2-Méthodes qualitative/quantitative et limites
Les méthodes qualitatives ont permis l'exploration et
les méthodes quantitatives ont permis la vérification
d'hypothèses dans un domaine où l'exploration était
complétée. Aussi, dans les champs les plus investigués et
les plus riches sur le plan théorique, dans le domaine de la
délinquance contrebandière par exemple, on ne s'est pas
limité à des techniques élémentaires mais l'on a
accédé aux procédures les plus complexes d'analyse des
données. S'il faut souligner avec force cette qualité de la
recherche empirique de la criminologie, ce choix judicieux des outils, il
convient aussi de se rendre compte que les deux grands modes de connaissance,
la description et l'explication, ont été bien mis en ~uvre. Et ce
faisant, les deux fonctions et finalités de la recherche, qui ne
connaissent pas toujours un développement équilibré dans
toutes les disciplines étaient assurées : l'accroissement des
connaissances, la recherche fondamentale, d'une part, et l'amélioration
de la pratique par une évaluation continue, la recherche
appliquée, d'autre part. La criminologie empirique se caractérise
par la diversité et l'ampleur des recherches fondamentales qui ont
été réalisées au cours des vingt-cinq
dernières années. S'il faut s'en féliciter, il convient
toutefois d'être bien conscient qu'il s'agit de recherches empiriques et
descriptives pour la très grande majorité d'entre elles. C'est
seulement dans le secteur de la délinquance qu'elles ont
débouché sur des démarches intégratives et la
formulation de théories spécifiques. Au cours des prochaines
vingt-cinq années, il faudra que les chercheurs que nous sommes
dépassent la
description et accèdent à l'explication.
Toutefois, le legs du dernier quart de siècle est impressionnant, car
nous sommes convaincus facilement que très peu d'aspects du
phénomène criminel ont été négligés.
Ce qui laisse à désirer, ce sont les théories à
portée moyenne.
Les recherches ne se sont pas bornées à faire
progresser les connaissances, elles ont fait aussi des recherches
appliquées. Il s'agit d'études descriptives et évaluatives
ayant pour objectif d'analyser les politiques et les institutions mises en
place pour contrôler le crime. Depuis vingt-cinq ans, les criminologues
ont été des experts qui ont exécuté des recherches
empiriques pour plusieurs commissions d'enquêtes, des Ministères,
etc. Ce patrimoine est important, par le nombre et par sa pertinence sociale,
et la contribution majeure de ces travaux réside assurément dans
l'évaluation des internats et prisons, et dans les recommandations
pratiques qui en ont résulté. Une autre contribution importante
est constituée par les travaux sur l'opinion publique à
l'égard des lois et institutions de contrôle social : sans ces
enquêtes, le législateur et les gestionnaires décident
d'une façon trop intuitive, voire fantaisiste.
Si la recherche empirique est caractérisée par
la quantité et la qualité des instruments, et par la poursuite
d'objectifs scientifiques diversifiés, la production de connaissances,
et surtout de connaissances appliquées, a encore pour sa part, un
défi majeur à relever : la réitération. Sans la
répétition des études, nous ne pourrons jamais
vérifier si les résultats sont le fruit d'une conjoncture
particulière, inscrite dans l'espace et le temps, ou s'ils
reflètent des réalités et processus fondamentaux. C'est la
tâche principale qui attend les criminologues engagés dans la
recherche empirique partout dans le monde.
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