5.3 Les emplois saisonniers et collaborations
ponctuelles : job d'été, stage et bénévolat
Nous venons de voir que la masse salariale des festivals se
concentre essentiellement dans l'emploi d'intermittents. Pour le
déroulement même de la manifestation, les festivals ont recours
à un nombre appréciable de saisonniers et stagiaires. Mais leur
principale spécificité résulte dans l'importance du
bénévolat qui représente en moyenne 60% de leurs «
emplois ».
Ainsi pour toutes les tâches ne nécessitant
pas de compétences spécifiques (accueil des
visiteurs, contrôles des accès de secours, buvettes et autres
ventes ambulantes...) les festivals s'appuient énormément sur la
participation bénévole.
Le festival de Jazz in Marciac par exemple emploie chaque
année une moyenne de 700 bénévoles sur toute la
durée de son évènement.
Pour les petites manifestations le bénévolat permet
de compenser le manque de moyens
financiers, faute desquels elles ne pourraient avoir lieu. Un
certain nombre de festivals se fondent même entièrement sur le
bénévolat, même ceux disposant d'un budget
considérable. Et cela est évidemment bénéfique pour
les régions en tant que mobilisation de la population et de
cohésion sociale. (cf. partie 2.2)
Quant aux emplois saisonniers ils bénéficient
avant tout aux jeunes locaux, leur offrant ainsi des << jobs >>
d'été toujours très recherchés. Faire participer en
priorité les jeunes - de 16 à 24 ans en moyenne- revient à
faire preuve de pédagogie et peut être même à
déclencher auprès d'eux des vocations.
Le cas des Eurockéennes de Belfort à ce sujet
est exemplaire : il constitue << une des plus importantes source
d'embauche de l'Est >>, selon son directeur Jean-Paul Roland. Ce festival
est l'un des rares à ne pas faire appel à de la main d'oeuvre
bénévole. Par la convention qui lie son association au Conseil
Général (cf. partie 6.3), il respecte une
initiative politique destinée à satisfaire les jeunes de la
région en se positionnant comme créateur de << jobs
>> d'été. Pour cela il emploie environ 500 jeunes de
Franche-Comté en priorité, pour des emplois saisonniers variant
entre trois jours et un mois.
? Conclusion
Comme nous pouvons le voir quant à la structure
même de la partie qui se révèle assez brève,
l'hypothèse d'une véritable dynamique en matière de
création d'emplois locaux semble compromise.
Tout d'abord, les données dont nous disposions
s'avéraient toutes assez vastes, les études précises
à ce sujet étant pratiquement inexistantes. L'IRMA qui est
pourtant une référence indéniable ne mentionne les emplois
que par catégories en ne prononçant que très peu de
chiffres. Quant à Emmanuel Négrier et Luc Bénito, ils
expliquent eux-mêmes être contraints à cette
difficulté, les organisateurs répondant à la question
étant assez rares.
Il est indéniable que les festivals sont
générateurs d'une certaine dynamique en termes de
créations d'emplois mais à l'exception de quelques postes
administratifs tous les emplois réclamant une certaine compétence
sont assurés par des intermittents du spectacle souvent
extérieurs à la localité.
Les emplois locaux sont tous non qualifiés et se
présentent au mieux sous la forme de contrats à durée
déterminée et au pire comme des « jobs >>
d'été. De même le caractère saisonnier tend à
renforcer leur précarité.
Malgré cela, les localités attentives aux
retombées économiques ne ménagent pas leur soutien aux
festivals qui représentent au moins 150 000 emplois saisonniers. Le
festival d'Avignon par exemple génère en moyenne 1 000 emplois
chaque année.
Mais le caractère important du bénévolat
démontre que l'impact des festivals en tant que vecteur de
créations d'emplois au sein des territoires est assez réduit.
En revanche, il engendre un véritable dynamisme en ce qui
concerne la mobilisation de la population locale et une forte cohésion
sociale.
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