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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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2) Le bouddhisme et la maladie du Sida

Le bouddhisme est une religion qui prend ses sources dans la région de l'Asie et plus précisément au Tibet. Pour faire cette discussion nous avons interrogé Hubert260un adepte de cet enseignement. Ce qui a amené que je puisse m'intéresser à lui c'est le fait que dans nos discussions préalables il m'avoua qu'il était séropositif. Voici le résumé des idées d'Hubert sur la question du Sida et du Karma.

Enoncé n°13 :

« Le karma est une force de la nature qui équilibre les rapports entre les hommes. Et la mort est une de ses armes tout comme la maladie ou l'infortune des hommes. Le bouddhisme à pour objectif de remettre d'abord l'homme en harmonie avec lui et autrui, et ensuite de le mettre en harmonie avec la nature. La mort, la maladie ou les infortunes que les hommes croisent sur le chemin dans la vie est une forme d'équilibre qui met l'homme sur le sentier de l'harmonie avec la nature. Lorsque nous vivons de manière désordonnés (débauches sexuelles, l'alcool, l'ambiance, la calomnie, etc) nous arrivons tout ou tard à contracter des maux, des infortunes qui peuvent nous suivre des générations. En fait, la terre ou la vie est une salle de classe. Quand l'élève à compris les cours il évolue dans la hiérarchie céleste au moment de l'examen c'est-à-dire la mort. Quand il n'a rien compris, la nature le remet dans les mêmes conditions ou même dans des conditions plus difficiles et ceci jusqu'à ce qu'il comprenne. Cela peut prendre des générations, mais il finit toujours par comprendre que les autres sont plus importants que lui et qu'il y a un être supérieur qui préside au devenir. Tu sais que je suis séropositif. Pourtant je n'étais pas volage mais tu vois quand tu pratique le bouddhisme tu dois être capable de transformer tout évènement négatif, donc d'une certaine manière toute faiblesse en force. J'ai 35ans aujourd'hui et la chose que j'ai appris c'est que les entités supérieures mon envoyé une épreuve, je dois la traversée avec dignité et foi. De fait, mon Sida n'est pas le Sida des autres ou celui de mon oncles qui est un grand franc-maçon comme ma mère se vertu à le croire. C'est un enseignement qui doit me

260 M. Hubert, masculin, niveau d'étude supérieur, bouddhiste, enseignant d'Espagnol, camerounais

permettre de savoir ce que c'est être malade. Donc, je prends mes préoccupations pour éviter de contaminer mes frères et, aujourd'hui, les gens sont plus respectueux des séropositifs. C'est que mes prières vers Bouddha sont entrain de porter leur fruit. Je suis séropositif parce que la maladie est un enseignement ésotérique. Tu vois ma mission est de continuer de croire en l'humanité, en être supérieur, et non pas à m'affaler sur mon sort ou à culpabiliser les autres. Bien au contraire en les aimants je me sens mieux chaque jour. Vous me donnez la force chaque jour de tenir plus longtemps, car chaque jour est enseignement. Et tu vois, il faut bien mourir de quelque chose, du coup que se soit le Sida, un accident ou autres chose on doit tout passer l'examen de fin vie terrestre afin de savoir si on grandira ou pas ! En fait vivre avec le Sida comme un karma, c'est vivre et accepter sa séropositivité : c'est une manière d'apprendre à bien mourir! »

Nous devons avouer que l'entretien avec Hubert a été très différent des autres. Le Sida du point de vue bouddhiste est un Sida karmique. En fait, toutes les affaires du corps cher à TONDA sont, dans cette conception bouddhique, une forme de karma. La maladie et de manière globale, toutes les infortunes que vivent les hommes sont dus au karma. Hubert pratiquant du bouddhisme assume son Sida suite au fait que c'est enseignement d'humanisme. C'est dire que la maladie chez les bouddhistes n'est pas un rapport avec les autres. Ce n'est pas un rapport avec la sorcellerie mais plutôt une volonté supérieure qui régie la destinée de chaque individu. Le Sida dans le Bouddhisme n'est pas une infortune mais un mal nécessaire à l'évolution de l'homme et de l'humanité. C'est un mal nécessaire que les hommes doivent affronter avec dignité.

C'est en cela que nous disions, au départ, que cette conception de maladie est totalement différente de ce que nous avons entendu depuis le début de notre enquête. Il n'y a aucun rapport avec les autres si ce n'est dans un but de se surpasser. Il n'y a aucun recours au monde de la sorcellerie qui souhaite anéantir un individu en lui donnant la maladie. Toutefois, il y a toujours un recours à l'imaginaire. Il y a la présence d'un rapport entre un ciel qui donne la maladie à la terre. Si dans cette pensée le rapport à la maladie n'est plus celle des hommes aux hommes, mais transfigurée à celui de homme à la nature ou aux êtres supérieurs, nous nous retrouvons dans ce recours d'une fabrication d'un charisme individuel. Car le but finale est toujours l'exploitation de la maladie du Sida dans l'objectif d'atteindre des facultés extraquotidiennes que Max WEBER a nommées : le charisme.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius