b) Le sexe ou les corps et cordes du string
Le discours romanesque gabonais est illustratif de la
contamination au Sida par le sexe. En effet, dans Sidonie de Chantal
Magalie MBAZOO KASSA, c'est au détour d'un bar durant une mission qu'un
jeune fonctionnaire va être contaminé par une serveuse aux corps
exotique : une « bombe sexuelle ". Le récit proposé par cet
auteur nous permet d'entrevoir une analyse sociologique de cette contamination.
Autrement dit, c'est dans un détour, dans un espace
hétérotopique, un lieu de toutes les transgressions, que le
fonctionnaire va être contaminé par une serveuse « bombe
sexuelle ", un « oiseau prédateur " de la nuit. Le propre d'une
« bombe sexuelle " c'est qu'elle stimule et réveille les fantasmes
les plus inédits et triviaux qui sont refoulés et enfouies dans
le code morale de chaque individu. C'est par besoin de découvrir
l'exotisme sexuel, c'est ailleurs sexuel, cette infidélité, ce
corps-sexe fantasmatique d'un soir, par lequel le jeune fonctionnaire va
contracter la maladie du Sida.
Lorsque nous recensons le corpus au sujet de l'expression du
Sida comme maladie des quatre lettres, nous retenons que c'est cette notion de
« bombe sexuelle " qui est une notion apparaissant masquée dans les
discours. Lorsque nous avons retranscrit les propos d'Aude et Linda, nous
retenons que ce sont les strings (avec les cordes), les stretchs qui poussent
les hommes à l'infidélité. Ce sont donc les sous
vêtements sexy, les sous-vêtements qui attirent, excitent. Ce sont
les strings avec les cordes, les stretchs, d'une manière les
vétements qui mettent en valeur les formes, les beaux corps, le corps
des bombes. Ces strings sont des sousvétements portés à
l'origine par les danseuses stripteaseuses de bar, d'espaces
hétérotopiques afin d'illuminer la « fleur de pique ". Ce
sont des outils pour mettre en valeur le corps, le corps-sexe, le sexe de la
« bombe " afin d'atteindre un seul but avoué : la subjugation.
Selon Aude et Linda, le string est le vêtement porté par ses
« pétasses " qui volent les maris. Ce sont des vêtements que
les maris infidèles vont trouver sur les corps sexy, les corps-sexes,
sur les bombes sexuelles et dont il faut désormais s'accaparer et en
faire des apparats afin de reconquérir cet homme en quête
d'exotisme et de fantasme sexuelle. Le port du string, pourtant
sous-vêtements des femmes peut fréquentable, brise les tabous et
la morale. Chacune se veut « stringueuse " ou adepte de la lettre «
T269 " pour retenir le concubin dans le lit nuptiale. Chacun
transgresse le code moral pour intégrer une norme sexuelle qui
réifie les rapports sociaux conjugaux. Aujourd'hui, il est rare de
trouver des femmes de 14 à 40ans qui ne compte pas dans leur garde robe
une collection de string270. Chacune veut avoir un string en corde
comme un attribut, une possession d'une partie du corps des « bombes
sexuelles ".
C'est retenir alors, que l'infidélité est une
affaire de fantasme, une affaire de strings et de bombe sexuelle, une affaire
de sexe. Le Sida est une maladie qui transite dans la société
269 Autre nom que certains jeunes donnent au string comme
allusion à sa forme en T.
270 Il y a une quinzaine d'années le string était
tabou au Gabon car référant a la prostitué.
gabonaise par l'infidélité sexuelle, par le
fantasme des bombes sexuelles, de leurs corps et cordes du string. Tout ceci
pour dire que, les métaphores du Sida prennent pour piliers
représentatifs l'infidélité car elle est le siège
de tous les fantasmes sexuels, qui sont malheureusement
représentés dans notre étude par les strings portés
par les corps des bombes sexuelles voleuses de maris.
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