I- 1-3-L'aspect socioculturel et économique
I- 1-3-1-/ 'RungsntiRosRbinle
a- Vie politique
Bidjouka est un village où cohabitent deux chefferies.
On a le siège de la chefferie de groupement qui compte sept villages de
Bingambo jusqu'à Lambi. La chefferie traditionnelle de troisième
degré qui comptait au départ trois chefs de quartier. Avec
l'accroissement de la population, le nombre de quartiers est passé de
trois à cinq (Mbikiliki-Oranger, Bambi -- Maschouer Maschouer, Centre,
Condor et Atlantique). Les chefs de quartier sont nommés par le chef de
village. La vie politique à Bidjouka de par cette cohabitation de deux
chefferies est très complexe. Parfois la chefferie de groupement semble
l'emporter sur les affaires du village. L'organisation politique actuelle du
village Bidjouka remonte à 2004. Le mandat du chef de quartier
dépend du bon vouloir du chef de village qui peut à tout moment
décidé de destituer un chef pour le remplacer par un autre.
Toutefois il faut également souligner que la longévité du
chef de quartier dépend aussi des relations qu'il entretient avec ses
populations. Quand ces relations sont mises à mal, les populations
peuvent rencontrer le chef de village pour lui faire part de leur
mécontentement et demander à ce que le chef de quartier soit
destitué de ses fonctions. En ce moment il revient au chef de village
d'apprécier la situation et de se prononcer au sujet du maintien ou de
la destitution de celui-ci.
b- Vie religieuse
Au jour d'aujourd'hui, on note qu'à Bidjouka, les
croyances sont multiples et cohabitent en parfaite harmonie: Catholiques,
Protestants (L'EPA : Eglise Protestante Africaine), Eglise
Néo-Apostolique, Eglise Adventiste du 7ème jour,
Eglises de Réveil, Baptistes, Pentecôtistes), Témoins de
Jéhovah et Animistes.
I- 1-3-2-/ ' Education
Le village, de par son étendue (15km), compte trois
écoles publiques (BidjoukaBambi, Centre et Atlantique) et un
collège d'enseignement secondaire. Le taux de scolarisation des enfants
en âge de fréquenter est relativement élevé à
Bidjouka. Pour la
13 Ces informations ont été
collectées auprès de M. MBA Léopolde, représentant
du chef de groupement de Bidjouka. Entretien réalisé le 06
février 2011 à Bidjouka-Oranger.
présente description, nous allons davantage nous
intéresser sur l'école publique de BidjoukaBambi qui se trouve
dans la zone qui a servi de cadre de référence pour nos travaux
de recherche. La majeure partie des effectifs de l'école publique de
Bidjouka-Bambi est composée des enfants bantous et de quelques enfants
Bakola qui sont faiblement représentés. Cette situation est
dû au fait que la plupart des enfants Bakola en âge de
scolarisation sont pris en charge soit par le FONDAF à Bipindi, soit par
les Petites Soeurs de Jésus à Ngovayang. Il faut tout de
même déplorer le fait que cet encasernement des enfants Bakola a
comme revers leur difficile intégration dans la société
globale parce qu'une fois sortis de ces centres d'accueil, ils ont du mal
à s'intégrer dans un environnement qui ne leur est pas familier.
Malgré ce faible taux de représentativité des
élèves pygmées, on note que le petit nombre qui s'y trouve
réussit à s'imposer et à obtenir des bons résultats
en fin d'année scolaire.
Le phénomène des déperditions scolaires
observé à l'école publique de BidjoukaBambi est un
handicap sérieux à l'émancipation intellectuelle des
jeunes pygmées. Parlant de la répartition par genre des enfants
Bagyelli, les garçons sont plus nombreux et plus constants dans leur
cursus scolaire que leurs soeurs. Les filles disparaissent
généralement à l'approche de la saison de la cueillette.
Celles-ci sont plus proches de leur maman pendant cette période
(Décembre-Février). Les jeunes femmes vont à la
pêche avec leur mère pour les aider à attraper du poisson.
A contrario, pendant cette période, les pères ne sont pas
très proches de leurs fils. Ils préfèrent se faire
accompagner par leurs épouses pour mener leurs activités
cynégétiques. Ce court développement nous permet de
comprendre le fort taux de déperdition scolaire observé chez les
jeunes filles Bagyelli scolarisées.
La photographie ci-contre montre une vue de face de
l'école publique de Bidjouka-
Bambi.
Photo 1:Ecole publique de
Bidjouka-BambiSource : Aristide BITOUGA (Bidjouka 2011)
Le tableau ci-dessous présente un rapport
séquentiel des élèves Bagyelli de l'école publique
de Bidjouka-Bambi pour le compte de cette année scolaire 2010-2011.
C'est un outil pédagogique qui permet de suivre au quotidien la
régularité et les résultats de chaque enfant Ngyelli qui
est régulièrement inscrit. A partir de ce tableau, le
maître peut apprécier l'état de progression de ces
apprenants qui ne sont pas toujours faciles à encadrer.
Classes
|
Noms et prénoms
|
Nombre d'absences
|
Causes d'absences
|
Nombre retard
|
Nombre déperdition
|
Moyenne obtenue
|
1ère
séquence
|
2ème
séquence
|
3ème
séquence
|
CM 2
|
MABALLI Guillaume
|
/
|
/
|
/
|
/
|
12.91
|
13.94
|
11.83
|
CM 2
|
NZOUANG Jean
|
/
|
/
|
/
|
/
|
9.94
|
10.91
|
9.84
|
CE 2
|
MBA Maurel
|
02
|
maladie
|
05
|
/
|
9.91
|
10.81
|
9.53
|
CE 2
|
EYENGA Pauline
|
/
|
/
|
/
|
/
|
8.24
|
10.30
|
9.84
|
CE 1
|
MIMBIANG Anne
|
07
|
maladie
|
08
|
/
|
11.30
|
11.20
|
11.34
|
CE 1
|
MIMBIANG Valérie
|
/
|
/
|
/
|
/
|
10.81
|
11.91
|
11.54
|
CE 1
|
MBOUAMBANDI Christian
|
03
|
Non justifiées
|
/
|
/
|
8.31
|
9.98
|
9.15
|
CP
|
NZIE Louis
|
09
|
Non justifiées
|
/
|
/
|
10.81
|
11.18
|
12.83
|
SIL
|
MBPOAPFOURI Victor
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
12.30
|
11.61
|
SIL
|
NGOUANDE Suzanne
|
02
|
maladie
|
02
|
/
|
/
|
9.81
|
13.20
|
SIL
|
BEH Léonard
|
11
|
Déplacement des parents
|
03
|
/
|
/
|
10.92
|
12.81
|
Tableau 1 : Rapport séquentiel des
élèves Bagyelli de l'école publique de Bidjouka -Bambi
(Année scolaire : 2010-2011)
Source : Aristide BITOUGA/M. Paul MAVIAN (Directeur de
l'école publique de Bidjouka-Bambi)
Le tableau ci-dessous présente sur une période
de trois années scolaires (2008-2009, 2009-2010, 2010-2011) les
différents effectifs (par classe, genre et nombre) des
élèves de l'école publique de Bidjouka-Bambi. A partir des
données mentionnées, on peut remarquer la faible
représentativité des enfants Bagyelli dans cette école.
Les raisons liées à ce faible taux
ont été données plus haut dans le texte
argumentatif. On observe que le nombre d'enfants Bagyelli certifiés est
très faible.
Année scolaire
|
2008-2009
|
2009-2010
|
2010-2011
|
Effectifs des élèves
Bagyelli
|
Classes
|
G
|
F
|
Classes
|
G
|
F
|
Classes
|
G
|
F
|
SIL
|
07
|
01
|
SIL
|
03
|
01
|
SIL
|
02
|
01
|
CP
|
03
|
01
|
CP
|
04
|
01
|
CP
|
01
|
00
|
CE I
|
00
|
00
|
CE I
|
00
|
00
|
CE I
|
02
|
01
|
CE II
|
04
|
02
|
CE II
|
02
|
02
|
CE II
|
01
|
01
|
CM I
|
01
|
00
|
CM I
|
01
|
00
|
CM I
|
00
|
00
|
CM II
|
00
|
00
|
CM II
|
01
|
00
|
CM II
|
02
|
00
|
Répartition par genre des élèves Bagyelli
|
G
|
F
|
G
|
F
|
G
|
F
|
15
|
04
|
11
|
04
|
08
|
03
|
Effectif total des élèves de l'école
publique
|
118
|
77
|
64
|
Pourcentage de
représentativité des
élèves Bagyelli
|
16%
|
19%
|
17%
|
Nombre d'élèves
Bagyelli certifiés
|
00
|
02
|
En cours
|
Nombre d'élèves Bantou certifiés
|
04
|
11
|
En cours
|
Tableau 2 : Rapport de rentrée scolaire de
l'école publique de Bidjouka-Bambi
Source : Aristide BITOUGA/ M. Paul MAVIAN
(Directeur de l'école publique de Bidjouka-Bambi)
I- 1-3-3-L'aspect économique a- Activités
agricoles
Les champs vivriers
Le manioc, la banane-plantain et le macabo sont les
principales cultures vivrières, tandis que les ignames, le maïs, le
taro, les courges, les arachides sont des cultures secondaires. Certaines
plantes saisonnières sont aussi cultivées ; il s'agit des
cultures maraichères telles que la tomate, les légumes verts
africains (zom, folon, etc.). Les parcelles cultivées
sont peu étendues. Le même champ porte au moins deux cultures. On
a le plus souvent les associations manioc-taro, manioc-maïs,
bananier-macabo, bananier-manioc ...
Les produits de rente : la prédominance du
cacao
La culture du cacao se fait sous-bois. Les plantations
cacaoyères sont dominées par quelques grands arbres
parsemés ça et là laissant filtrer la lumière. Le
feuillage de ces arbres protège les plants des rayons solaires.
Les plantations sont constituées soient de petites
parcelles proches de l'habitat, soient des parcelles plus vastes situées
plus loin dans la forêt. Elles occupent généralement les
bas-fonds ainsi que les versants proches des zones humides. Ce sont en
général de très vieilles cacaoyères dont
l'âge est supérieur à vingt ans.
Le lieu de vente des fèves de cacao est bien
localisé. Elle se fait dans un hangar aménagé à cet
effet à Bidjouka. Dans ce cas la vente est collective. Mais des
acheteurs viennent des villes et sillonnent les villages à la recherche
des vendeurs.
b- Activités
cynégétiques
La chasse
La chasse est une composante des différentes
stratégies de diversification des sources de nourriture et de revenus
pour la survie des ménages. De l'avis des paysans, les ressources
fauniques sont entrain de diminuer. La plupart des grands animaux sauvages ont
pratiquement disparu. Les animaux les plus couramment chassés sont : le
singe, l'antilope, le porc-épic, le lièvre, le rat et les
serpents. La chasse se fait avec des collets, des arcs et des flèches.
La chasse au fusil se pratique la nuit avec des torches. Cette forme
d'activité est le plus souvent collective car on va de plus en plus loin
du village pour plusieurs jours. Les grandes chasses se font en période
de pluies car le bruit des feuilles mortes en saison sèche met les
animaux en alerte. Cependant, la chasse se pratique toute l'année, mais
de façon plus intense en dehors des périodes favorables.
La pêche
La pêche qui est pratiquée à Bidjouka se
fait de façon artisanale. La pêche au barrage ou à la nasse
est pratiquée principalement par les femmes. C'est un système
oü un groupe de femmes bloquent chaque extrémité d'un cours
d'eau et à l'aide de calebasses vident l'eau du bassin ainsi crée
et ramassent tout simplement les poissons ainsi faits prisonniers. A la fin de
la pêche la saisie est alors repartie entre toutes les femmes qui ont
participées à la pêche. Ces poissons sont essentiellement
destinés à la consommation familiale même si le surplus est
aussi souvent séché et vendu.
La pêche à la nasse est aussi pratiquée
par les femmes et se fait non loin des rives des rivières. Elle permet
la capture des crevettes. Les nasses sont de sorte de petits paniers dans
lesquels sont mis des appâts (restes d'aliments) et immergés dans
l'eau. Le crustacé qui s'y
introduit à la recherche de l'appât est fait
prisonnier. Les autres formes de péche telles que la pêche
à la ligne, la pêche au filet sont pratiquées par les
hommes et les enfants de jour comme de nuit.
c- Activités de ramassage et de
cueillette
Les populations de Bidjouka tirent une très grande
variété de produits comestibles de leurs forêts. En
fonction des saisons et des périodes de l'année, on trouve des
espèces végétales qui sont très prisées par
les populations de Bidjouka mais également par d'autres personnes qui
n'hésitent pas à quitter des pays voisins pour venir s'en
procurer. C'est le cas par exemple des amendes de Irvingia gabonensis
et de Coula edulis (appelées respectivement dans la
région « ndo'o » et « mbpa »).Ces amendes
oléagineuses sont collectées en forêt pendant les mois de
juillet à septembre.
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