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Conversion des lieux de culte à  Alger du XVIIIème au XXème siècle. Cas de la mosquée/ cathédrale Ketchaoua

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par Samir NEDJARI
Université Paris I Panthéon- Sorbonne - Master recherche patrimoine et conservation- restauration 2012
  

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2- L'affectation de la mosquée au culte chrétien :

Des aménagements sont effectués à l'intérieur de l'ancienne mosquée pour l'adapter au culte catholique, par l'installation des nouveaux mobiliers tout en utilisant l'ancien comme ce fut le cas de la vasque à ablutions transformée en cuve baptismale, le clocheton et la rampe de marbre du `minbar' servirent à la construction de la chaire; le tabernacle fut exposé sur le siège de marbre de l'imam avec des colonnes torses incrustées d'onyx, et des gestes symbolique comme l'installation d'une statue de la Vierge au `Mihrab' qui indiquait auparavant la direction de la `qibla', et l'installation d'une croix sur la grande coupole de l'ancienne mosquée en 1840.

L'abbé Bargès cité par Henri Klein donne une description détaillé de la cathédrale en 1832 : « Au-dessus de chaque galerie, excepte dans la garde orientale, règne une tribune avec balustrade de bois d'un travail très artistique. Cette tribune est occupée par les dames. Une place y est réservée au Gouverneur et sa famille qui peuvent s'y rendre directement du palais, lequel est attenant au templekDes armoires ont été pratiquées çà et là, le long des murs; les portes présentent des panneaux de pièces rapportées, chacune de couleur différente.

Les pans intérieurs de l'église sont revêtus, jusqu'à la hauteur de la tribune, de carreaux de porcelaine blanche et bleue d'un très curieux effet. La chaire, adossée à une colonne, est ornée de sculptures d'une délicatesse et d'un fini remarquables. Devant le lieu où l'on conservait le Coran (le mihrab) et vers lequel se tournaient les musulmans, en priant, on a dressé une statue de la Vierge.

A quelques pas de là, s'élève le maitre-autel, dont la richesse est en harmonie avec la beauté

de ce temple. II offre plusieurs espèces de marbres précieux«Ce qui frappe le plus en entrant dans cette église, ce sont les inscriptions presque colossales qui en ornent les parois. Les lettres ont de trois à quatre pieds de long. Ces inscriptions expriment des sentences tirées du Coran »64.

L'inauguration de la cathédrale eut lieu le jour de Noel 1832, soit une semaine après la prise de la mosquée ; à part les quelques aménagements reporté la dessus, le bâtiment de la nouvelle cathédrale reste celui de l'ancienne mosquée avec ses colonnes décorées de motifs végétaux et ses inscriptions coranique sur tous les parois du bâtiment.

A l'occasion de Pfiques, la reine Amélie offrit à la nouvelle église ses vases sacrés et les premiers ornements sacerdotaux ; le pape Grégoire XVI lui fit don d'un tableau de Carrache, représentant l'Assomption et d'un calice d'or entoure de pierreries et décoré du coq, symbole de la vigilance65.

Cette vague de conversion qui créa des édifices « églises par leur culte, mais mosquées par leur architecture~.ces monuments qui ont bravé les siècles; qu'il suffît de les parcourir pour en retrouver l'origine, et qu'ils fussent eux-mêmes leur propre chronologie »66 ; Ces édifices Hybrides ne semblaient pas poser problème à la pratique du culte chrétien, en gardant même des éléments qui font référence à l'islam, comme les versets coraniques visibles en grands caractères dans la décoration intérieur de la mosquée, des versets gravées, en 1795, par le maitre Ibrahim Djarkeli67, transcrits et traduits par l'abbé Bargès en 184068 (voir Figure.4), ces décorations sont relevées sans pour autant choquer les fidèles.

64 L'abbé Bargès, « notice sur la cathédrale d'Alger en 1839 », dans le journal asiatique, troisième série, Tome XI, l'imprimerie royale, Paris, 1841.

65 JULIEN Charles André, op.cit.

66 M.P.Genty DE BUSSY, op.cit.

67 KLEIN.H, op.cit.

68 L'abbé Bargès, op.cit.

Figure 1 : La mosquée Ketchaoua avant sa conversion en 1832, d'Après une lithographie de Lessore et Wyld. Source : MARÇAIS Georges, Manuel d'art musulman : L'Architecture (Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne, Sicile), Vol VII, Ed Picard, Paris, 1926-1927.

Figure 2 : Coupe de la mosquée Ketchaoua, Amable Ravoisié, 1839. Source : MARÇAIS Georges, Manuel d'art musulman : L'Architecture (Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne, Sicile), Vol VII, Ed Picard, Paris, 1926-1927.

Figure 3 : Mosquée Ketchaoua, plan d'Amable Ravoisié, 1839. Source : MARÇAIS Georges, Manuel d'art musulman : L'Architecture (Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne, Sicile), Vol VII, Ed Picard, Paris, 1926-1927.

Figure 4 : Mosquée Ketchaoua, versets gravées, en 1795, par le maitre Ibrahim Djarkeli , transcrits et traduits par l'abbé Bargès en 1840. Source : L'abbé Bargès, « notice sur la cathédrale d'Alger en 1839 », dans le journal asiatique, troisième série, Tome XI, l'imprimerie royale, Paris, 1841.

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