VIII-1-DISCUSSION
1- interprétation des résultats
Les données ci-dessus recueillies, font ressortir que
l`âge, est un facteur à risque et non un facteur définitif
dans l`explication de la contrebande, il est largement antérieur au
passage à l`acte. L`on a pu croiser différentes tranches
d`âge exerçant le phénomène. Cependant, la tranche
d`âge des (18, 25) a connu le plus grand nombre d`acteurs et cela
s`explique tout simplement parce que cette tranche représente la plus
grande franche de la population ivoirienne en activité, soit plus de 50%
(INS 98). Le genre (sexe) est comme l`âge un facteur à risque, il
ne justifie pas absolument la présence d`un individu dans la
contrebande. On rencontre à la fois des femmes et des hommes au centre
du problème. Cependant, les hommes ont prouvé par leur
accessibilité et disponibilité lors de l`enquOte, qu`ils
étaient disposés à participer à l`étude
contrairement aux femmes qui elles, se sont montrées un peu plus
discrètes. On a aussi rencontré d`une part, des acteurs actifs
(fournisseurs, des vendeurs ou des revendeurs) et des acteurs passifs
(acheteurs, distributeurs consommateurs) d`autre part. Ici, aucun rôle
n`est plus important qu`un autre dans la structuration de la contrebande, c`est
une activité en réseau qui exige l`efficacité de tous les
acteurs impliqués. Par exemple, le fournisseur n`est pas plus important
que le distributeur vis versa, chaque maillon du réseau à une
utilité, une fonction. On retrouve tous les niveaux d`instruction au
centre du problème depuis les acteurs analphabètes jusqu`aux
intellectuels (criminels à col blanc), même si
cependant, le regard est très souvent dirigé
vers les acteurs analphabètes qui se font très plus souvent
appréhendés pendant les contrôles et ignorent la
réglementation contrairement aux acteurs intellectuels.
En définitive, toutes les couches sociales participent
au phénomène, allant, du travailleur dans l`administration
publique à celui du privé, de celui du formel à
l`informel, jusqu`aux débrouillards ou aux sans emplois.
Cependant, les regards restent pointés sur les acteurs
qui n`ont pas un emploi fixe (chômeurs, débrouillards, sans
emploi) contrairement aux travailleurs qui ont un emploi fixe et officiel.
Cette situation s`explique par le fait que l`opinion publique pense que les
individus qui ont un emploi fixe et officiel sont moins tentés à
passer à l`acte de contrebande que ceux qui se trouvent dans un
état d`oisiveté et d`emploi précaire. Un adage populaire
le signifiant si bien « l`oisiveté est la mère de tous les
vices ». Cependant, ce point de vue commune, dans la réalité
des faits peut-être contesté. En effet, un travailleur officiel
n`est pas moins acteur qu`un employé dans un emploi officieux.
Pour mieux cerner les contours du phénomène de
la contrebande, Il s`agit de comprendre les motivations personnelles de
l`acteur en face de toute opportunité de passage à l`acte
(résiste-t-il ? ou passe t-il à l`acte ?) Il faut prendre en
compte avec beaucoup de prudence la condition sociale des acteurs dans
l`explication de la contrebande. Et cette analyse est la même en ce qui
concerne les facteurs explicatifs liés à la nationalité,
au milieu de vie, à la situation matrimoniale, à la religion,
à l`âge et au sexe etc. Tous ces facteurs explicatifs doivent
toujours Otre associés au libre arbitre de l`acteur parce qu`il existe
des cas où, des individus malgré leur condition de vie favorable,
ne
s`empêchent pas à prospérer dans la
contrebande pour un besoin de rentabilité économique et pour un
enrichissement illicite permanent.
Par contre, il peut se trouver des personnes vivant dans une
situation de vie défavorisée, qui volontairement refusent
d`être contrebandier. Alors les questions de fond qui nous viennent
à l`esprit sont les suivantes :
Quelles sont les raisons personnelles qui motivent tout individu
à embrasser une carrière dans la contrebande?
Est-ce parce que cette activité lui apporte une
sécurité socioéconomique?
Est-ce qu`un acteur devient contrebandier par imitation ou par
envie?
Est-ce qu`un acteur est contrebandier parce que les
contrôles de douane et de police ne sont pas efficaces?
Est-ce qu`un acteur est contrebandier parce que les
autorités surestiment les droits et taxes de douane aux
frontières?
La préférence de la transaction au
détriment de l`application strictes de sanctions pénales en
matière de contentieux douanier n`est elle pas une des raisons
explicatives du problème?
En tentant de répondre à ces interrogations, nous
cherchons à explorer d`autres voies explicatives du
phénomène.
Les motivations ou raisons de l`acteur soumis à de fortes
tentations extérieures peuvent le conduire au passage à
l`acte.
Sans oublier que les failles dans les mesures de
contrôle et la taxation démesurée aux différentes
entrées routières du district d`Abidjan expliquent le
phénomène.
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