2) Le bouddhisme et la maladie du Sida
Le bouddhisme est une religion qui prend ses sources dans la
région de l'Asie et plus précisément au Tibet. Pour faire
cette discussion nous avons interrogé Hubert260un adepte de
cet enseignement. Ce qui a amené que je puisse m'intéresser
à lui c'est le fait que dans nos discussions préalables il
m'avoua qu'il était séropositif. Voici le résumé
des idées d'Hubert sur la question du Sida et du Karma.
Enoncé n°13 :
« Le karma est une force de la nature qui
équilibre les rapports entre les hommes. Et la mort est une de ses armes
tout comme la maladie ou l'infortune des hommes. Le bouddhisme à pour
objectif de remettre d'abord l'homme en harmonie avec lui et autrui, et ensuite
de le mettre en harmonie avec la nature. La mort, la maladie ou les infortunes
que les hommes croisent sur le chemin dans la vie est une forme
d'équilibre qui met l'homme sur le sentier de l'harmonie avec la nature.
Lorsque nous vivons de manière désordonnés
(débauches sexuelles, l'alcool, l'ambiance, la calomnie, etc) nous
arrivons tout ou tard à contracter des maux, des infortunes qui peuvent
nous suivre des générations. En fait, la terre ou la vie est une
salle de classe. Quand l'élève à compris les cours il
évolue dans la hiérarchie céleste au moment de l'examen
c'est-à-dire la mort. Quand il n'a rien compris, la nature le remet dans
les mêmes conditions ou même dans des conditions plus difficiles et
ceci jusqu'à ce qu'il comprenne. Cela peut prendre des
générations, mais il finit toujours par comprendre que les autres
sont plus importants que lui et qu'il y a un être supérieur qui
préside au devenir. Tu sais que je suis séropositif. Pourtant je
n'étais pas volage mais tu vois quand tu pratique le bouddhisme tu dois
être capable de transformer tout évènement négatif,
donc d'une certaine manière toute faiblesse en force. J'ai 35ans
aujourd'hui et la chose que j'ai appris c'est que les entités
supérieures mon envoyé une épreuve, je dois la
traversée avec dignité et foi. De fait, mon Sida n'est pas le
Sida des autres ou celui de mon oncles qui est un grand franc-maçon
comme ma mère se vertu à le croire. C'est un enseignement qui
doit me
260 M. Hubert, masculin, niveau d'étude supérieur,
bouddhiste, enseignant d'Espagnol, camerounais
permettre de savoir ce que c'est être malade. Donc,
je prends mes préoccupations pour éviter de contaminer mes
frères et, aujourd'hui, les gens sont plus respectueux des
séropositifs. C'est que mes prières vers Bouddha sont entrain de
porter leur fruit. Je suis séropositif parce que la maladie est un
enseignement ésotérique. Tu vois ma mission est de continuer de
croire en l'humanité, en être supérieur, et non pas
à m'affaler sur mon sort ou à culpabiliser les autres. Bien au
contraire en les aimants je me sens mieux chaque jour. Vous me donnez la force
chaque jour de tenir plus longtemps, car chaque jour est enseignement. Et tu
vois, il faut bien mourir de quelque chose, du coup que se soit le Sida, un
accident ou autres chose on doit tout passer l'examen de fin vie terrestre afin
de savoir si on grandira ou pas ! En fait vivre avec le Sida comme un karma,
c'est vivre et accepter sa séropositivité : c'est une
manière d'apprendre à bien mourir! »
Nous devons avouer que l'entretien avec Hubert a
été très différent des autres. Le Sida du point de
vue bouddhiste est un Sida karmique. En fait, toutes les affaires du corps cher
à TONDA sont, dans cette conception bouddhique, une forme de karma. La
maladie et de manière globale, toutes les infortunes que vivent les
hommes sont dus au karma. Hubert pratiquant du bouddhisme assume son Sida suite
au fait que c'est enseignement d'humanisme. C'est dire que la maladie chez les
bouddhistes n'est pas un rapport avec les autres. Ce n'est pas un rapport avec
la sorcellerie mais plutôt une volonté supérieure qui
régie la destinée de chaque individu. Le Sida dans le Bouddhisme
n'est pas une infortune mais un mal nécessaire à
l'évolution de l'homme et de l'humanité. C'est un mal
nécessaire que les hommes doivent affronter avec dignité.
C'est en cela que nous disions, au départ, que cette
conception de maladie est totalement différente de ce que nous avons
entendu depuis le début de notre enquête. Il n'y a aucun rapport
avec les autres si ce n'est dans un but de se surpasser. Il n'y a aucun recours
au monde de la sorcellerie qui souhaite anéantir un individu en lui
donnant la maladie. Toutefois, il y a toujours un recours à
l'imaginaire. Il y a la présence d'un rapport entre un ciel qui donne la
maladie à la terre. Si dans cette pensée le rapport à la
maladie n'est plus celle des hommes aux hommes, mais transfigurée
à celui de homme à la nature ou aux êtres
supérieurs, nous nous retrouvons dans ce recours d'une fabrication d'un
charisme individuel. Car le but finale est toujours l'exploitation de la
maladie du Sida dans l'objectif d'atteindre des facultés
extraquotidiennes que Max WEBER a nommées : le charisme.
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