II.1.2 Les éboulements, les chutes de blocs et de
pierres
1°) Définition
Les chutes de masses rocheuses sont des mouvements rapides,
discontinus et brutaux résultant de l'action de la pesanteur et
affectant des matériaux rigides et fracturés tels que calcaires,
grès, roches cristallines,... Ces chutes se produisent par basculement,
rupture de pied, glissement banc sur banc, à partir de falaises,
escarpements rocheux, formations meubles à blocs (moraines par exemple),
blocs provisoirement immobilisés dans une pente.
Les blocs peuvent rouler et rebondir, puis se stabiliser dans
une zone dite d'épandage. La trajectoire la plus fréquente suit
en général la ligne de plus grande pente, mais on peut observer
des trajectoires très obliques résultant notamment de la forme
géométrique de certains blocs (plaque roulant sur la tranche) et
de petites irrégularités du versant. Les distances parcourues
sont fonction de la taille, de la forme et du volume des blocs
éboulés, de la pente du versant, de la nature du sol, et de la
densité de la végétation.
En ce qui concerne les éléments
éboulés, on distingue (ces définitions correspondent
approximativement à celles retenues par la norme NF P 95-307) :
> les pierres, d'un volume inférieur
à 1 dm3,
> les blocs, d'un volume compris entre 1 dm3
et 1 m3, > les gros blocs, d'un volume supérieur
à 1 m3.
Suivant le volume total éboulé, on distingue (ces
définitions correspondent approximativement à celles retenues par
la norme NF P 95-307) :
> les chutes de pierres ou de blocs, d'un
volume total inférieur à la centaine de m3,
> les éboulements en masse, d'un
volume allant de quelques centaines à quelques centaines de milliers de
m3,
> les éboulements (ou écroulements) en
grande masse, d'un volume supérieur au million de m3.
Certains éboulements de grande ampleur peuvent
mobiliser des volumes de matériaux atteignant plusieurs dizaines de
millions de m3 et semblent obéir à des lois de propagation
faisant intervenir des mécanismes complexes. Ces instabilités qui
affectent une partie importante du versant peuvent bouleverser le relief de
façon notable. Leurs conséquences socio-économiques sont
au moins régionales.
2°) Conditions d'apparition
La densité, l'orientation des discontinuités,
fracturation et stratification, la structure du massif rocheux et la
présence de cavités constituent des facteurs de
prédisposition à l'instabilité. La phase de
préparation, caractérisée par l'altération et
l'endommagement progressifs du matériau, et accompagnée de
petites fractures difficiles à déceler, peut être longue.
Les principaux facteurs naturels déclenchant sont les pressions
hydrostatiques dues à la pluviométrie et à la fonte des
neiges, l'alternance gel/dégel, la croissance de la
végétation, les secousses sismiques, l'affouillement ou le
sapement du pied de la falaise.
3°) Effets et conséquences
Étant donné la rapidité, la
soudaineté et le caractère souvent imprévisible de ces
phénomènes, les instabilités rocheuses constituent des
dangers pour les vies humaines, même pour de faibles volumes (chutes de
pierres). Les chutes de blocs, et a fortiori les éboulements, peuvent
causer des dommages importants aux structures pouvant aller jusqu'à leur
ruine complète, d'autant plus que l'énergie (fonction de la masse
et de la vitesse) des blocs est grande. C'est ainsi que dans les mines
souterraines on dispose beaucoup des dégâts suite à ces
instabilités des roches qui entraînent les pertes des vies
humaines.
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