Sous forme de dialogue entre deux interlocuteurs, Camillo
Boito confronte les deux théories de traitement du patrimoine de
l'époque, avec l'école de Violet le Duc qui prône la
restauration d'un état complet du monument, même si cet
état n'a jamais existait, et la vision de John Ruskin qui insiste sur
l'intégrité du monument et sur le fait qu'il faut limiter les
actions de restauration.
Comme argument contre « la restauration stylistique
» l'auteur souligne que ce type d'opération peut créer une
confusion entre les différentes parties construites à
différentes époques, et cela en rendant presque impossible la
distinction des différentes strates d'un monument surtout par un public
non-averti, ce qui « trompe la postérité » en
altérant la lecture exacte du monument. Dans cette vision «
Bien restaurerkserait faire acte d'abnégation devant le passé
» , en limitant la liberté d'intervention du restaurateur tout
en admettons la suppression de ce qui « est totalement dépourvu
d'intér~t~considéré comme une profanation artistique
».
- Restauration archéologique pour l'antiquité.
- Restauration pittoresque pour le Moyen Age.
- Restauration architecturale pour la renaissance.
Et il énumère huit principes à adopter
pour permettre une lisibilité de l'action du restaurateur, qui vont de
la différence de style, de matériaux à l'exposition des
parties supprimées, l'inscription et la datation des parties
rénovées.
Dans cette logique la conservation doit prévenir la
restauration qui reste « une nécessité fâcheuse
» qui ne permet pas de retrouver « les rapports primitives
» du monument tout en altérant son «
ancienneté qui le rend respectable ».
RIEGL Alois, le culte modern des monuments, traduit par
Daniel Wieczorek, Seuil, Paris, 1984, 122p.
Dans ce livre, Alois Riegl décrypte la notion de
valeur accordée au patrimoine et aux monuments historiques, il
définit trois catégories de monument : les monuments voulus qui
porte une valeur commémorative, les monuments historique qui
présente un témoignage d'une ou plusieurs période de
l'histoire, et les monuments anciens qui portent les traces du temps et
représente un intérest par leur « valeur
d'ancienneté, cette ancienneté est indiqué par une
imperfection, un manque d'intégralité.. ».
La valeur d'ancienneté est apprécié par
ce qu'elle reflète le cycle de la vie et le passage du temps à
travers les traces présentes sur l'oeuvre, cette valeur « est
fondé sur principe purement
chrétien : l'humble soumission à la
volonté du Tout-Puissant » auquel l'homme ne doit pas
s'opposer, et dans cette logique « on ne doit pas veuillez à
une conservation éternelle du monument mais du cycle ».
Et en ce qui concerne les valeurs de
contemporanéité, l'auteur désigne deux valeurs : la valeur
d'usage lié à l'utilité de l'objet et la valeur d'art,
toutefois l'oeuvre doit « représenter une
intégralité » et les « dégradations
sont tolérées jusqu'à une certaine limite », la
valeur d'art elle-mtime comporte une « valeur de nouveauté
» et « une valeur d'art relative », de ce fait les
oeuvres nouvelles doivent « rappeler le moins possible les oeuvres
anciennes ».
Toutes ces valeurs impliquent une existence physique, puisque
c'est « la condition de toute existence psychique ».
HALBWACHS Maurice, la mémoire collective, Edition
numérique réalisé à partir du livre du mtime titre
de 1950, la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université
du Québec, 2001.
Maurice Halbwachs est un sociologue français né
à Reims le 11 mars 1877 et mort en déportation à
Buchenwald le 16 mars 1945. Il est l'inventeur du concept de la mémoire
collective.
L'auteur commence par définir la mémoire
individuelle propre à chacun de nous, composé de souvenirs comme
base, elle est complété par les images données par des
témoins, ainsi le rôle des témoins « est tout
à fait accessoire et complémentaire, qu'ils me servent sans doute
à préciser et compléter mes souvenirs », et bien
que « la réalité n'est pas discutable », les
images données par les témoins peuvent soit rapprocher notre
mémoire de la réalité soit l'en éloigner, puisque
les souvenirs et les images données peuvent titre plus u moins
erroné.
Dans cette logique, on peut constater que le rôle du
groupe social au sein duquel se constituent la mémoire, ainsi le
phénomène de « l'oubli » est plus
récurrent quand il s'agit de groupes éphémères que
quand la mémoire a été établie au sein d'un groupe
durable, puisque « le fonctionnement de la mémoire individuelle
a besoin de l'entourage ».
En parallèle à la mémoire individuelle
propre à chacun, se constitue une mémoire du groupe « la
mémoire collective » partagée par un groupe social,
elle peut être constituée soit par des souvenirs communs ou des
images données soit par un mélanges des deux.
L'auteur utilise dans un premier temps le terme de «
mémoire historique » qu'il finit par le réfuter,
puisque contrairement à l'histoire, « la mémoire
collective » est « un courant de pensée continu~ elle
ne retient du passé que ce qui en est encore vivant ou capable de vivre
dans la conscience du groupe qui l'entretient », l'histoire est
érudite par définition, elle « se place hors des groupes
et au-dessus d'eux », et elle divise le temps en périodes
distinctes qui ont un début et une fin. Et par rapport à
l'espace, l'auteur souligne que « Lorsqu'un groupe est
inséré dans une partie de l'espace, il l'a transformé
à son image, mais en même temps il se plie et s'adapte à
des choses matériels qui lui résistent Il s'enferme dans le cadre
qu'il a construit ».
On peut appliquer cette analyse sur le rapport entre les
sociétés et leurs patrimoines, ainsi que sur la réception
et les réactions à toute action qui touche à ce
patrimoine, qui sont suscité par une mémoire collective à
un groupe de la société et des phénomènes tels que
l'oubli qui peut toucher autant l'individu que le groupe.