Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1 CONCLUSION
La présente étude avait pour objectif d'analyser
les conflits homme - éléphant à la
périphérie Est du PNB. Elle a permis d'identifier et de
caractériser quatre sites de fréquentation des
éléphants à proximité des zones agricoles. Les
sites de fréquentation identifiés sont tous des galeries
forestières à Anogeissus leiocarpus, où les
éléphants trouvent protection. L'énorme potentiel des
galeries en ressource alimentaire attire également d'autres
espèces animales sur les sites de fréquentation.
Destructeur au même titre que les Babouins (Papio
anubis) et le Patas (Erythrocebus patas),
l'éléphant (Loxodonta africana africana) est la menace
la plus importante à laquelle font face les agriculteurs dans la zone
d'étude. Les destructions sont caractérisées par le
broutage (55 %), les arrachages (35 %) et le piétinement (10 %). Pour
réduire l'ampleur des pillages, les paysans utilisent des
méthodes traditionnelles de protection des champs telles que le
gardiennage (33 %), l'installation des épouvantails (5 %), le
regroupement des champs (14 %) et la production des bruits à l'aide
d'ustensiles vides (28 %). Toutefois seule la combinaison des techniques entre
le gardiennage, la contiguïté des champs et la production des
bruits donne un résultat satisfaisant dans le village Doudja.
Cette étude a permis de se rendre compte que sur une
superficie totale de 16,87 ha de terrain cultivé, 6,56 ha de cultures
ont été dévastés par les éléphants
soit 38,88 %. Les pertes financières s'élèvent quant
à elles à 2 696 450 FCFA. Considérées à
l'échelle paysanne, les pertes sont importantes. D'autant plus que les
populations utilisent principalement la force physique pour la création
des plantations.
Alors que faire ? La question reste encore entière
malgré les colloques, rapports et expertises. Dire que les hommes
doivent vivre avec les grands mammifères, car ce sont eux qui
étaient là avant que les populations humaines occupent leur
territoire n'est pas suffisant. Il faut donner un espoir aux agriculteurs qui
veulent profiter du fruit de leur travail. Tout en évitant bien
sûr que réapparaissent les grands massacres d'autrefois. Il faut
surtout éviter de « laisser filer » la situation qui
aboutirait à renforcer des comportements irresponsables d'abattage sans
merci de ces magnifiques occupants des savanes du Nord Cameroun.
Faut-il interdire l'existence des villages sous le
prétexte de la sauvegarde de la faune sauvage ? Quel gouvernement, quel
peuple pourrait accepter cela ? C'est pourtant ce qui est sous-jacent à
certains programmes de conservation assortis des mesures de
déguerpissement
des populations humaines. Les Conflits entre l'Homme et la
Faune sauvage (CHF) sont un obstacle sérieux à la conservation
dans le monde entier et se répandent au fur et à mesure que la
population et le développement humains s'accroissent. Lorsqu'elles
travaillent séparément, les organisations de conservation et de
développement dont les projets sont concernés par les conflits
entre l'homme et la faune manquent souvent de connaissances, d'outils, de
ressources et d'expertise nécessaire pour aborder la complexité
du CHF. Pour éviter que la situation ne s'aggrave, il est indispensable
de prendre des décisions permettant d'apporter une solution durable au
CHE.
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