Conclusion générale
La famille gabonaise n'est plus soudée, c'est le
paraître. Le lien qui existe entre une mère et son fils est
très fort car durant toute son enfance, la maman a toujours
été présente pour partager ses joies et ses peines. Il y
avait une certaine complicité entre eux avant que le fils ne lui
présente sa conjointe. Et l'arrivée d'une bru dans la vie de son
fils est perçue avec méfiance et arrières pensés;
d'autant plus que la société a évolué, le choix du
conjoint ne se fait plus de la même manière c'est-à-dire
qu'autrefois, ce choix se faisait par le canal des parents. Ce qui faisaient en
sorte que la bru était mieux accueillie puisqu'on connaissait
déjà la renommée » de la famille et la
mentalité de cette bru.
Or, aujourd'hui avec l'évolution de la
société gabonaise, ce choix se fait en majeure partie par des
conjoints eux-mêmes qui se sont rencontres soit en pleine ballade, soit
à l'école et relève du sentiment personnel. Ainsi,
l'arrivée de cette instruise dont on ignore sa vie, la renommée
de sa famille ne pourra pas être de facto acceptée facilement. Il
est vrai que la belle-mère et la bru peuvent développer des
affinités mais dans la plupart des cas, il n'est pas toujours
évident que bru et bellemère découvrent en chacune d'elle
une femme formidable vis-à-vis de l'autre ; et s'accusent mutuellement
de discourtoisie, ce qui amène des tensions. Cela se manifeste par des
injures et actes tels: « ce n'est pas le fait de coucher avec mon
fils, il n'y a pas encore d'enfants, ce n'est pas la peine d'être
là, tu ne sais pas entretenir la maison, les marmites sont mal
lavées et tu t'occupes mal de mon fils »305 ;
« mon fils participe seul aux besoins du ménage. Par ailleurs,
l'éducation des enfants n'est pas bien faite. »306
Ou encore, « qu'on ne souffre pas avec les mères des maris. Nos
mères ne vivent plus. Des fois, elles se mettaient à parler
seules : je ne veux pas voir la mère de mon mari, je ne veux pas que mon
mari donne de l'argent à sa mère seule moi. Elles m'insultent
ouvertement "idoungui" c'està-dire "maboule, les yeux rouges".
»307 Autre injure de la bru envers la belle-mère :
« tu n'es pas la mère de mon mari~ dis nous sa vraie
mère ; il ne peut pas avoir une mère infirme, tu fais
exprès de ne pas marcher. »308 Ou encore, «
sorcière, c'est toi qui a mangé mon fils dans mon ventre.
»309
Les rapports conflictuels entre bru et belle-mère
peuvent provenir soit de la belle-fille, soit de la belle-mère. La
plupart du temps on pose souvent un doigt accusateur sur la belle-mère
mais il survient aussi que les belles filles déclenchent le
305 Entretien avec madame B.O.M une bru, sans enfants,
âgée de 28 ans, étudiante, Fang et vit en concubinage
depuis 7 ans.
306 Entretien avec une belle-fille, madame Y.H, âgée
de 40 ans, psychologue, Myènè, vit en concubinage depuis 9 ans,
avec 2 enfants.
307 Entretien avec madame M.D, né vers 1930,
belle-mère, sans profession, veuve avec 8 enfants, elle a trois
belles-filles.
308 Entretien avec madame M.J, belle-mère, 42 ans,
Mitsogho, sans profession avec 5 enfants, elle vit en concubinage.
309 Entretien avec madame B.M.G, belle-mère,
âgée de 52 ans, Punu, commerçante, elle a 6 enfants. Elle
est divorcée.
conflit pour que son conjoint aille habiter loin de la
famille, sous leur propre toit ; en fait c'est un problème entre deux
femmes.
La bru devrait comprendre l'agir de sa belle-mère car
elle ignore la douleur de la mère, ce qu'elle vit ou a vécu,
toutes les difficultés qu'elle á enduré pour son enfant et
c'est une personne inconnue qui n'a pas participé a
l'épanouissement de son enfant qui jouit de ses douleurs,
économiquement et socialement ; alors elles peuvent être
agressives sans le savoir. De plus l'enfant au Gabon, est perçu comme
une garantie et une sécurité sociale. Il s'agit de voir que si
les parents se sont investis longtemps sur leur fils ; c'est parce qu'il savent
qu'il leur sera redevable le moment venu ; c'est-à-dire, lors leur
vieillesse.
Mais ces belles-mères oublient qu'elles ont
été aussi des belles-filles. De mêmes, Ces brus oublient
que demain elles seront aussi des belles-mères et qu'elles agiront aussi
de la même manière. Le véritable problème c'est une
maman qui tient a contrôler son fils qui lui échappe et qui
revendique aussi ses droits. Ce qui est évident de nos jours, c'est
qu'il n'y a plus de respect entre bru et belle-mère, les brus affrontent
les belles-mères et cela conduit a la désacralisation de cette
relation. Dans cette guerre des femmes, l'homme est pris entre deux feux, il
est l'objet « précieux » discuté et devient l'enjeu de
ce conflit.
Il est l'arbitre donc est le seul a trancher ce conflit parce
qu'étant a l'origine du problème. Il apparaît clair que
l'homme, dans ce conflit, est réifie par ces deux femmes. D'ailleurs les
deux femmes sont habitées et animées par un égoïsme
réciproque. A cela, s'ajoute certainement la cohabitation excessive due
aux moyens financiers et au manque de logement, qui parait plus important. De
même, l'éloignement du fils, c'est-à-dire, la
décision d'aller vivre seul avec sa femme dans l'optique de
l'expérience du couple, sont autant d'éléments
déclencheurs du conflit entre ces deux femmes. Par conséquent
pour lire les rapports conflictuels entre bru et belle-mère nous avons
pris pour cadre théorique le matérialisme historique de Karl MARX
pour faire ressortir la logique de lutte entre ces deux femmes.
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