I- CHAPITRE I : Patrimoine, patrimoine religieux et
conversions.
A- La notion de patrimoine :
Le patrimoine est une notion intiment liée à
l'homme, depuis toujours l'homme accorde de l'importance à certain
objets plus que d'autres, ce qui revient à leurs associer une ou
plusieurs valeurs. Le site du centre national des ressources textuelles et
lexicales3 défini le terme patrimoine comme suit : «
Ensemble des biens hérités des ascendants ou réunis et
conservés pour être transmis aux descendants » ; Dans
cette définition on remarque le rapport entre ascendants et descendants,
et les termes « hérité », « conservé »
et « transmis », ceci met le patrimoine dans une continuité
qui dépasse la vie d'un homme pour traverser les
générations par un processus de transmission d'une
génération à la suivante d'où se pose la question
de la conservation de ce patrimoine.
La notion de patrimoine telle qu'on la connait actuellement
à évoluée dans des contextes qui ont abouti à son
élaboration, Jean-Pierre Babelon et André Chastel ont
consacré un livre4 pour l'analyse de l'évolution de
cette notion, partant du fait religieux puis monarchique, familial, national,
administratif et finalement le fait scientifique.
Malgré que cette ordre ne constitue pas une chronologie
en soi, mais on pourrait tout de même reliés ces faits à
des époques plus au moins biens définies, pour aboutir à
la définition actuelle du patrimoine dans le langage officiel et commun,
une définition qui englobe une grande variété de biens.
Le fait religieux est le premier contexte qui donne au
patrimoine son sens, la religion par son association au divin se détache
de la propriété limité ou privé à une
appartenance commune à tous les fidèles, par une association
directe d'objets au divin ; Avec la religion chrétienne qui «
enseigne qu'il y a une présence, un mémorial sans cesse
renouvelé et pourtant identique »5 dans les reliques, ce qui
fait de ces objets la propriété de tous les croyants, et sont
transmis d'une génération à l'autre.
Par contre dans le cadre monarchique, le patrimoine tend
plutôt vers une propriété privé de la cour, et
les régalia étaient associé directement aux monarques et
par ce fait ils avaient moins
3
http://www.cnrtl.fr
4 BABELON Jean-Pierre, CHASTEL André, la
notion de patrimoine. Paris, Ed Liana Levi,1994.
5 Ibid.
de chance de traverser les époques que les objets
associés à l'église, du fait que ces objets
n'étaient pas tous inaliénables car ils constituaient
également une réserve de metal precieux qui sert à
financer divers projets. Echappaient à ce sort les livres et les
archives du fait qu'ils n'avaient pas une grande valeur marchande.
Mais à partir du 16ème siècle
on peut voir une tendance à definir un patrimoine collectif, à
travers l'intérest pour les monuments antiques qui acquièrent une
valeur et bénéficièrent d'une certain protection,
protection plutôt intellectuelle qui vise la recolte des connaissances et
qui s'accompagne souvent d'une liberte dans l'intervention sur ces vestiges
dans le but de les actualises, du deplacement de certains pièces dans le
but de les reutiliser ou de les collectionner pour leur valeur d'attachement
à l'antiquité ; On assiste, plus tardivement à la creation
de collections publiques, bibliothèques, archives, et musees.
Le fait familial quant à lui ne diffère pas trop
du fait monarchique, dans la constitution de tresors lies directement à
la personne du proprietaire et à son entourage familial ; Le
developpement de la pratique des collections à partir du XVIème
siècle favorise la mode des cabinets de curiosites appartenant aux
familles aristocratiques qui les faisaient visiter à leurs invites.
C'est le fait national qui apporte un changement significatif
du concept patrimoine, l'idée d'un patrimoine accessible au grand public
apparait au XVIIIème siècle avec l'ouverture du British
Museum, la revolution française vient booster ce courant de pensee
avec les actions de vandalisme suivi de la prise de conscience de la population
de l'importance des oeuvres du passe, sans faire la distinction entre passe
heureux ou malheureux, ainsi intervient la secularisation des biens du clerge
et la confiscation des biens d'émigrés, ce qui donne naissance
à la propriete publique des monuments historiques qui seront desormais
geres par les institutions de l'état, avec ça « le sens
du patrimoine, c'est à dire des biens fondamentaux, inaliénables,
s'étend pour la première fois en France aux oeuvres d'art,
tantôt en fonction des valeurs traditionnelles qui s'y attachent et qui
les expliquent, tantôt au nom de ce sentiment nouveau d'un lien commun,
d'une richesse morale de la nation tout entière »6.
Le patrimoine même protege est alors à l'état d'abandon
faute de moyens d'entretien suite à la perte de ses occupants et de sa
valeur d'usage, cette situation pose rapidement le problème de la
preservation de ce patrimoine.
Les premières initiatives administratives proposent
d'inventorier les monuments historiques, suivi de la création du
poste d'inspecteur général des monuments historiques en 1834 et
de la
6 Ibid.
Commission des monuments historiques en 1837 ; cette
centralisation du pouvoir rend toutefois difficile la prise de conscience du
patrimoine au niveau local et les interventions sur le patrimoine se limites
à quelques interventions de grande envergure sur un nombre limité
de monuments.
Face à ce chantier majeur, la connaissance du
patrimoine devienne impérative pour toute intervention, d'où le
développement d'approches qui intègrent les sciences humaines et
les sciences de la matière et de la recherche en archéologie et
en histoire de l'art.
Tout ce cheminement s'est poursuivi au cours des deux derniers
siècles, à travers les recherches menées, les
règlementations nationale, et les différentes chartes et
conventions au niveau international, pour arriver à la notion de
patrimoine qu'on connait actuellement et « qui couvre de façon
nécessairement vague tous les biens, tous les trésors du
passé »7.
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