responsables de CBCS de mettre en oeuvre un plan de protection et de conservation du picartharte chauve. La stratégie qui fût retenue prévoyait que pour protéger l'oiseau, il fallait détourner les pygmées de leurs activités cynégétiques qui avaient des graves conséquences sur la survie de cette espèce. Le plan adopté visait dès lors à mettre en place un projet qui mettra l'accent sur le développement des activités alternatives qui pourront contribuer à occuper les Bakola/Bagyelli et les conduire à l'abandon progressif de la pratique de la chasse du picartharte chauve.

La mise en oeuvre du projet visait de la part des promoteurs à améliorer globalement les conditions de vie des populations pygmées concernées. Le programme avait été financé par le DFID (Department for International Development) et courait sur une période allant de 2002 à 2006 pour ce qui était de la première phase. Le projet fut baptisé : « Amélioration des droits et des conditions de vie des peuples autochtones Pygmées autour du massif de Ngovayang ». Parmi les grands axes du projet, le volet construction des maisons aux Bakola/Bagyelli revêtait un intérêt majeur. La construction des maisons visait en quelque

sorte à sédentariser les Pygmées et à les éloigner des activités de braconnage. Toutefois, il est fondamental de rappeler que même si le projet était orienté en direction des Pygmées, ceux-ci n'avaient pas été consultés au sujet du bienfondé et de la pertinence du projet. La construction de ces infrastructures c'était faite sans concertation préalable avec les principaux bénéficiaires. Ils ont juste été informés qu'on était venu pour leur construire des maisons d'habitation. Tout ce qu'ils avaient à apporter comme contribution à la réalisation du projet c'était de déblayer un site sur lequel la case devait être construite. Le projet prévoyait dans son aspect pratique à laisser les Bakola recouvrir les murs de glaise (poto-poto) une fois l'implantation et le tôlage de la maison achevés par le technicien en charge de la construction de ces habitats. La photographie ci-dessous, montre une des nombreuses maisons qui ont été construites par la CBCS dans le cadre de ce projet.

Photo 14: Maison appartenant à SEH Bernard construite par la CBCS Source : Aristide Bitouga (Mimbiti II, 2009)

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