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Les festivals de musiques actuelles en milieu rural en France: simple fonction culturelle ou vecteur de développement?

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par Léa Vauxion
ICART - Institut des carrières artistiques - Licence european bachelor au titre de " médiatrice culturelle " 2012
  

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6/ L'attractivité des festivals : une stratégie de développement
du tourisme local ?

Suite à ce constat assez défavorable au sein de l'hypothèse principale de ce chapitre s'appuyant sur le fait que les festivals ont un impact sur le développement territorial et culturel, nous continuerons notre analyse sur les motivations de l'implication financière des acteurs locaux à l'égard des festivals. Ainsi nous nous interrogerons sur l'attractivité de ces manifestations culturelles au sein de la stratégie du développement du tourisme local.

Il s'agira d'une réponse à l'étude quantitative des retombées des festivals sur l'industrie touristique réalisée précédemment. Comme nous l'avons évalué, l'impact des festivals sur le tourisme s'explique par l'image et la notoriété qu'ils apportent à la localité : les dépenses des festivaliers ainsi que les retombées économiques sur les nombreux emplois des secteurs gravitent autour de l'industrie touristique (hôtellerie, restauration, transports et commerces en général).

Au cours de cette partie, nous verrons comment et par quels moyens les festivals contribuent à cette stratégie du développement touristique des territoires, qui est l'une de leur priorité en termes de ressources économiques.

6.1 La crise économique actuelle : impact sur les budgets loisirs et cultures des familles

Avant d'évoquer cette question, il convient d'introduire cette partie par une brève analyse des budgets vacances des familles en France. Étant en période de crise économique il semble aussi important d'étudier ses éventuelles conséquences sur les budgets loisirs et culture des ménages.

? Les budgets culture et loisirs

Il est inévitable que la crise modifie les besoins des consommateurs étant donné qu'elle engendre une baisse du pouvoir d'achat. Nous pouvons être logiquement amenés à penser que les budgets loisirs et culture sont les premiers à connaitre une baisse.

Cela s'atteste par une étude de Logic-Immo et DirectPanel Research menée en 2009 auprès de 626 français : les consommateurs confirment réduire en priorité leurs dépenses culturelles (64 % des sondés) et de loisirs (62%) en vue de maintenir leurs budgets sur les postes jugés essentiels (dépenses alimentaires, santé et bien-être, Internet et téléphone).

Depuis cinquante ans les dépenses de loisirs et de culture ont connu l'une des plus fortes croissances : de 1960 à 2007 leur part est passée de 10 à 16 %. D'après une étude de l'INSEE réalisée en 2008, il ne s'agit pas réellement d'une baisse du budget culture et loisirs enclin au ralentissement du pouvoir d'achat, mais d'un simple repli de la part des ménages qui arbitrent en faveur d'autres dépenses.

La part des dépenses réservée à la culture et les loisirs varie fortement selon le niveau de vie. En 2008, les ménages les plus aisés lui consacraient 11,1 % de leur budget contre 6,4 % pour les ménages les plus modestes.

Si on analyse plus en profondeur les conséquences de la crise économique, la nature des dépenses touchées ne sont fort heureusement pas celles qui nous intéressent au sein de notre étude. En 2002 à 2007, c'est la vente de disques qui a été la plus atteinte avec une diminution de 50% ainsi que la consommation de journaux dont la baisse s'est accentuée.

A l'inverse, il a été perçu une hausse de la part du budget loisirs consacrée aux voyages à forfait, aux week-ends ou aux spectacles culturels. Ainsi les dépenses pour les spectacles culturels qui étaient en recul depuis les années 1990 connaissent une légère croissante depuis 2008. Ce fait est notable en majorité au sein des ménages les plus aisés, les plus modestes préférant quant à eux consacrer leurs budgets loisirs pour les équipements de télévision ou hi-fi, le jardinage ou les animaux de compagnie.

Même si le budget culture et loisirs des ménages a subi une légère diminution, il reste tout de même bien placé au sein de leur budget global quel que soit leur niveau de vie. En 2006, il représentait en moyenne 11 % des dépenses totales des ménages, se plaçant entre la catégorie « biens et services >> (13%) et « habillement >> (8%) (cf. graphique 7). Enfin, toujours d'après l'INSEE, l'année 2010 est marquée par une reprise des dépenses de consommation par les ménages (+ 1,3% en volume, après + 0,1% en 2009). Ce regain

concerne quasiment tous les secteurs en particulier les dépenses en matière d'alimentation et d'habillement ainsi que celles en hôtels, cafés et restaurant.

Ainsi, les conséquences de la crise économique sur les budgets sont à relativiser. Le cinéma par exemple ne s'est jamais aussi bien porté, malgré des tarifs qui ont fortement augmenté ces dix dernières années.

La pression qu'exerce la crise économique sur les foyers engendre un besoin de se divertir certainement en vue de << décompresser ».

Enfin, il faut tout de même noter que la culture se positionne toujours après les dépenses de loisirs aux seins des ménages.

? Les budgets vacances

Malgré la crise économique, plus de la moitié des français a continué à partir en vacances en 2008. Néanmoins ils ajustent leurs dépenses : ils décident de partir moins loin et moins longtemps. La majorité des familles choisissent de rester en France et de réduire leur budget pendant leur séjour, en réalisant des économies sur la restauration ou en pratiquant moins d'activités de loisirs payants. Par ailleurs en 2008, 19 % des français ont bénéficié d'une aide pour leurs départs, des « chèques vacances » principalement.

Dans ce contexte, le Ministère a mis en place des aides personnalisées, en fonction de la situation économique et sociale des personnes concernées. Le ministère de la Culture et de la Communication, en réponse à sa priorité politique de faciliter l'accès à la culture et d'en favoriser une meilleure diffusion sociale, en décrit ainsi les qualités : *

<< Le développement des << chèques vacances », utilisables dans 4000 lieux culturels (701 musées, 523 théâtres et opéras, 362 cinémas, 257 festivals, 471 monuments historiques, 707 écoles de musique et conservatoires et 15 centres d'art contemporain...). »

D'après une étude du Ministère à ce sujet en 1998, sur les 4 millions de français bénéficiaires, 400 000 d'entre eux ont accédé à un lieu culturel par ce moyen de paiement.

En 2008, 19 % des français ont bénéficié de ces << chèques vacances ».

* Source : http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/politique/democratisation/faciliter.htm

? Tarification des festivals

Enfin, il semble intéressant de mentionner ici la tarification des festivals. Cela évoque non seulement le niveau des prix consentis mais aussi le lien entre le prix des places et l'ouverture des concerts à des publics éloignés du spectacle vivant qui est tout sauf direct. En effet nous pouvons noter le fait que la distance entre le public et le spectacle n'est pas seulement financière et spatiale mais aussi sociale et psychologique.

Cette brève mention de la tarification est aussi en lien avec l'économie des festivals précédemment étudiée, où nous avons pu voir combien les recettes propres étaient cruciales dans les budgets : 36,5% en moyenne.

De même, elle nous amène à évoquer la question de la gratuité, qui est divisée entre deux positions opposées : ceux qui estiment qu'elle est une juste contrepartie du fait que les festivals bénéficient de volumineuses subventions publiques et ceux qui considèrent que le prix n'est pas un facteur essentiel d'ouverture sociale et reste un marqueur symbolique et pratique de tout spectacle.

Ainsi le prix moyen d'un billet de festival de musiques actuelles est recensé à 19 € par le Centre National de la Chanson, des Variétés et du Jazz -dit CNV.*

Concernant la question de la gratuité, elle peut être compréhensible et appréciable lorsqu'elle concerne un festival hors norme et très fructueux. En revanche pour un festival de musiques actuelles se développant en milieu rural et contribuant déjà énormément au développement local, elle ne semble pas être envisageable. Nous verrons durant la partie 7 que ce genre de festivals propose qu'en même des services gratuits en dehors de leur programmation, en nous appuyant sur les exemples des Vieilles Charrues, de Musicalarue et de Jazz in Marciac.

*

* Source : CNV, étude de la perception de la taxe sur les spectacles de variétés, Eléments statistiques sur la diffusion des spectacles de variété et de musiques actuelles en 2005, Paris, 2006.

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