3- Cadre théorique
Si nous nous accordons à dire avec Charles Wright MILLS
que, « dans notre monde faire de la sociologie c'est faire la politique de
la vérité138» sur le marché linguistique
de la maladie du Sida, cette politique de la vérité doit se faire
dans les règles de la méthode sociologique à savoir,
inscrire ce projet dans l'espace d'une grille de lecture théorique.
Cette recherche suit un type de raisonnement qualifié
d'hypothético-déductif. En ce sens qu'à travers les
données d'enquête nous avons pu déceler des théories
qui existent. Mais le fait que notre objet d'étude se trouve à la
frontière de la sociologie de l'imaginaire, de la sociologie de la
religion et de la sociologie de la santé, de la maladie et de la
médecine, donc une sociologie imaginative, conduit à ce que notre
cadre théorique puisse regarder dans plusieurs direction. Il est certes
vrai que cela ne suffit pas à justifier l'utilisation de
différents cadres théoriques. Mais nous avons opté pour
lire notre objet d'étude de choisir le constructivisme de Pierre
BOURDIEU, le point de vue de la sociologie compréhensive de Max WEBER et
la sociologie des hétérotopies de Michel FOUCAULT. Mais à
y regarder de
138 Charles Wright MILLS, L'imagination sociologique,
Paris , Hatier, 1979, p 36.
plus près, la sociologie imaginative de Jean et John
COMAROFF correspond mieux à réunir toutes ces théories. Ce
choix fait suite à ce que nous propose nos données de terrain
à savoir un marché linguistique de la maladie du Sida (BOURDIEU),
la chasse aux âmes (aux clients et au charisme) des pasteurs, ngangas,
rosicruciens qui produisent des mots et expressions qui donnent naissance
à ce marché linguistique produit dans les espaces
hétérotopiques (FOUCAULT).
4- Enonciation de l'hypothèse
Avant de présenter notre hypothèse, il semble
important de dire de quoi elle résulte. En effet, cette hypothèse
que nous proposons, fait suite à la question de savoir pourquoi
existe-t-il autant de métaphores de la maladie du Sida dans les espaces
hétérotopiques du Gabon ? L'hypothèse est qu'elles
existent car elles sont le produit de lieux hétérotopiques qui
structurent un marché linguistique de la maladie du Sida, et, dont la
notion du charisme, entre autre, exploite la production. Mais surtout, les
métaphores postcoloniales sont une forme de réinvention d'un
monde « indigène ». Un monde qui cherche et recherche une
identité tout en niant et déniant les acquis biomédicaux
qui sont perçus, par extension, comme une idéologie coloniale
qu'il faut faire disparaître.
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