5/ L'activité des festivals :
génératrice d'une dynamique en matière d'emploi ?
Les ressources des festivals renvoient
irrémédiablement à la question de l'emploi. En effet,
l'impact économique des festivals découle aussi du fait que
l'organisation et le déroulement de telles manifestations culturelles
requièrent une importante main d'oeuvre.
Nombre d'organisateurs affirment qu'en plus de recruter les
emplois nécessaires au fonctionnement du festival en priorité sur
le plan local, ils s'efforcent de recourir à des collaborations avec les
entreprises territoriales, comme nous l'avons vu dans la
précédente partie.
Outre cette mention nous analyserons ici les emplois
effectués par les festivals. Pour cela nous différencierons trois
types d'aspects : les emplois culturels, les emplois liées à la
production artistiques et les « autres » emplois, soit les
saisonniers et collaborations ponctuelles. Notre objectif sera ainsi de
démontrer si les festivals engendrent bel et bien une dynamique en
termes de créations d'emploi sur leur territoire.
5.1 Les emplois culturels permanents : temps complets
et partiels
Les emplois directs se concentrent dans le « noyau >
de la structure d'un festival qui s'avère généralement
relativement modeste. Elle se compose de l'administration, de la production, de
la finance et de la direction artistique. La présence de permanents est
ainsi limitée au maximum et représente la plus petite part des
emplois procurés. Ce phénomène s'explique par la
discontinuité de l'activité des festivals, dont les plus grands
ne comptent pas plus de cinq permanents en moyenne. Seule
exception, le festival d'Avignon qui emploie une quinzaine de personnes sur
toute l'année.
En ce qui concerne la direction artistique et l'administration
qui s'effectuent sur une période déterminée, il arrive
qu'elles soient prises en charge par la municipalité. De même pour
le service de presse et de communication, essentiels pour la promotion de
l'évènement, qui sont souvent confiés à des
entreprises extérieures. Dès lors, pour les
fonctions de permanence téléphonique ou d'accueil,
les festivals recourent généralement aux emplois à
temps partiels.
D'autre part, dans la plupart des cas les fonctions de
sécurité, de montage ou de nettoyage sont assurées par les
agents municipaux mis à disposition par les mairies.
Nous pouvons donc constater ici que les besoins d'emplois
permanents sont très restreints et ne génèrent qu'un
infime impact local.
5.2 Les emplois liés à la production
artistique : les intermittents du spectacle
La majeure partie de la masse salariale des
festivals se concentre dans la production artistique,
regroupant les artistes et techniciens engagés sur toute la durée
de l'évènement.
Les artistes interprètes qu'ils s'agissent de danseurs,
comédiens et dans notre cas de musiciens, sont considérés
comme intermittents du spectacle lorsqu'ils sont sur scène, en travail
de répétition ou de représentation.
Pour ces intermittents, artistes et techniciens compris, le
caractère estival des festivals leur fournit un complément
d'activité pendant une période de l'année où les
équipements culturels permanents ralentissent la leur.
Ainsi les artistes ont tendance à << faire la
tournée > des festivals l'été afin de continuer de
<< rentabiliser > leurs oeuvres.
D'après l'étude de 2005 d'Emmanuel
Négrier dans son ouvrage Les Nouveaux territoires des
festivals, un festival de musiques (tous genres confondus) emploie en
moyenne 225 artistes, dont 147 français et 78 étrangers.
Concernant l'emploi d'artistes interprètes issus de la
région de rayonnement du festival, sur 65 festivals de
l'échantillon d'Emmanuel Négrier, 2 014 artistes sont des
<< régionaux ». Sur une moyenne générale de 227
artistes par festival, cela représente une part de 13,5%, soit 31
artistes << régionaux » par évènement.
Nombre d'artistes « régionaux
»
|
Nombre de festivals
|
Aucun
|
17
|
De 1 à 10
|
20
|
De 11 à 30
|
12
|
De 31 à 50
|
9
|
Plus de 50
|
10
|
Reproduction du tableau de la page 117
La médiane de l'échantillon étant de 10
artistes « régionaux >, on peut faire l'hypothèse que
quelques festivals ont une pratique bien plus supérieure dans ce
domaine. De plus, en observant le tableau précédent nous pouvons
constater que 17 festivals sur les 65 déclarent ne programmer aucun
artiste de la région de rayonnement.
Évidemment il s'agit là de données ayant
pour simple objectif de transmettre une image approximative. La question des
relations entre artistes et territoire étant trop sérieuse pour
être examinée par quelques chiffres, nous ne nous y attarderons
pas plus longtemps, faute d'études plus récentes et
précises à ce sujet. (cf. partie 9.3)
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