2- La sociologie de la famille comme cadre de
référence.
Il n'y a point d'investigations en sociologie sans que le
chercheur ne précise le ou les champs dans lesquels il inscrit son objet
d'étude. Aussi, le choix de la sociologie de la famille comme champ
théorique ou cadre de référence, nous permet
de comprendre comment une famille se constitue et surtout,
quelles sont les logiques qui font qu'elle subsiste, quelle que soit la ou les
situations auxquelles elle peut être confrontée. Mieux encore, il
s'agit de voir quelles sont les stratégies matrimoniales mises en place
; dans l'objectif d'une consolidation de son patrimoine et de sa survie.
Somme toute, c'est par ce champ théorique
d'étude que nous pouvons mieux aborder les diverses transformations ou
mutations qui s'opèrent dans la famille, et de facto, au sein du couple.
<< La sociologie de la famille est une des branches de la sociologie. Son
objet d'étude concerne aussi bien les composantes que les
évolutions de cette situation. La famille, qui est le plus
élémentaire entre eux, est aussi un des plus important car c'est
le premier groupe auquel appartient un individu et c'est en son sein qu'il
commence à vivre en société : la famille est donc le
groupe de base de la société, en constante
évolution.»21
LEVI-STRAUSS souligne que << le groupe familial tire son
origine du mariage.»22 La sociologie de la famille correspond
à l'étude des statuts sociaux, c'està-dire, les
rôles que jouent les acteurs sociaux au sein de la famille gabonaise
élargie.
Ensuite, << il semble que ce terme que nous avons
présent à l'esprit, désigne un groupe social offrant au
moins deux caractéristiques :
1. Il a son origine dans le mariage.
2. Il comprend le mari, la femme et les enfants nés de
leur union, bien que l'on puisse concevoir la présence d'autres parents
agglutinés à ce noyau. Les membres de la famille sont unis par
des liens légaux ; par des droits et obligations de nature
économique, religieuse ou autre ; par un réseau précis de
droits et interdits sexuels, et un ensemble variable et diversifié de
sentiments psychologiques tels que l'amour, l'affection, le respect, la
crainte, etc. »23
21 Sociologie de la famille, un article de
Wikipédia, l'encyclopédie libre, p.1.
22Raymond BOUDON et François BOURRICAUD,
Dictionnaire critique de la Sociologie, Paris, (coll. «
Quadrige et Puf »), 2004, p.251.
23 Sociologie de la famille, un article de
Wikipédia, l'encyclopédie libre, ibid., p.2.
L'observation que nous faisons sur les mutations qui se
produisent dans la cellule familiale telles la nature des rapports entre
belle-mère et bru par exemple, nous permet de nous rendre compte de
l'élargissement de la sociologie de la famille. En tentant de cerner la
dynamique de ces rapports entre belle-mère et bru, nous voulons nous
inscrire dans la perspective dynamiste de Georges BALANDIER, qui interroge les
logiques des transformations des structures sociales, mais aussi des
mentalités.
Selon BALANDIER, << il faut tenir compte des mouvements
internes des sociétés, des forces qui les constituent, tout
autant qu'elles modifient. »24 En ce sens, nous observons
quelques décalages dans les relations entre belle-mère et bru ;
tout en précisant que BALANDIER n'a pas étudié la famille,
mais plutôt cette logique des transformations des structures sociales et
des mentalités, n'échappe pas à la famille car elle est un
élément de la société et donc est en
perpétuelle évolution. La société traditionnelle
tend à se modernisée, mieux, << La tradition cède
place au modernisme. Toutes les communautés de notre
société se modernisent et se développent maintenant sous
l'influence de l'Occident. Les téléfilms, les CD importés
accélèrent l'acculturation dans toutes les familles urbaines
comme rurales. »25 Ainsi, << si la famille est devenue
l'objet d'une discipline scientifique largement reconnue [...] c'est par
l'observation des changements imprévus et inouïs, qui donnent aux
recherches sur la famille un champ nouveau et une totalité d'urgence.
»26
On assiste donc à l'évolution des moeurs, ce qui
a conduit l'institution familiale à de nouvelles <<
régulations » (prédominance du rôle de la belle
mère). Par ailleurs, Marcel MAUSS pense que la famille constitue un
<< fait social total. »27 Dans le sens où cette
<< totalité >> à laquelle il fait allusion n'est rien
de plus que l'ensemble des rapports qui soutiennent les membres de
l'organisation familiale en dedans et en
24 Georges BALANDIER, Sens et puissance,
Paris, Quadrige/Puf, p.99.
25 Femme : La belle-mère, une alliée ou une
coépouse in l'Essor n°15842 du - 2006-12-08 08:00:00, p.3.
26 M.B. TAHON, Sociologie de la famille et des
rapports sociaux de sexe, cité par Raymond BOUDON et
François BOURRICAUD in Dictionnaire critique de Sociologie,
Paris, (coll. « Quadrige et Puf »), 2004, 714p.
27 Raymond BOUDON et François BOURRICAUD,
op.cit, p.251.
dehors de cette organisation, la famille peut être
qualifiée sans risque de << fait social total >>. Il s'agit
d'un ensemble ouvert. Aussi, le statut de chaque individu se trouve
affecté non seulement par celui du conjoint, mais par le statut des
parents du conjoint, qu'il ne lui est toujours pas possible, même s'il en
a l'intention de « snober » et d'ignorer.
En définitive, la sociologie de la famille est
un domaine de la sociologie, qui nous permettra d'appréhender les
rapports entre belle-mère et bru : notre objet d'étude. Par
ailleurs, le recours à LEVI-STRAUSS nous conduit à voir comment
est structurée une famille d'une part. D'autre part, avec BALANDIER, il
s'agit simplement de montrer la dynamique de la famille, évoluant et
essayant de s'adapter à une époque bien précise.
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