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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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II-3-2-2-La théorie du conflit

Dans cette section, il sera question de présenter l'Ecole de Manchester et les principaux théoriciens.

II-3-2-2-1- L'Ecole de Manchester

L'Ecole de Manchester a mis sur pied un important projet de recherche anthropologique dans les régions rurales et urbaines de l'Afrique Centrale britannique des années 1950 et 1960 ; Ces recherches étaient coordonnées par le Département de l'Anthropologie Sociale de l'université de Manchester et la Rhodes-Livingstone Institute. Les innovations théoriques et méthodologiques qui aboutirent à ce projet coopératif n'étaient qu'une suite de celles qui avaient été initiées dans le même domaine de recherche par Max Gluckman au début de sa carrière académique comme agent de recherche pour l'Institut. Plus tard, il devint le tout premier professeur du Département d'Anthropologie sociale à l'université de Manchester. Ses étudiants, plus tard, dans le cadre de leurs travaux de recherche développèrent des approches théoriques et méthodologiques de Gluckman qui, éventuellement, aboutirent à la mise en oeuvre d'une école de Pensées: l'Ecole de Manchester. Tout au long de sa carrière, Gluckman a joué un rôle majeur dans la création de l'Ecole de Manchester.

Quelques thèmes sont considérés comme caractéristiques des approches de recherche de l'Ecole de Manchester. Ses Théoriciens ont examiné des situations de conflit qui sont contenues dans un ordre apparemment établi, qui est perpétuellement menacé par le refus des individus à accepter des compromis qui ne satisfassent pas leurs besoins immédiats. L'Ecole

36 Albert Ogien, «A quoi sert l'ethnométhodologie?», Critique, n° 735, 2008.

de Manchester se caractérise par son intérêt pour le conflit et sa focalisation méthodologique sur l'analyse des situations réelles; Les étudiants collectaient les données à partir des observations faites sur les actions sociales des individus et les décrivaient de façon très détaillée. Leurs investigations démontrèrent un intérêt pour le processus social dans des cas concrets de conflit et de résolution de ceux-ci.

II-3-2-2-2- Les théoriciens
II-3-2-2-2-1- Max Gluckman

Max Gluckman (1911-1975), est né à Johannesburg, Afrique du Sud des parents russojuifs. Il étudia l'Anthropologie à l'université de Witwatersrand de 1928-1939, sous la direction de Mme A.W.Hoernlé et Schapera. En 1938, il se rend à l'université d'Oxford oü il décrocha son Ph.D deux ans plus tard. Entre 1936 et 1938, Gluckman a mené des travaux de recherche dans le pays Zulu. De ses expériences de terrain il rédigea entre autre essais : Le Royaume Zulu de l'Afrique du Sud et Analysis of a social situation in Modern Zululand. Gluckman a développé plus tard son point de vue sur la question de l'opposition segmentaire qui est le point central de la théorie du conflit. Gluckman a développé sa propre approche théorique sur les modes d'opposition et les conflits oü il approuve l'idée de l'expression d'équilibre à travers le conflit en opposition segmentaire et a insisté sur les multiples allégeances sociales orchestrés par les acteurs des groupes d'opposition. Il était influencé par le travail des néo-structuralistes d'Oxford, particulièrement par les premiers travaux d'EvansPritchard. En 1939, Gluckman se rendit en Rhodésie du nord comme chercheur de la Rhodes-Livingstone Institute. Là, il mena des travaux de recherche parmi les Barotseland. En 1941, ses travaux furent suspendus après qu'il ait prit les commandes de la dite Institut. Peu après, il retourna à Barotseland où il focalisa ses recherches sur les processus judiciaires des cours tribales de Barotse. A partir des données collectées, il publia deux livres de grande importance : The judicial process among the Barotse of Northern Rhodesia37(1955) et The Ideas in Barotse jurisprudence38(1965). Dans ses descriptions et analyses, Gluckman démontre son intérêt pour les tribunaux et leur rôle en tant que agents de moralité; En 7947, il quitta l'Institut pour un poste d'enseignant à Oxford. Deux plus tard, il renonce à son poste à Oxford pour une nomination à l'université de Manchester comme le tout premier professeur d'Anthropologie sociale. Gluckman forma la plupart des chercheurs, ceux qui étaient désignés comme agents de recherche et pourvu à un cadre académique pour eux après leur retour sur le

37 Gluckman ; 1955, The judicial process among the Barotse of Northern Rhodesia

38 Gluckman ; 1965, The Ideas in Barotse jurisprudence

terrain en Afrique Centrale. Leurs premiers rapports étaient généralement présentés lors des séminaires de Gluckman à l'université de Manchester.

II-3-2-2-2-2- Michel Crozier

Né à Sainte-Menehould, Michel Crozier étudie à l'École des Hautes Etudes Commerciales (HEC) avant d'effectuer son premier séjour aux États-Unis (1949-1950), où il réalise une étude sur les syndicats américains. Après avoir intégré le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à son retour en France, il se consacre à la sociologie du travail, dans le sillon de Georges Friedmann, et se distingue en inscrivant sa démarche sociologique dans un travail de terrain et d'enquête. Son analyse du Centre des chèques postaux de Paris, en 1954, est ainsi suivie d'une enquête sur le fonctionnement du Monopole français des tabacs et allumettes, qui trouvent un certain écho en France et dans de nombreux pays.

Après un deuxième séjour déterminant aux États-Unis, à l'université Stanford (Californie), en 1959-1960, Michel Crozier fonde en 1961 le Centre de sociologie des organisations. En 1964, il publie son premier ouvrage important, le Phénomène bureaucratique39, fortement influencé par les études culturalistes américaines, qui conçoivent la culture comme un système de comportements conditionnés par l'éducation et le milieu social. L'ouvrage décrit le fonctionnement d'une administration française marquée par la centralisation des décisions, qui engendre la peur du face-à-face et qui aboutit à l'isolement de chaque catégorie hiérarchique ainsi qu'au développement de relations de pouvoir parallèles. Le fonctionnement et les dysfonctionnements des systèmes bureaucratiques y sont analysés à travers la manière dont les acteurs pratiquent entre eux le jeu de la coopération ou celui du conflit.

Michel Crozier mène parallèlement une réflexion méthodologique dans le cadre de l'analyse stratégique, qu'il expose dans un ouvrage écrit avec Erhard Friedberg, l'Acteur et le Système40. Élargissant son analyse, il s'efforce de saisir des situations concrètes, déterminées par le système de pouvoir propre à une organisation. Il parvient à la conclusion que, loin d'exécuter passivement une règle transmise d'« en haut », l'acteur conserve toujours une marge de liberté : il s'insère en fait dans un système d'actions concret, terme qui désigne la

39 Crozier, M ; 1965, Le phénomène bureaucratique ; Paris, Editions du Seuil.

40 Crozier, M & Friedberg, E ; 1977, L'acteur et le système ; Paris, Editions du Seuil

multitude des jeux complexes régissant les conduites humaines et orientant les stratégies. Selon Michel Crozier, l'imbrication des diverses actions crée des « zones d'incertitude » : du fait que l'on ne peut pas prévoir si les acteurs adoptent une stratégie de coopération ou d'affrontement, l'issue de toute réforme est aléatoire.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe