II1- 1-2-Village de lisière (mboga ou kwato)
L'apparition du village de lisière marque le
début de la sédentarisation des Bakola/Bagyelli. Cette vie
semi-sédentaire remonte, d'après nos informateurs Bakola,
à la période d'avant les indépendances du Cameroun.
D'après NKORO Joseph, chef du groupement Bakola de Lolodorf, «
Les Pygmées furent sommés de quitter les forêts pour
venir s'installer aux abords des routes ». L'Etat naissant visait,
à travers cette mesure conservatoire, à avoir la main mise sur
toutes les populations qui vivaient sur le territoire national. «
Pendant la guerre des indépendances, poursuit notre
informateur, les Pygmées furent accusés d'être de
connivence avec les combattants nationalistes. Selon Nkoro : « On
avait accusé nos parents de cacher les rebelles dans la forêt et
de fabriquer des fétiches pour les rendre invulnérables aux
assauts des ennemis». Dès lors, les Pygmées, sous
l'effet des menaces et des représailles, durent se résoudre
à adopter cette vie de semisédentarisme. Notre informateur
poursuit en ces termes : « C'est ainsi que de façon très
timide nos parents ont commencé à venir s'installer aux abords
des pistes des villages bantous41. »
L'existence d'un village fixe et permanent est liée au
développement des activités agricoles chez les Bagyelli. Le plan
proprement dit d'un tel village ne suit pas un schéma type, mais
répond, malgré tout, à un certain nombre de
caractères que l'on ne retrouve pas en campement provisoire de
forêt. Le choix de l'emplacement d'un village de lisière est
stratégique dans ce sens qu'il tient compte des relations qu'ils
entretiennent avec les Bantou. Ce critère est déterminant dans le
choix du site du village. Les rapports socioéconomiques
privilégiés avec certaines familles bantoues expliquent la
présence des villages Bagyelli permanents à proximité des
axes routiers.
Au centre ou à l'entrée du village se dresse un
auvent. Ce lieu social typiquement bantou est avant tout un espace convivial,
mais fait aussi office de case à palabre oü l'on reçoit les
visiteurs. Cette construction quadrangulaire, dépourvue de cloisons,
est, de plus, un
41 Nkoro joseph, chef du groupement Bakola de
l'arrondissement de Lolodorf ; entretien réalisé le 28
décembre 2009 à Nkouonguio-chefferie
lieu de sieste privilégié : les Bagyelli peuvent se
reposer à l'ombre de la toiture en panneau de raphia, tout en
bénéficiant du rafraîchissement occasionné par les
déplacements d'air.
Photo 9: Auvent traditionnel construit par les Bakola de
Ngoyang Source : Aristide Bitouga (Matsindi 2009)
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