CHAPITRE TROISIEME : BAKOLA/BAGYELLI ET CONSTRUCTION
DES INFRASTRUCTURES SOCIALES A BIDJOUKA ET A NGOYANG
III-1- BAKOLA/BAGYELLI ET OCCUPATION DE L'ESPACE
Dans cette section, nous allons présenter l'occupation
de l'espace par les Bakola/Bagyelli. Il s'agira de faire ressortir les
caractéristiques d'un campement de forét et ceux du village de
lisière. Nous ferons également une présentation de
l'habitat Bakola/Bagyelli. Une section sera consacrée à la
construction des infrastructures sociales et enfin nous aborderons la question
de la représentation culturelle de ces infrastructures par les
Bakola/Bagyelli.
III- 1-1-Campement de forêt (mbasa)
C'est l'habitat construit par les Bagyelli lorsqu'ils
s'absentent plusieurs jours du village de lisière pour leurs
activités cynégétiques. Le type d'habitat reste
foncièrement le méme, qu'il s'agisse d'un camp de ligne de
pièges, d'un bivouac pour quelques jours ou d'un camp de chasse
collective pour plusieurs semaines. Là encore, la forme standard de
construction est quadrangulaire, mais de facture considérablement
simplifiée et de matériaux très légers. L'espace
vital est réduit au minimum, l'essentiel de la journée se
déroulant au grand jour. Les boucans de viande, sont
aménagés à l'extérieur des huttes. Comparé
au village permanent, le campement de forêt occupe un espace
considérablement ramassé. La séparation en quartier n'est
plus de rigueur (durant le séjour en forêt, le principe de vie
communautaire acquiert toute son expression).
Le choix de l'emplacement d'un campement est stratégique
dans le sens où il tient compte de :
-la présence de gibier. En camp de chasse, ce
critère reste, bien entendu prépondérant ;
-la configuration physique des lieux : faible densité
en gros arbres pour faciliter le dégagement du site ; un sol
relativement meuble( pour faciliter l'ancrage de l'ossature de l'habitat) et
peu inondable : la proximité d'un cours d'eau( pour la consommation, les
préparations de repas, la toilette et les besoins naturels) ; on
évite le voisinage d'un arbre mort pour pallier tout accident
causé par sa chute éventuelle ; facilité à se
procurer les matériaux de construction ; les Bagyelli
privilégient aussi l'utilisation de sites naturels propices à
l'occupation humaine (abris sous roches,...).
Lorsque la communauté est structurée en
plusieurs clans, chacun se regroupe en quartier. Les entrées des cases
d'un méme quartier sont toutes orientées vers une cour centrale
commune ce qui illustre la structure foncièrement collectiviste de la
société pygmée. Ainsi, durant la journée, les
entrées de case ne sont jamais fermées (sauf si l'ensemble de
la
communauté s'absente pour plusieurs jours :
l'obturation de l'entrée informe l'éventuel visiteur de l'absence
prolongée des occupants), et la nuit, si un panneau d'écorce fait
office de porte, c'est plus par souci de maintenir à l'intérieur
la chaleur dégagée par le feu et éviter l'intrusion
d'animaux sauvages que de se dissimuler aux yeux du reste de la
communauté.
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