Deuxième partie : Les métaphores de la
maladie du Sida dans les espaces hétérotopiques
pentecôtiste et des confréries initiatiques modernes à
Libreville
Introduction de la deuxième partie
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Le second propos de notre thème considère une
réflexion quelque opposée au premier. Quand nous disons à
l'opposé, nous sous-entendons un propos distant des
considérations sorcellaires et populaires que nous venons de
côtoyer dans le précédent propos. Nous rentrons simplement
dans un autre registre du discours qui inaugure la présence de
démons et de Dieu. En ce sens que les lieux dans lesquels nous avons
collecté nos donnés sont des espaces hétérotopiques
qui sont des lieux « sacrés». Les discours sont
différents, car l'instituant de ces discours est la bible
(église) et les monographies (A.M.O.R.C).
Cette partie propose une lecture à la fois historique
et sociologique des métaphores de la maladie du Sida dans le milieu
pentecôtiste et des confréries initiatiques modernes gabonais. Il
nous faut « revenir aux textes [au discours], aux lieux de constructions
de l'imaginaire, afin de localiser les lieux, formes et modes d'expression de
cette tension.243 ». Le marché linguistique du Sida
reste le concept le mieux approprié pour lire les discours
métaphorique des acteurs de ce marché. En ce sens que l'action
coordonné entre un locuteur autorisé et un interlocuteur
autorisé montre mieux le rapport de force qui existe dans
l'élaboration du discours métaphorique du Sida dans une
période postcoloniale. Seulement, toute cette démarche n'est
rendu possible que par la puissance des représentations imaginatives,
ainsi que par la force du sens du mot. C'est donc, la violence symbolique de
Pierre BOURDIEU et cette sociologie imaginative des COMAROFF qui semblent plus
approprié pour lire la métaphore de la maladie du Sida dans
l'espace hétérotopique populaire de la postcolonie gabonaise.
C'est trois ensembles ont un mode de représentations de
la maladie, et de la maladie du sida en particulier, qui se distingue par une
forte prégnance à l'utilisation de la notion de charisme. Le
charisme dans le sens commun est un don particulier conféré par
une grâce divine pour le bien commun. C'est plus une qualité qui
permet à son possesseur d'exercer un ascendant sur un groupe.
Sociologiquement, « le charisme peut être défini comme une
relation de pouvoir fortement asymétrique entre un guide inspiré
et une cohorte de suiveurs qui reconnaissent en lui et en son message la
promesse et la réalisation anticipée d'un ordre nouveau auquel
ils adhèrent avec une conviction plus ou moins
intense244». Seulement, le mode d'expression utilisé
pour faire assoir ce pouvoir charismatique et l'usage quasi intense et
obsessionnel des métaphores. « Mais les métaphores
charismatiques ne sont pas le produit d'une imagination débridée.
Elles sont régies par une rhétorique plus ou moins
conventionnelle, par laquelle le personnage charismatique cherche à se
donner des garants
243 Lydie MOUDILENO, Littérature postcoloniale
244 Raymond BOUDON et Francois BOURRICAUD, Dictionnaire
critique de la sociologie, Paris, PUF, 1990, 3ème édition, p
78.
pour alimenter la foi de ses fidèles. Dans le processus
d'attestation qui consacre le personnage charismatique, l'imaginaire social est
un recours non pas unique, mais parfois décisif245».
Pour introduire, nous devons dire que les
représentations sociales de la maladie, et de la maladie du Sida, dans
les espaces hétérotopiques religieux au Gabon sont
caractérisées par une présence des métaphores de la
maladie. Ces métaphores sont utilisées par des « leader
» dans le but de faire assoir un pouvoir que nous qualifions
d'économique. Ce pouvoir économique passe par légitimation
par les fidèles ou les « fraters246» du charisme du
pasteur, du nganga ou du maître.
245 Raymond BOUDON et Francois BOURRICAUD, Ibid, p
78.
246 Terme utilisé pour décrire un frère dans
l'A.M.O .R.C
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