II- La sémiotique du langage
révolutionnaire :
D`une manière générale, le slogan
révolutionnaire incarne essentiellement l`aspect verbal de notre langage
présupposé, le langage de la révolution. Ce dernier est
une entité « multiforme et hétéroclite
»24 et constitué selon Charaudeau « d`un
ensemble
22 Marie-Françoise MORTUREUX. La lexicologie
entre langue et discours. Ed. Carmand Colin, 2008. P105.
23 P. Charaudeau et D. Maingueneau. Dictionnaire
d'Analyse du Discours. Paris, Seuil. 2002. p :537. 24.F. De
Saussure. Cours de linguistique générale. P24.
structuré de signes formels »25en
représentant des codes sémiologique divers (code iconique, code
gestuel...) dans la mesure où l`homme se sert non seulement de la
parole, mais de tout « un univers de comportements [...] juxtaposé
à celui des mots »26.
Dans ce cadre sémiotique, tout signe langagier entre
dans des interactions et des relations proxémiques et
kinésique27, dont la mise en question et en
considération de ce rapport entre signaux révolutionnaires nous
permet d`indiquer et d`analyser la complémentarité, la
compatibilité des deux aspects du langage d`une part, d`autre part son
organisation et son fonctionnement dans la société.
1. Le processus révolutionnaire égyptien
:
Pour atteindre les objectifs et les finalités
visées par cette analyse sémiotique, il nous faut d`abord
comprendre et expliciter les divers mécanismes sur lesquels se fond le
processus révolutionnaire égyptien. En d`autres termes, les
différents moyens et techniques auxquelles le peuple égyptien a
fait appel pour se révolter. Ce processus, comme nous l`avons
constaté, s`est répété dans les pays du monde arabe
ayant connu des soulèvements de ce mouvement. Ces mécanismes ont
été représentés à travers des principaux
événements de protestation : les manifestations, le site -in, les
grèves et jusqu`à toute forme de violence sociale.
. Les manifestations :
C`était la technique la plus rependue durant la
révolution des 18 jours. En Égypte, le premier geste pour se
protester était la grande mobilisation de manifestations du 25 janvier
le jour du déclanchement de la révolte. Cependant, il
était une réaction et une repense massive et réussite
à un appel à « une journée de colère »
lancé par un mouvement de jeunes apolitiques du mouvement 6 avril en
collaboration avec d`autres associations et partis politiques d`opposition,
comme celui de Kifaya (ALHARAM Hebdo.2011. N°855). Bien évident ce
mouvement de manifestations a été tellement organisé en
s`amplifiant d`un jour à un autre envahissant toutes les grandes villes
et les provinces du pays. En effet ce mouvement a perpétué et
orné la rue égyptienne même
25 P.Charaudeau. Une théorie des sujets du
langage. In langage et société. N° 28. 1984
P38.
26 E.T.Hall. Le langage silencieux. Ponits, 1984.
P12.
27 Joseph Coutés. La sémiotique du
langage. Ed.A.C, 2007.P31.
après le départ du président (le 11
février) avec une nouvelle dimension et valeur de
célébration.
. Les Sit-in :
Depuis plusieurs années, avant la révolution du
25 janvier, le contestataire égyptien a connu cette nouvelle technique
ou mécanisme de protestation. Il s`agit d`organiser des sit-in notamment
devant des établissements étatiques concernés, pour
réclamer des droits et des revendications perdues. Cette même
procédure, philosophie et culture de la révolution a
été adoptée durant, et même après, la
période du soulèvement populaire.
Depuis le premier jour de la colère, les manifestants
militent pour occuper « la place Tahrir » et plusieurs autres places
sensibles et symboliques. La place qui n`a enfin été envahie
qu`au vendredi soir le 28 janvier après le retrait inattendu de la
police. Cet endroit est devenu ensuite, la place emblématique de la
révolution, la place de tous les événements (ALAHRAM
Hebdo.2011. N°856).
. Les grèves :
Les grèves ont aussi embarrassé plusieurs
secteurs socioprofessionnels durant, et même avant, la révolution.
Ces mécanismes et techniques de protestation ont fait intervenir pour
augmenter la surpression de la révolution.
Les deux principaux mouvements grévistes
signalés pendant le soulèvement sont : d`abord la grève
générale qui a été lancée le dimanche soir,
le 6eme jour de la révolution, par des dirigeants de l`opposition et des
travailleurs des grandes villes (Caire, Alexandrie, Suez...), ensuite dans les
derniers jours qui précédaient la démission du
président, dont tout le pays était en paralysé totale
à cause de désobéissance civil. Une série de
grèves levaient la pression du processus révolutionnaire,
lancées par la composante ouvrière de tous les secteurs, en
rejoignant les militants à la place Tahrir (ALAHRAM. Hebdo. 2011.
N°856).
. La violence sociale :
Comme tout autre mouvement révolutionnaire, la courbe
de la violence égyptienne a été tellement active et
contrastée entre scenes terrifiantes et parfois d`un calme prudent sur
plusieurs façades :
D`abord des scenes de violences entre manifestants et forces
de l`ordre et de la police qui ont utilisées tant de moyens pour
empêcher et réprimer les manifestations notamment durant les 3
premiers jours ( la défaite du 25 janvier), ayant fait au moins 140
morts (ALAHRAM. Hebdo.2011. N°856, N°859).
Ensuite après le retrait de la police, la violence
s`est régressée, mais s`est transformée en une autre
scène entre les manifestants, les citoyens et le phénomène
de « Baltagui » (hommes de mains et des milliers de prisonniers
s`enfuis) (ALAHRAM. Hebdo 2011. N°856). Cette scene a été
fortement accompagnée d`une vague de folie, de pillages, de vols, et
d`incendier de plusieurs sieges de polices, de gouvernorats et de PND (partie
politique du pouvoir : Parti National Démocratique). En revanche,
même l`héritage archéologique a été
menacé (ALAHRAM. Hebdo 2011. N°859).
Encore une autre scene a aussi attiré l`attention, est
la plus importante qui a mis en enjeux toute la révolution
égyptienne. Elle est connue par « La bataille des dromadaires
» du 2 février 2011. Des affrontements meurtriers à la place
Tahrir entre les anti-Moubarak et ses militants (pro-Moubarak) en faisant des
dizaines de morts et des milliers de blessés (environ 1500) (ALAHRAM.
Hebdo. 2011. N°861).
Enfin, la révolution égyptienne a
présenté un bilan assez lourd de 864 morts et de 6460
blessés dans les rangs des manifestants et 26 policiers ont
été tués (ALAHRAM. Hebdo. 2011.N°868).
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