OULEBSIR Nabila, Les usages du patrimoine,
Éd. de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2004, 411p.
Nabila Oulebsir est architecte et historienne de l'art
spécialisée dans les questions culturelles et patrimoniales. Elle
est actuellement maître de conférences en Histoire de
l'architecture et du patrimoine au Département d'Histoire de l'art et
Archéologie de l'Université de Poitiers113.
A travers le livre, l'évolution de la notion de
patrimoine en Algérie est analysée entre deux
évènements majeurs de l'histoire algérienne, à
savoir la conquête Française du pays en 1830 et le centenaire de
cette conquête en 1930.
Au deuxième tiers du 19ème
siècle, la notion de patrimoine n'est pas encore établie dans son
aspect qu'on connait aujourd'hui, et malgré la similitude des rapports
entretenus dans les deux cultures --occidentale et arabo-berbère- avec
les monuments commémoratifs et funéraires, la perception de
l'histoire et d'une manière générale du temps
diffère entre ces deux cultures. Et
113 Source :
http://www.connectcp.org.
le terme de « monument historique » courant
à cette période est un concept essentiellement occidental,
résultat du « culte des monuments » comme le
définie Alois Riegl.
C'est avec les premières tentatives d'inventaire et de
classement des monuments historiques en 1840 qu'apparait le souci de sauvegarde
des monuments historiques en Algérie, avec une politique patrimoniale
qui s'est aligné sur celle de la France, en négligeant le
caractère immatériel du patrimoine qui constitue un
élément important de la culture locale. Dans le cadre de la
pensée islamique qui rejette toute vénération d'objets ou
de représentation imagées.
Avant 1830, La plupart des biens qui pouvaient avoir un
intérêt patrimonial avaient le statut de « Habous
», ce statut les rend inaliénables et oblige la
communauté en charge de ce bien à l'entretenir pour l'usage dont
il fait l'objet, avec l'installation du pouvoir militaire Français
à Alger, ces biens deviennent propriété de l'état
qui peut changer l'usage du bien, le céder à un particulier ou
prend en charge les travaux d'entretien et de restauration, ainsi la
communauté jadis responsable du bien se trouve marginalisé et
réduite dans les meilleurs des cas à son rôle
d'utilisateur.
La prise de conscience Française de l'importance du
patrimoine architectural présent en Algérie s'est faite en trois
grandes périodes :
-L'exploration architectural : dans le cadre des
expéditions scientifiques qui accompagnaient l'armée
Français durant sa compagne dans tout le pays.
-L'appropriation des signes du passé : avec les
premières découvertes de sites antiques en Algérie, qui
permet aux Français de faire un lien entre la présence Romaine en
Algérie et la compagne Française à travers l'organisation
de fouilles et l'aménagement de musées dédiés
essentiellement à la période antique.
-La reconfiguration locale : avec la prise de conscience de
la valeur des édifices de la période islamique, à travers
les travaux d'architectes et dessinateurs (Edmond Duthoit, Amable
Ravoisié,...), ce qui va amener à la création d'un style
architecturale propre à l'Algérie au début du
20ème siècle, le néo-mauresque.
Et actuellement après plus de 40ans de
l'indépendance de l'Algérie, le rapport de la
société algérienne au patrimoine « coloniale »
reste problématique, selon la nature et le style de ce dernier. Ce
patrimoine est abordé essentiellement sur son angle esthétique et
stylistique et pour sa valeur architecturale, et le volet historique du
patrimoine de cette période qui reste problématique, avec
l'appréciation qui diffère selon les
générations.
Le vide en matière de recherche et d'éducation
historique en ce qui concerne la période de colonisation
Française en Algérie empêche toute appropriation
complète du patrimoine de cette période, l'absence et parfois
méme le détournement de l'histoire est une pratique courante des
différents gouvernements qui se sont succéder depuis
l'indépendance de l'Algérie en 1962.
Ainsi, on a passé d'une période de «
nettoyage », de « purification de l'espace urbain~des signes
d'une histoire abolie », qualifiant l'architecture de cette
époque péjorativement d'« architecture coloniale
», et dénonçant la perte du savoir-faire artistique et
architectural de style arabo musulman, à une période d'
« acceptation » même partiel et surtout
d'instrumentalisation politique de ce patrimoine et on passe de plus en plus
d'une politique de l'oubli à une politique de «
détournement de sens ».
KLEIN Henri, Feuillets d'El Djazair, Tome I et II,
Ed du Tell, Alger, 2003.
Henri Klein (1864-1939), fondateur du « comité du
vieux Alger " en 1905, une association qui oeuvre pour la protection du
patrimoine architectural et urbain de la ville d'Alger à travers une
contribution à la recherche historique, ce comité comptait parmi
ses membre plusieurs intellectuels, historiens, archéologues et artistes
à l'instar de Stéphane Gsell, Mohamed BenCheneb et Etient Dinet,
... etc.
Le comité publie une revue semestrielle
intitulée « Feuillets d'El-Djezaïr ", entre 1910 et 1914, avec
des articles qui restitue l'histoire d'Alger et ses monuments qui composent
patrimoine de la capitale. La revue réapparaît après la
première guerre mondiale, mais avec des publications moins
fréquentes avec de rares articles épisodiques. En 1937, Henri
Klein rassemble les articles dans le livre du même titre.
L'ouvrage constitue une sorte d'inventaire des monuments
historiques de la région d'Alger, en mettant en avant les monuments de
la période arabo-musulman et cela pour marquer un désaveu de la
politique urbaine et patrimonial de l'administration coloniale
Française. L'intérêt de ce livre c'est qu'il ne
s'arrête pas à un inventaire exhaustif des monuments, mais il
inclut des descriptions --plus ou moins détaillées- et des
récits historiques de sources qui ne sont plus accessible à nous
dans la pluparts des cas.
Dans le Tome II du livre, l'auteur aborde la
cathédrale Saint Philipe (mosquée Ketchaoua) dans le chapitre
dédié aux « temples chrétiens », outre
un aperçu historique, l'article donne des descriptions architecturales
de l'ancienne mosquée construites par l'administration Ottoman
-description de l'abbé Bargès- ainsi que la cathédrale
sous l'administration Française.
JULIEN Charles André, Histoire de l'Algérie
contemporaine, Vol I, Presse universitaires de France, Paris, 1964, 632p.
Le premier volume de ce livre reprend la période entre
1827 et 1871, sous l'intitulé de « la conquête et le
début de la colonisation », il décrit le
déroulement de la conquête de l'Algérie avec des passages
et des témoignages de scènes de personnes ayant vécu
durant cette période. Dans le chapitre « /
IISPLiRGRWILMEKG111Th-1834 » l'auteur décrit la prise de la
mosquée Ketchaoua et son affectation au culte catholique à
travers le témoignage de Florion PHARAON, fils de l'interprète du
Duc de Rovigo.