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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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b) Position du débat chez les universitaires gabonais

Nous commençons notre discussion avec Germain OWONO ESSONO qui a commis un mémoire au département de sociologie qui s'intitule « le sexe et la mort ou la dénégation politique du sida au Gabon : pour une analyse de contenu des images de 1986 à 2005112». Il s'inscrit dans un champ théorique althussérien qui met à jour le rôle des appareils idéologiques d'Etat dans le procès économique et politique dans le but du contrôle de la conscience collective. Son terrain d'étude a été Libreville. La réflexion sur `'le sexe et la mort ou la dénégation politique du Sida au Gabon :pour une analyse de contenue et des images sur le Sida de 1986 à 2005» menée par Germain OWONO ESSONO montre comment le discours de l'Etat a progressivement changé. En effet, un le discours politique disait que le gabonais était naturellement immunisé contre le VIH/SIDA. Il, s'agissait de rassurer la conscience collective .Cependant, Cette pseudo- « immunité naturelle » n'a fait qu'augmenter le taux de séroprévalence considérablement, ramenant logiquement l'Etat vers une réalité celle de l'existence de la maladie. Immédiatement le discours a changé pour alerter l'opinion quant au danger de contamination durant les rapports sexuels par le VIH/ SIDA. En cela, les spots publicitaires et les tags sur les murs des écoles, des hôpitaux, des ONG, pour ne citer que ceux-là, ont servi à faire naître le mot prévention dans le comportement sexuel des Librevillois. Ceci nous permet de comprendre, à partir de notre travail, comment l'image et la peur du VIH/Sida servent l'Etat afin, comme une propagande, de mieux vendre le préservatif. En outre il permet de comprendre comment les représentations sociales du Sida peuvent aggraver une épidémie. Les images, par les médias (presse écrite ou

111 Florence BERNAULT, Op cit, p 101.

112 Germain OWONO ESSONO, Le sexe et la mort ou la dénégation politique du Sida au Gabon : pour une analyse de contenue et des images sur le Sida de 1986 à 2005, Libreville, UOB, Département de sociologie, 2005.

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télévisée, bande dessinée113) servent à produire un rapport illusion/allusion qui occulte la réalité du sida au Gabon. Il y a une construction médicale du Sida qui permet de conscientiser les individus.

Ce mémoire nous permet d'avancer sur la construction de notre analyse. En fait, la dénégation politique ne nous intéresse pas à proprement parlé. C'est plutôt la qualité des données de terrain de ce mémoire qui vient rejoindre notre analyse. En effet, les images ou les tags qui figurent ici et là à travers la capitale nous illustre assez bien les représentations sociales métaphoriques du Sida. Il y a une image qui précise bien que « le sida ce n'est pas la sorcellerie ». Si tant est le besoin de briser ce mythe, c'est pour cause d'idées préconçues créée par les MHSB et la religion. Ceci revient à dire que ces deux « organes " participent à l'occultation biomédicale du Sida au Gabon. Toute cette occultation est alors relayée par la politique dans des discours (pour le cas du mémoire de germain OWONO ESSONO) qui consiste à faire croire que le gabonais est « naturellement immunisé contre le Sida ". Nous retenons de cette discussion avec notre auteur qu'il y a bien présence d'images, de représentations, de métaphores sur le Sida au Gabon. Et que les iconographies qui parcourent la ville sont des révélateurs de la violence de l'imaginaire et du sens dans notre société gabonaise.

Pour sa part, le travail de Perrin- Herman IKOUBANGOYE intitulé Religion et maladie : le traitement pentecôtiste du Sida à Libreville (Gabon)114 nous a aussi intéressé. Il s'inscrit dans un cadre théorique du structuralisme matérialiste, donc althussérienne, et son champ d'étude est Libreville. Son hypothèse principale s'articule autour du fait que les pasteurs pentecôtistes s'opposent à la conception scientifique du Sida en pratiquant la guérison divine sur la base d'une double opportunité : d'un côté, le pouvoir idéologique propre à l'Appareil Idéologique d'Etat (AIE) qui a une emprise sur les esprits des malades désemparés. De l'autre, les logiques du marché capitaliste des soins et la précarité matérielle qu'elles produisent et exacerbent.

Dans ce mémoire nous retrouvons le corolaire d'expression qui représente la maladie du Sida dans le milieu religieux. Notamment le terme très récurent de punition divine. Mais il y a bien plus. En fait notre auteur démontre comment la religion construit le terme de punition divine. Et en fait, ce qui a lieu de retenir c'est que les pasteurs la construisent ainsi à des fins capitalistes. Leur désir est de faire croire, d'allusionner et d'illusionner les fidèles sur un prétendu pouvoir qu'ils ont de guérir le Sida par le « tout puissant nom de Jésus-Christ ", ainsi que par la puissance des portes-feuilles des fidèles. Or, ce Sida n'est pas une punition divine mais bien une maladie biomédicale. Il déconstruise le Sida biomédicale et le reconstruise en Sida religieux, en Sida imaginaire. En suivant l'analyse de Perrin-Herman IKOUBANGOYE, le Sida comme punition divine n'est qu'une supercherie capitaliste. Le

113 Parmi ces bandes dessinées nous rappelons celle parut dans les années 1990 intitulée « Yannick NDOMBI ou le choix de vivre » publié par le PNLS et ayant le soutien de l'OMS, ou encore Le livret d'information publié en 2006 par le même PNLS.

114 Perrin- Herman IKOUBANGOYE, Religion et maladie : le traitement pentecôtiste du Sida à Libreville (Gabon), Libreville, UOB, Département de sociologie, 2007.

capitaliste se sert des imaginaires, des représentations sociales pour se faire du profit. Nous avons à cet effet une brèche qui peut servir à notre analyse. Notamment, le fait que le capitalisme soit une des raisons qui justifie la présence de la forte utilisation de métaphores et de métonymies pour décrire la maladie du Sida. La maladie et plus particulièrement la maladie du Sida est comme un gâteau. Chaque composante de la société veut sa part. Pour ce faire, les MHSB ou la religion se servent de la violence du sens et de la violence de l'imaginaire pour pervertir les idées biomédicales d'une maladie à des fins capitaliste.

Notre discussion se poursuit avec Max Alexandre NGOUA 115 . Ce mémoire à la particularité d'avoir pour champ d'étude Bitam et de suivre le cadre méthodologique du matérialisme historique. Il s'intéresse à la pratique de la sorcellerie du Kôhng dans une ville frontalière du Cameroun et de la Guinée-Equatoriale. Le propre de cette pratique est de capturer las âmes d'individus par le moyen de la sorcellerie. C'est généralement au moyen d'une boîte en argent ou en or dans laquelle sont disposée des miroirs. Pour lui, « les commerçants et les politiciens recouvrent tous au Kong, les uns pour enrichissement rapide, les autres pour conquérir ou conserver le pouvoir116». Mais ce qui nous intéresse c'est le moyen par lequel l'auteur décrit comment on inocule le Sida mystiquement à un individu. Max Alexandre NGOUA dit que les « détenteurs de ce type de sorcellerie peuvent mystiquement prendre le sang d'un séropositif pour l'inoculer à un homme sain, dans le dessein de nuire à ce dernier117». Ce qui revient à dire que le Sida est une maladie que l'on peut envoyer par le Kôhng d'oü la présence des métaphores sur le Kôhng au sujet du Sida.

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