IV- Le slogan révolutionnaire en tant que genre
de discours :
Lorsque chaque discours vise généralement
à : énoncer, décrire, raconter et à argumenter,
P.Charraudeau a fait distinguer quatre types ou modes d`organisation du
discours : le discours énonciatif, descriptif, narratif et le discours
argumentatif35.
A travers cette analyse discursive, nous essayons de mettre en
question et en évidence les slogans constituants notre corpus en tant
que genre de discours énonciatif, d`où les locuteurs
(manifestants et protestataires), en plus d`énoncer leur
révolution, visent à établir un rapport d`influence avec
leurs interlocuteurs, en relevant ainsi leurs points de vue situationnel. Ce
sont en fait les fonctions les plus importantes de tout discours
énonciatif en plus de témoigner de la parole des interlocuteurs.
Pour mieux comprendre notre analyse discursive, il faut d`abord expliciter les
critères sur lesquels elle est fondée, les traits et les
principes du mode d`organisation d`un discours énonciatif
proposés par Charaudeau, et suivant les quels aussi nous nous
référons pour élaborer la grille qui sera mise en
question.
1. grille d'analyse du discours révolutionnaire
:
1.1. crit~res d'élaboration :
Il faut d`abord préciser que, en élaborant notre
grille d`analyse, nous nous sommes inspiré par une autre qui a
été Proposée par P.Charraudeau concernant le discours
énonciatif et ses d'différentes fonctions, en explicitant les
relations énonciatives possibles avec leurs diverses
spécifications et les catégories de langue auxquelles ces
dernières sont sous jacentes.
D`abord, pour le rapport d`influence entre locuteur et
interlocuteur, le premier (l`annonceur), en s`adressant, prend l`un des deux
« rôles langagiers » soit de « supériorité
» indiquant un rapport de force, soit « d`infériorité
» pour un rapport de demande. Donc quel rapport est indiqué ou
exprimé par quelles catégories de langue dans chaque slogan
révolutionnaire égyptien ?
Ensuit le propos énoncé de tout discours
énonciatif relève de certains points de vue dits situationnels
et spécifiés des participants, qui sont présentés
de leur part aussi par un
35 P.Charaudeau. Grammaire du sens et de
l'expression. Hachette Paris, 1992.P :633.
autre ensemble de catégories de langue
identifiées et déterminées par la grille
élaborée par Charaudeau. Alors, dans le discours
révolutionnaire égyptien, quels sont les points de vue
relevés des slogans ? Et par quelles catégories de langue sont
exprimés de façon explicite ou tacite ? Dont il est
distingué, toujours selon Charaudeau, entre cinq points de vue
différents:
- point de vue du mode de savoir : comme constat sur le savoir
et l`ignorance du propos de l`annonceur, et la façon dont il a eu
connaissance (Précise la connaissance d'un propos).
- Point de vue d`évaluation : qui concerne beaucoup
plus la cible ou l`interlocuteur et sa façon dont il évalue et
juge en donnant son opinion d`appréciation ou non les propos
énoncés.
- Point de vue de motivation : c`est le but et la raison de
l`énoncé.
- Point de vue d`engagement : concernant le degré
d`adhésion de l`interlocuteur au propos énoncé.
- Point de vue de décision : que prend l`annonceur et
cherche à réaléser d`où il détermine son
statut (Précise le statut du locuteur et l'effet du propos).
Les composantes de la construction énonciative :
proposés par Charaudeau (1992 :651) :
Relations énonciatives
La relation à
l'interlocuteur.
La relation au dit
(point de vue
situationnel)
La relation à l'autre tiers
|
Spécifications énonciatives
|
Rapport de force (locuteur/interlocuteur)
|
Rapport de demande (locuteur/interlocuteur)
Mode de savoir
Evaluation
Décision
Comment s'impose le monde
|
Catégories de langue
Interpellation
Injonction
Autorisation
Suggestion
Proposition avertissement.
Interrogation requête
Constat savoir/ ignorance
Opinion appréciation
|
Obligation Possibilité Vouloir
|
Promesse
Acceptation/ refus Accord/Désaccord
Déclaration
|
Proclamation
Assertion
(témoignage sur le
monde).
|
Comment parie l'autre
|
Discours rapporté.
|
Les composantes de la construction énonciative :
(Charaudeau. Op.cit., p.651)
|