2- le patrimoine culturel religieux dans la culture
musulmane :
Dans le droit islamique, le patrimoine culturel religieux est
géré par l'institution juridique que l'on qualifie de biens
wakfs `Þ.11' principalement dans les
législations du Moyen Orient et de biens habous ÓJy-~~'
dans les États du Maghreb ; les fonds placés sous ce
régime sont immobilisés de sorte qu'ils ne sont ni vendus ni
donnés, et leurs revenus reviennent à l'aumône ; Ces biens
deviennent inaliénables et ils sont placés hors de la
sphère du commerce et à l'abri de toute transaction en raison de
leurs finalités religieuses et d'intéret
général14.
Le système des habous `Óo4.~1' est issu
d'un hadith15 qui autorise l'affectation à
perpétuité d'un bien mobilier ou immobilier à une oeuvre
pieuse ou d'utilité publique, ce qui fait qu'on retrouve ce rapport
direct entre le divin et les biens matériels dans la culture islamique,
du fait que ces biens acquièrent le statu de bien habous et
deviennent inaliénable pour l'éternité.
L'exemple de la mosquée `Ï,-ã.1' qui est
communément appelé `Çááå
ÊíÈ', littéralement « la maison de
dieu » met en évidence un rapport direct entre un objet
matériel qu'est la mosquée et dieu
`Çááå' ; Ainsi dans le coran on retrouve des
passages qui concrétisent cette relation à
12 Acte religieux par lequel un édifice
religieux, un autel sont consacrés au culte.
13 DURAND Jean Paul, « Intérêt
patrimonial et patrimoine religieux, Le droit canonique », dans
Brigitte Basdevant-Gaudemer, Marie Cornu, Jérôme Fromageau
(dirs.), op.cit.
14 KHALFOUNE Tahar, « Le habous, le domaine
public et le trust », Article paru dans la revue internationale de
droit comparé N° 2-2005.
15
Le hadith s'entend de l'ensemble des récits rapportant
des paroles du prophète Mohamed (QPBDSL) et ayant une valeur normative
en droit islamique, le hadith en question est : On raconte qu'Omar Ibn El
Khettab aurait demandé au prophète ce qu'il pouvait faire de sa
terre pour être agréable à Dieu. Le prophète aurait
répondu : « immobilises-la de façon à ce qu'elle
ne puisse ~tre ni vendue, ni donnée, ni transmise en héritage et
distribues en les revenus aux pauvres ».
l'exemple du verset 18 de sourate El Jinn :
`~ðÏóÍI
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ö Çááåøó
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óÚó~
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~~õ~úÏóÊ
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óáóó~
|
ö ááåö øó
|
óÏöÌÇó~óãú~~
øóäIi : « Les mosquées
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sont consacrées à Allah, n'invoquez donc
personne avec Allah »16.
Toutefois la mosquée dans la culture islamique est plus
définie par l'espace qu'elle occupe et les fonctions qu'elle remplit que
par l'objet architectural en lui-même, puisque dans la tradition musulman
l'immortalité est accordé exclusivement au divin, et nul objets
ou personne ne peut prétendre à ce privilège,
par-là tous les objets sont voués à la finitude et ne
méritent pas la vénération, et on insiste d'un autre
coté sur l'aspect immatériel avec l'essence des objets et la
transmission des savoirs et des traditions.
Cette démarche se situe à porte à faux de
la notion de patrimoine matériel, qui peut être assimilé
à une manifestation de la vénération des
objets17, mais cela n'empêche pas le développement de
traditions de conservation d'objets matériels liés à la
personne du prophète (s.a.w.s), à ses compagnons et aux
saints patrons.
Le patrimoine culturel religieux ne peut être
réduit à l'une ou l'autre de ses dimensions patrimoniales ou
religieuses, ces dimensions qui se manifestent selon l'intérêt que
lui portent les fidèles, l'église, la collectivité ou le
public, il s'agit alors d'envisager comment s'articulent les liens entre ces
différentes dimensions.
Ainsi, la transmission du patrimoine religieux passe à
la fois par la conservation de ces objets dans leur intégrité
physique mais aussi dans leur identité18, en prenant en
compte les dimensions spirituelle de ces biens.
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