Chapitre III : Les rapports mère-fils à
travers la bru
Section 1 : La relation « mère-fils
».
Evoquer la question relative aux rapports conflictuels entre
la bru et bellemère au sein du couple, c'est surtout et d'abord jeter un
regard sur la relation « mèrefils » ; dans l'optique
de tenter de comprendre et pourquoi pas expliquer autant que possible l'amour
d'une femme (ici la mère) considérée comme «
propriétaire des moyens de production » (c'est-à-dire le
fils) qui deviendra plutard l'époux d'une autre femme
(c'est-à-dire la bru). En effet, la logique qui sous-tend cette relation
« mère-fils » nous conduit à dire, avec Anne
Laure GANNAC209, qu'il s'agit d'une relation d'amour; « une
histoire d'amour au sens fort du terme. Les hommes de la vie d'une femme ne
sont-ils pas son père, son mari (ou l'homme avec lequel elle vit) et son
(ses) fils ?»210 De plus, l'auteur poursuit en disant que cet
amour « existe avant même que le fils soit là. Chez toute
femme, même si elle affirme de façon consciente qu'elle
préfèrerait avoir une fille, il ya le désir d'avoir un
fils.»211
A cet effet, elle conclut son propos par le fait que «
toute femme a le fantasme (parfois resté inconscient) de faire un
bébé (...) Pour peu que ce bébé soit un
garçon et qu'il ressemble à son grand-père maternel, la
mère aura, bien sûr, plus de facilité à reporter sur
lui des sentiments éprouvés autrefois pour son propre
père.»212 Mais « pour une femme, il est très comblant
d'avoir un garçon dans la mesure où il est porteur du phallus
qu'elle n'a pas. Grace à ce fils, elle obtient cette position de femme "
complète", ce phallus imaginaire et symbolique venant combler son
manque.»213
Sur le plan symbolique, le fils représenterait pour
elle le pouvoir, la puissance la conquête. Finalement pour notre auteur,
cette relation « mère-fils » se résume au fait
que « l'attachement d'une mère à son fils sera d'autant plus
fort si elle a souffert
209 Anne Laure GANNAC, Mère-filT. L1
VPSRTTiEOLTPSDIDtIRn, Paris, éd. Anne Carrière, (coll.
« Marabout »), Cursus psychologie n°3711, 2004,
p.23.
210 Ibid., p.23.
211 Ibid., p.23.
212 Ibid., p.23.
213 Ibid., p.24.
de son statut de femme qui l'aurait empeché de
s'imposer et de s'épanouir. Elle pourra prendre sa revanche à
travers lui qui reste un prolongement d'elle-même. C'est " l'enfant
phallus" venu combler ce manque. C'est le " fils gladiateur" qui va
conquérir pour elle.»214 Nous avons fait une petite
incursion dans la psychologie pour avoir une lecture assez claire de cette
relation « mère-fils ». Pour mieux l'apprécier, nous
pensons que cette relation se décline sur deux moments cruciaux à
savoir, la relation mère-fils avant l'arrivée de la bru et la
relation mère-fils après l'arrivée de la bru.
1. La relation « mère-fils » avant
l'arrivée de la bru.
En général, la relation «
mère-fils » a toujours été bonne
c'est-à-dire qu'il s'agit d'une relation affective, voire très
protectrice. Cette relation ne pose pas de problème a priori, on peut
dire qu'il s'agit d'abord d'une relation mère-enfant, une relation
conviviale, de respect et d'obéissance du fils envers sa mère. La
mère passe aussi pour une amie où elle joue le rôle de
soeur, confidente voire une conseillère. A cet effet, la mère
occupe une place prépondérante chez son fils. Anne Laure GANNAC
nous apprend que par exemple, « ma grand-mère, c'est la
bonté, la douceur, la fragilité, la discrétion...Ma
mère, c'est différent, c'est la mère, très
présente, parfois casse-pieds, mais surtout très protectrice et
sur la quelle on peut toujours compter.»215 En ce sens que
chaque instant vécu avec son fils est majeur, elle est beaucoup plus
présente que le père. En effet, aux dires de nos informateurs, il
ressort que la relation « mère-fils » est une
relation habituelle c'est-à-dire le fils doit respect à ses
parents et a des obligations envers eux et que la mère a la main mise
sur son fils. Ceci est illustré par ce genre de témoignage:
«j'habitais avec ma mère dans sa maison, je travaillais, ma
mère gérait mon argent, ma petite amie était aux
Etats-Unis, je devais participer a la popote, devais payer le local, en d'autre
terme, les charges étaient
214 Anne Laure GANNAC, Mère-filT.
771VPSRTTiEle7TPSECEJiRn, ibid., p.24.
215 Ibid., p.282.
partagées. Il faillait que quand j'arrive à
la fin du mois j'honore à ses décisions ; en fait, on n'a meme
pas le choix, le regard parle, tu deviens solvable.»216
De même, « je bénéficiais des
conseils de ma mère, d'ailleurs elle m'appris à préparer
et me répétait sans cesse qu'un homme devait savoir tout faire et
qu'un homme ne doit pas rester sans femme.»217 Par
ailleurs, en interrogeant les belles-mères, ce qui ressort que «
quand je suis malade, il s'occupait de moi, me donnait son
argent.»218 Dans ce meme ordre d'idée, la relation
« mère-fils » est une « relation d'ami avec
mon fils, c'est-àdire, confident, obéissant, respect, me donnait
toujours son argent sans que je demande.»219 Enfin, pour
sa part, monsieur J.D nous a confié que sa relation entre lui et sa
mère est toujours bonne puisque « moi j'apprenais encore, je
n'avais pas de moyens pour m'occuper de mes enfants et c'est ma mère qui
s'en occupait.»220
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