2) Le Kôhng
Le kôhng est une pratique sorcellaire propre à la
région du Nord du Gabon. C'est une technique de sorcellerie qui a
migré des pays frontaliers à cette région notamment le
Cameroun et la Guinée équatoriale. A la différence des
autres métaphores, nous n'avons pas eu d'enquêté qui nous
ont parlé du Kôhng. Mais nous avons eu la possibilité de
lire le mémoire de maîtrise de Max Alexandre NGOUA191
qui traite largement de ce thème. Et c'est à la lecture de ce
mémoire que nous avons trouvé une similitude entre le Kôhng
et la métaphore du Sida.
Le Kôhng est une boîte ou un petit cercueil dans
lequel il y a des miroirs sur les quatre côté et dans laquelle on
retrouve des mains de gorille, des morceaux de chair (humaine), des morceaux de
crâne, une chaîne, des stylos et généralement une
liste des personnes à atteindre mystiquement192. Ce qui est
intéressant c'est que sur cette liste à côté des
noms il y a la manière dont les personnes citées doivent mourir.
Et c'est ici que nous avons trouvé matière a réflexion. Il
est mentionné la notion de Sida. Ce qui revient à dire que le
Kong peut donner mystiquement le Sida. Joseph TONDA193 décrit
que dans le journal194 « c'est la réalité plus
que tangible de deux Kôhng et de leurs fonctions : le kôhng
reliquaire et le kôhng nylon. Ce dernier, par exemple, est destiné
« uniquement à faire du mal sans apporter un quelconque profit
particulier à son utilisateur ». Et les « détenteurs de
ce type de sorcellerie peuvent mystiquement prendre le sang d'un
séropositif pour l'inoculer à un homme sain, dans le dessein de
nuire à ce dernier.195» Donc dans l'imaginaire
sorcellaire Gabonais, le Kong peut
190 Joseph TONDA, « La santé en Afrique ou l'esprit
contre le corps », l'Homme et la maladie, Libreville, Editions
Raponda Walker, coll « palabres actuelles », n°2-Vol A, 2008, P
76.
191 Max Alexandre NGOUA, La sorcellerie du Kong à
Bitam : une manifestation symbolique de l'économie capitaliste,
Libreville, Mémoire de maîtrise, UOB, Faculté de Lettres et
sciences Humaines, département de sociologie, septembre 2004.
192 Nous tenons cette informations du journal
télévisé de la RTG 1 produit le lundi 24 octobre 2008
à 13heures 27 minutes
193 Joseph TONDA, « Limites du social et déficits
d'institutionnalisation du culturel en Afrique : le spectre du social et les
esprits du culturel », Etre en société. Le lien social a
l'épreuve des cultures. Sous la dir. André PETITAT, Laval,
Les Presses de l'Université Laval, 2010, p 124
194 L'Union Plus du mardi 11 novembre 2008,p1O, et
l'Union du Lundi 3 novembre 2008.
195 Joseph TONDA, « Limites du social et déficits
d'institutionnalisation en Afrique... », Op cit, p 124.
62
donner le Sida à un individu sain. NGOUA nous donne la
méthode par laquelle on livre une personne au Kong. « Le candidat
au Kong, prélèvera auprès de son parent sa «
saleté » (vétement, mèche de cheveux, ongles... etc)
ou sa photo. A défaut de sa photo, il écrira le nom de son parent
sur une liste. Puis ces éléments seront introduits dans la
boîte.196»
Nous constatons une grande similitude entre le Mbumba, la
marmite nocturne, l'arcen-ciel avec le Kong. En effet, les techniques
utilisées sont les mêmes. A savoir, les objets du
prélèvement du corps de la personne à envouter ou à
tuer. Ce qui est à retenir c'est que la boîte, la marmite ou le
petit cercueil sont tous des endroits spectrale, des tombes réceptacles
de la mort et manifestations du pouvoir mortifère de l'économie
capitaliste. En ce sens , le Sida dans les représentations
indigènes est un Sida assurément sorcier. Car le mal et la mort
que donne le Sida ne peuvent être comparés qu'à un
équivalent de cette puissance mortifère au Gabon ;
c'est-à-dire le Mbumba, le fusil nocturne, l'arc-en-ciel, le Kong ou la
marmite nocturne qui ne sont que les objets de rituels par lequel le sorcier
donne la mort.
196 Propos recueillies par Max Alexandre NGOUA, La
sorcellerie du Kong à Bitam : une manifestation symbolique de
l'économie capitaliste, Libreville, Mémoire de
maîtrise, UOB, Faculté de Lettres et sciences Humaines,
département de sociologie, septembre 2004, p90.
|