Introduction
La pratique de l'apiculture est une tradition séculaire
en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso. En effet, il existe
de nombreuses familles d'apiculteurs traditionnels et de chasseurs ou
cueilleurs de miel. Les matériaux utilisés pour la confection des
ruches varient d'une zone à une autre et comprennent des vanneries et
des poteries. Cependant, les produits de l'apiculture traditionnelle ont un
faible impact dans l'économie du pays, car non seulement la production
est faible, mais aussi les produits sont de qualités insuffisantes (miel
et cire souvent brûlés et impurs). Les techniques de
récolte et de traitement restent rudimentaires. De plus, la perte des
abeilles responsables de la pollinisation d'un grand nombre de plantes et, la
dégradation des sols liée aux feux de brousse qui sont
provoqués par les pratiques apicoles traditionnelles ont des
répercussions négatives sur l'économie et la
sécurité alimentaire. Pour un pays qui possède de
réelles potentialités en espèces apiaires et
mellifères, une longue tradition apicole et, qui peut assurer ses
besoins en miel et en cire, une pareille situation reste
incompréhensible. Face à toutes ces réalités et
à la dégradation des conditions sociales dans les zones rurales,
il est apparu aux autorités la nécessité de
développer une apiculture améliorée comme alternative pour
valoriser et préserver les ressources naturelles. Ainsi en 1980, des
actions de prospections ont été entreprises dans la zone Quest du
Burkina Faso. Elles ont abouti en 1985 à la mise en place d'un projet
conjoint PNUD/FAQgouvernement du Burkina Faso de ``développement et de
vulgarisation de l'apiculture améliorée en milieu paysan½.
Pour mieux maîtriser les facteurs influençant la production de
miel, l'exécution du projet a nécessité des études
scientifiques sur la flore mellifère et sur l'éthologie de
l'abeille locale Apis mellifera
adansonii Latreille. Ainsi une collaboration a
été établie entre le projet et l'Université de
Quagadougou à travers le Laboratoire de Biologie et Ecologie
Végétales. L'exécution de ce projet a favorisé la
vulgarisation de l'apiculture moderne au Burkina Faso et l'installation de
projets apicoles dans plusieurs provinces du pays. Mais, l'analyse de la
plupart de ces projets de développement de l'apiculture débouche
sur un constat d'échec. Ces échecs seraient dus à la
méconnaissance du fonctionnement des sociétés
traditionnelles et plus particulièrement des rapports qu'elles
entretiennent avec le monde des abeilles (Villières, 1987 a), à
une inadaptation du matériel et des techniques apicoles introduites, aux
conditions climatiques et surtout à l'absence d'informations sur les
potentialités mellifères de la plupart des zones
agroécologiques du Burkina Faso.
En effet, si dans les pays tempérés de nombreux
travaux ont été réalisés sur les relations plantes
abeilles, dans les zones tropicales en général et dans les pays
africains en particulier, très peu de travaux ont été
réalisés car le rôle des interrelations plantes et abeilles
dans la dynamique des écosystèmes a longtemps été
négligé (Lobreau-Callen et al., 1986). Des travaux comme
ceux de Gadbin (1980) pour le Tchad, de Lobreau-Callen et al. (1986)
et de Villières (1987 a) pour le Togo et le Bénin, de Hertz
(1994) pour la Gambie, de Molès (2000) pour le Bénin, de Damblon
(1986) et de Schweitzer (2002) pour le Maroc constituent des
références.
Au Burkina Faso, les travaux de recherches apicoles ont
été réalisés par Guinko et al. (1992),
Sawadogo (1993) et Nombré (1998). Ces recherches qui se sont
déroulées dans les zones Quest et Centrale du pays ont permis d'y
identifier les principales espèces végétales
visitées par l'abeille domestique, de mieux connaître la biologie
et l'éthologie de l'abeille locale et enfin de dresser un calendrier de
visite des ruches pour la zone Quest. Nous n'avons pas connaissance de travaux
de
recherches menés dans d'autres zones du Burkina Faso.
Pourtant, il est important de développer l'activité apicole dans
ces différentes zones car cela présente des avantages et peut
être bénéfique aussi bien pour l'apiculteur que pour la
collectivité (Hetz, 1994 ; Adjaré, 1990 ; Sosu,1993 et Carrol,
1997). Pour ces auteurs, l'apiculture peut se pratiquer dans les zones
impropres à l'agriculture et être source de revenus. Elle peut se
pratiquer en saison sèche et de ce fait complète l'agriculture.
Elle peut surtout améliorer les productions agricoles à travers
les actions pollinisatrices des abeilles.
Ces constats justifient le choix de notre sujet
«Etude des potentialités mellifères de deux zones du
Burkina Faso : Garango (Province du Boulgou) et Nazinga (Province du Nahouri)
» dont les objectifs sont :
* contribuer à la connaissance du potentiel
mellifère du Burkina Faso en général et surtout des deux
zones en particulier. Cela à travers un inventaire qualitatif et
quantitatif des espèces de plantes butinées par les abeilles ;
* établir un calendrier de visites des ruchers par un
suivi de la variation du poids des ruches ;
* recenser les pratiques apicoles traditionnelles dans ces deux
zones grâce à des enquêtes ethnoapicoles ;
* constituer des lames de référence et un atlas de
pollen des espèces mellifères outils indispensables pour les
analyses polliniques des miels.
Le choix de ce sujet entre aussi dans le cadre
général de la conservation de la biodiversité. En effet
les abeilles jouent un rôle dans la conservation du patrimoine
génétique qui résulte de la fécondation
croisée des plantes cultivées.
Cette étude s'articule autour de trois points.
Après une introduction, nous
abordons dans un premier chapitre les
généralités sur l'abeille domestique et les zones
d'études. Le matériel et les méthodes utilisés sont
abordés dans le deuxième chapitre. Les résultats auxquels
nous sommes parvenus seront discutés dans le troisième chapitre.
Suivront ensuite une conclusion générale et des perspectives.
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