2. Explicitation du problème de recherche
A ce stade de la recherche, la recension des travaux des
prédécesseurs sont utiles car ils permettent de cumuler les
différents points aveugles que nous propose les oeuvres des autres
auteurs. Seulement, notre point aveugle est en fait une synthèse, sinon
l'explicitation du résumé de l'agrégat des observations et
contextualisations des points aveugles des autres auteurs appliquées
à nos données de terrain.
Ce que les données empiriques nous proposent, c'est la
présence de différentes expressions qui sont des
représentations sociales de la maladie du Sida. Nous constatons que ces
représentations utilisent des figures de styles littéraires en
l'occurrence les métaphores et les métonymies.
A travers Pierre MANNONI, nous sommes arrivé à
dire que la maladie est toujours une malchance qui est lancée par
l'autre. En fait, les représentations sociales pensent la maladie du
Sida comme une attaque ou un missile. Avec Pierre BOURDIEU, nous nous rendons
compte que ces représentations sociales sont une forme de marché
linguistique. Nous sommes dans un marché symbolique et un marché
de l'imaginaire. Par marché symbolique nous entendons le lieu ou
s'échange les différentes formes de représentations. Le
marché de
136 Albert CAMUS, La peste, Paris, Gallimard, coll
« Folio », 1947.
137François LAPLANTINE, Anthropologie de la
maladie, Paris, Editions Payot, 1992, p 365.
l'imaginaire est le lieu oü ce qui est irréel
devient réel, ou l'allusion et l'illusion se confondent et donne
naissance à des fantasmes et des fantômes. Or, la
particularité des métonymies c'est qu'elles participent à
rendre indiscernable le réel de l'irréel. Avec Susan SONTAG nous
retenons que les représentations sociales de la maladie sont
profondément axées sur le combat. Au Gabon soigner la maladie
c'est extraire, lutter, combattre le sorcier qui a envoyé la maladie. En
ce sens nous sommes dans une société de guerre, de chasse. Ceci
justifie l'utilisation des métaphores et les métonymies de
guerre. Ceci a conduit à ce qu'avec CHAMAYOU nous regardons les
producteurs de ces représentations et que nous remarquons que les
pasteurs et les ngangas ( Selon Joseph TONDA) sont des chasseurs. Nous ne
pouvons que retenir avec Michel FOUCAULT que les lieux de production des
métaphores sont des espaces hétérotopiques ; des lieus
sacré, privés ou interdit qui eux-mêmes sont des lieux de
transgression, de déviance. Nous retenons aussi, que nous sommes dans
une forme de chasse quand nous regardons les métaphores religieuses et
les métaphores de la MHSB. Une sorte de guerre que les pasteurs et
ngangas livrent à une maladie qui est la maladie du Sida dans le seul
but de conquérir des « âmes ».
Nous inaugurons dans cette recherche la notion de violence du
sens. Lorsque nous lisons Germain OWONO ESSONO nous rendons compte que les
images, les représentations sociales du Sida sont producteurs de sens.
Un sens imaginaire. Nous retenons de cette discussion avec notre auteur qu'il y
a bien présence d'images, de représentations, de
métaphores sur le Sida au Gabon. Et que les iconographies qui parcourent
la ville sont des révélateurs de la violence de l'imaginaire et
du sens dans notre société gabonaise. Ce que Perrin Herman
IKOUBANGOYE , à son tour, pense c'est que l'idée du Sida comme
punition divine n'est qu'une supercherie capitaliste. En fait, le capitalisme
se sert des imaginaires, des représentations sociales du Sida pour se
faire des profits. Pour ce faire, les MHSB ou la religion se servent de la
violence du sens et de la violence de l'imaginaire pour pervertir les
idées biomédicales d'une maladie à des fins
capitaliste.
Les africanistes tels Florence BERNAULT et Joseph TONDA nous
permettent de nous rendre compte que les représentations de la maladie
du Sida, donc les métaphores et les métonymies du Sida, sont
intrinsèquement liées à la notion de sorcellerie. En
effet, nos données de terrain nous édifient sur ce fait. A tout
le moins nous devons retenir que les métaphores et les métonymies
du Sida ont un lien avéré avec la sorcellerie. C'est au sujet de
cette sorcellerie que MOUKALA NDOUMOU et Joseph TONDA ont parlé de
guerre, de lutte, de chasse dans les représentations sociales de la
maladie. Ce qui justifie le fait que le Sida soit un Mbumba ou toutes
expressions utilisées dans les MHSB et dans les églises. Car la
maladie est une maladie donnée par un homme qui possède les
bêtes féroces de la forêt, par un prédateur qui
chasse par la maladie les individus, les proies de sa famille. Toutes les
métonymies et métaphores du Sida tournent autour de cette
problématique de la chasse, de la guerre. Ce qui sous-entend que les
représentations sociales de la maladie (et même les
représentations de la maladie) en Afrique centrale, tel qu'au Gabon,
sont gouvernées par la violence de l'imaginaire selon TONDA.
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Si nous proposons ce récapitulatif des idées
énoncées plus haut c'est pour permettre au débat de suivre
une connexion logique. Car tous ce que l'on énonce doit faire suite
à « une possession momentané par les esprits ». On
pense à travers les auteurs et pas en dehors.
Notre terrain nous permet de constater que la maladie et le
Sida sont représentés par des expressions ou des mots. C'est mots
ou expressions ont la particularité d'être des figures de styles
littéraires, en autre métaphores et métonymies. Ces
figures de styles ne sont en fait que des représentations sociales qui
sont produites dans des lieux ou espaces hétérotopiques. La
maladie dans les sociétés de MHSB et religieuses est un fait
social qui, en fait, donne à ce que chacun puisse l'interpréter
à son gré. La maladie devient un diable, une attaque en
sorcellerie, l'oeuvre de Dieu etc. Et il faut chercher à comprendre la
présence de l'utilisation de toutes ses figures de styles. Car si les
sociétés capitalistes africaines ont tendances à
l'oublier, le Sida existe parce que la biomédecine lui a donné un
nom. L'utilisation des métaphores et des métonymies de guerres,
de chasse, de lutte ; la violence de l'imaginaire et du sens qui conditionnent
et structurent le marché linguistique de la maladie du Sida soldent, en
fin de compte, les métaphores du Sida d'une portée capitaliste.
En fait les métaphores et les métonymies de la maladie du Sida ne
sont qu'une forme accomplie de l'exploitation du social pour créer des
revenus. C'est l'inventaire du procès du capitalisme dans le
marché linguistique de la maladie du Sida qui est notre problème
de recherche, mais aussi la lutte de l'Etat contre les imaginaires de la
maladie du Sida. L'envoutement, la possession, la subjugation par le
capitalisme des mots et des expressions qui représentent la maladie du
Sida est la préoccupation de cette recherche.
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