2- Limites des méthodes d'analyse mis en exemple
Chacune de ces trois méthodes a ses avantages et ses
inconvénients. L`inconvénient des méthodes individuelles
est qu`il est toujours difficile de généraliser, même si
les cas types ont été bien choisis. Il existe en outre un danger
plus subtil, surtout lorsqu`on emploie des techniques d`hypnose ou de
psychologie des profondeurs qui impliquent une collaboration prolongée
de l`investigateur avec le sujet étudié.
Nous voyons qu`en psycho criminologie pendant longtemps
l`orientation vers les méthodes a dominé la recherche.
L`orientation vers les problèmes s`est manifestée principalement
par l`intérOt croissant acquis par deux catégories de recherches
: l`une est l`étude, et si possible la mesure de la dangerosité
(PINATEL). L`autre est l`établissement d`échelles de
prédictions, dont les plus connues sont celles d`ERWIN FREY, en Suisse,
et de GLUECK, aux Etats-Unis.
Différentes méthodes auraient pu être
envisageables pour évaluer la progression de la contrebande, mais elles
nous ont paru soit présenter des lacunes qui auraient eu pour effet de
rendre les résultats incertains, soit irréalistes en raison du
temps nécessaire à leur opérationnalisation. Par exemple,
on aurait pu privilégier une approche bibliométrique à
l'instar de celle utilisée par Hicks et Katz (1996) dans l'étude
qu'ils ont menée sur la transformation des pratiques des chercheurs
britanniques (cf. section 2.7.2). Toutefois, le manque de correspondance entre
les informations fournies par les bases de données existantes
(Science Citation Index (SCI) et Social Science Citation
Index (SSCI)) et l'objet à mesurer (l'intensification de la
contrebande) a incité à écarter ce type d`analyse. Une
deuxième raison qui a incité à écarter la
bibliométrie ainsi que l'utilisation de bases de données comme
SCI et SSCI tient au fait que ces dernières recensent la
littérature la plus citée dans le monde et
que cette littérature est majoritairement en langue
anglaise. C'est un fait reconnu que les chercheurs en sciences sociales en
côte d`Ivoire, publient une partie importante de leurs travaux en
français et dans des formats qui ne sont pas recensés par ces
bases de données, sous la forme de livres, de chapitres de livres, etc.
Une autre méthode pour évaluer la progression de la contrebande
aurait pu consister, en nous basant sur divers indicateurs
préétablis, à vérifier empiriquement auprès
d'un ensemble donné de revues scientifiques, si on observe ou non une
croissance du nombre d'articles sur le phénomène. Cette
méthode aurait probablement donné les résultats les plus
sûrs, mais elle nous a paru irréaliste dans le cadre de notre
étude. En raison de ces contraintes, il nous a été
impossible d'évaluer de façon précise la progression de la
production criminelle des acteurs contrebandiers dans l`émergence d`une
économie souterraine en côte d`ivoire en général et
plus exactement dans le district d`Abidjan. Toutefois, comme nous l`avons vu
dans l'analyse des données, certains indices issus des entrevues et des
histoires personnelles des intervenants initiaux ou finaux de la contrebande
nous ont permis d'identifier certains traits propres à chacun des actes
criminels et de ces acteurs.
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