Conclusion de la deuxième partie
En partant de la question de savoir pourquoi bru et
belle-mère sont-elles en conflit, nous nous sommes rendus compte
qu'en fait, il s'agit de deux femmes qui ont chacune la volonté et le
désir de contrôler un seul homme : le fils pour l'une, le mari
pour l'autre. Car, aux dires de nos différents informateurs,
principalement les hommes mariés à des étrangères
comme à des gabonaises, il ressort qu'avant l'arrivée de la bru,
les rapports « mère-fils » ne connaissaient pas de
troubles.
vivre loin de sa famille avec sa femme et pourquoi pas, de la
mettre en exergue. Cependant, ils comprennent bien l'attitude de leurs mamans
mais en plus, celles de leurs femmes. Par ailleurs, nous précisons que
cette étude n'a pas pour objectif de jeter l'anathème sur un des
acteurs de ce trio, ce triptyque. Plutôt de nous engager dans une
tentative d'explication de ce phénomène social qui, à la
lecture de la formation sociale gabonaise, se pose avec acuité.
De même, DURKHEIM nous apprend que « quand donc on
entreprend d'expliquer un phénomène, (...), il est naturel de
rechercher la cause (...) avant d'essayer d'en déterminer les effets.
»303 Les effets sont connus, divorces, déstabilisation
des familles ; familles recomposées, etc. Etudier les rapports qui
existent au sein de la famille gabonaise actuelle, c'est aussi nous interroger
sur la structuration des rapports existant en général dans une
formation sociale donnée. La présente étude nous permet de
voir qui détient le pouvoir et comment et à partir de quoi il
s'exerce ; mais surtout, à quelles fins.
Au fond, nous retiendrons que la perspective du
matérialisme historique de Karl MARX sied ici, parce qu'elle nous aide
à voir que « l'évolution de la société
résulte de l'évolution des conditions matérielles de la
vie. A la base se trouvent les forces productives (instruments et techniques de
production, force de travail des hommes et objets auxquels s'applique ce
travail). Ces forces productives engendrent des rapports de production : ce
sont les rapports que les individus nouent entre eux à l'occasion de la
production. »304 Dans notre métaphore, « ces
forces productives » représentent la bru, qui subit le
calvaire de sa belle-mère, désignée ici comme «
propriétaire des moyens de production >>,
c'est-à-dire, le « fils. »
303 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode
sociologique, Paris, Puf/Quadrige, 11ème édition,
2002, p.95.
304 R.G. SCHWARTZENBERG, Sociologie politique, Paris,
éditions Montchrestien, 5ème éd., (coll. «
Domat Politique »), 1998, p.48.
Ces rapports qui se présentent comme conflictuels entre
la belle-mère et la bru découlerait bien de l'évolution
des conditions matérielles de la vie familiale, mieux, de la vie
sociale.
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