B- Le patrimoine culturel religieux :
La notion du patrimoine culturel religieux accorde plusieurs
dimensions à un seul objet, parmi lesquels, les dimensions patrimoniale
et religieuse ; ces étendues qui ne sont pas toujours compatibles
laissent paraitre une certaine complexité liée à ce type
de patrimoine culturel.
Le message de nature religieuse ou ce qu'on peut appeler la
valeur religieuse de ces objets vient essentiellement de leur association au
divin, or les valeurs divines par nature ne sont pas liées à la
matérialité, du fait qu'elles sont détachées de
l'objet et consistent essentiellement en des principes et des vertus.
Malgré qu'il est admis depuis des siècles que les institutions
religieuses aient des biens qui leurs sont propre, le rapport entre le divin et
la matérialité reste toujours un rapport indirect.
1- le patrimoine culturel religieux dans le monde occidental
:
Dans le monde occidental, on peut constater depuis le
système de juridique de la Rome antique un rapport direct entre les
biens et les divinités à lesquelles ils sont consacrés,
ces biens qui échappent à la propriété humaine sont
donc en quelque sorte la propriété des dieux auxquels ils sont
consacrés.8
7 Ibid.
8 BART Jean, « patrimoine et religion, les
dieux possèdent-ils un patrimoine ? », dans Brigitte
BasdevantGaudemer, Marie Cornu, Jérôme Fromageau (dirs.), Le
patrimoine culturel religieux. Enjeux juridiques et pratiques culturelles,
L'Harmattan, Paris, 2006.
Avec l'avènement du christianisme, cette notion laisse
place à celle de patrimoine ecclésiastique qui rassemble des
biens temporels appartenant à l'église, et qui sont à
vocation essentiellement cultuelle, avec des valeurs spirituelles
éternelles.
Ces biens appartiennent une personne juridique publique
constituée par l'autorité ecclésiastique afin d'assumer
leurs gestion au nom de l'église. Dans ces biens on distingue les
choses sacrées qui constituent une catégorie
particulière et ne peuvent être destinées à un usage
profane ou impropre9.
Les reliques représentent un exemple de ces objets
associés à un culte spécifique, ils sont
considérés comme des implications matérielles de
l'incarnation, leur propriété a soulevé plusieurs
problèmes juridiques relatifs au droit du particulier à
posséder des reliques, à l'accès à celles-ci par le
public, sur les modalités de vente et d'achat et sur la question de
l'inaliénabilité de ces objets.
Toutes ces questions sont le résultat des valeurs
qu'acquièrent ces objets de par leurs associations au culte ainsi
« Ces realia de la foi entrent sans transition dans le patrimoine de
l'humanité dans le sens où ils sont considérés
comme sa propriété collective, transmis de
générations en générations, conservés pour
leur seule valeur religieuse »10.
Les églises et cathédrale rentre dans ce cadre
de ce patrimoine religieux, ainsi en plus de leurs valeurs fonctionnelles,
artistiques, historiques et autres, ces lieux de culte ont une valeur
spirituelle, cette différence entre les édifices à
caractère cultuel et les autres bâtisses est résumé
par Monseigneur Roland Minnerath : « Un édifice cultuel doit
être considéré pour ce qu'il est : il n'est ni une salle de
spectacle, ni un musée, ni un b~timent Il est un édifice
religieux, un signe de transcendance dans notre société
sécularisée. Pour les uns, un témoin du passé, pour
d'autres un lieu de prière, de recueillement, de
célébration toujours actuel, il est un monument digne d'~tre
considéré pour ce qu'il est »11.
9 GREINER Philippe, « Biens sacrés et
biens religieux, le point de vue canonique » », dans Brigitte
BasdevantGaudemer, Marie Cornu, Jérôme Fromageau (dirs.),
op.cit.
10 BABELON, CHASTEL, op.cit.
11 Chanoine Norbert HENNIQUE, Colloque «
églises des villes, églises rurales, un héritage en
partage ? », Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris,
26 et 27 juin 2008.
La question de la transmission de ce patrimoine se pose de
façon récurrente, ainsi même si les biens cultuels ne
bénéficient pas d'une inaliénabilité
perpétuelle, toute aliénation d'un bien confessionnel «
est précédée juridiquement d'une perte de
dédicace12 ou d'une autre décision canonique de perte
de la destination de la nature confessionnelle du bien »13.
Mais même après la levée de la dédicace d'un
bien religieux, il garde une certaine valeur spirituelle auprès des
fidèles, cette valeur impose de continuer à prendre en compte le
passé religieux du bien dans toute analyse ou intervention.
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